Nos - Revue des sciences sociales
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STÉPHANE JONAS<br />
Faculté <strong>des</strong> Sciences Sociales<br />
Laboratoire “Cultures et Sociétés en Europe”<br />
(UMR du CNRS n° 7043)<br />
Université Marc Bloch, Strasbourg<br />
Jean-Baptiste Boussingault<br />
et l’Alsace<br />
Dans la vie et l'œuvre riches et<br />
variées de Jean-Baptiste Joseph<br />
Dieudonné Boussingault (1802-<br />
1887), chimiste, agronome, homme public<br />
et explorateur de réputation internationale,<br />
la période d'activité et de séjour en<br />
Alsace, et plus spécialement dans l'Outre<br />
Forêt (à Lobsann, Merkwiller-Pechelbronn<br />
et Goersdorf-Liebfrauenberg),<br />
occupe une place fondamentale. Dans le<br />
sillage <strong>des</strong> manifestations alsaciennes et<br />
locales de commémoration du bicentenaire<br />
de sa naissance 1 , il est utile d'apprécier<br />
et de situer cette place, en l'intégrant dans<br />
l'ensemble de l'œuvre et de la vie de ce<br />
grand savant et citoyen considéré à juste<br />
titre comme le fondateur de la chimie<br />
agricole en France.<br />
Nous nous limiterons ici à parler de sa<br />
vie et de ses travaux effectués en Alsace.<br />
Sous cet angle, nous pouvons observer<br />
chez Boussingault deux pério<strong>des</strong> distinctes.<br />
Primo, son premier séjour, court<br />
mais important, de deux ans passés à<br />
Strasbourg et à Lobsann entre 1820 et<br />
1822 comme directeur <strong>des</strong> Mines de Lobsann<br />
; il a alors 18-20 ans. Secundo, son<br />
installation en quelque sorte définitive<br />
à Merkwiller-Pechelbronn, et plus tard<br />
à Goersdorf-Liebfrauenberg, à partir de<br />
1836, comme chimiste agricole. Pendant<br />
la décennie qui s'intercale entre 1822<br />
et 1832, se situe l'aventure latino-américaine,<br />
quand il accepte la proposition du<br />
révolutionnaire vénézuélien, Simon Bolivar<br />
(1783-1830), de l'aider dans le développement<br />
de son pays comme ingénieur,<br />
explorateur et enseignant. Cette période,<br />
certes importante, ne sera évoquée ici<br />
qu'indirectement.<br />
Les origines et<br />
les années d'étu<strong>des</strong><br />
J. B. Boussingault est né à Paris le<br />
2 janvier 1802 dans une famille francoallemande.<br />
Son père était un officier militaire<br />
retraité de l'Empire napoléonien, qui<br />
avait épousé au cours de sa vie militaire<br />
active une Allemande, Elisabeth Münch,<br />
fille du bourgmestre de la ville historique<br />
du Grand-Duché de Hesse, Wetzlar, près<br />
de Francfort. Cette origine franco-allemande<br />
aura son importance dans l'attirance<br />
de ce jeune chimiste pour l'Alsace,<br />
comme en témoigne notamment sa correspondance<br />
de jeunesse avec son père 2 .<br />
Ses étu<strong>des</strong> secondaires sont incomplètes.<br />
Il dira à ce propos dans ses<br />
Mémoires 3 qu'il a réussi à échapper au<br />
« laminor », c'est-à-dire au collège 4 . De<br />
l'âge de 13 à 16 ans il est attiré par la<br />
zoologie, la géologie et surtout par la chimie<br />
et il suit assidûment les cours publics<br />
au Conservatoire National <strong>des</strong> Arts et<br />
Métiers (CNAM) et, au Museum National<br />
d'Histoire Naturelle, de professeurs aussi<br />
célèbres que le zoologiste-paléontologiste<br />
baron G. Cuvier (1769-1832) et les<br />
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