Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Baszn Özeti
caine se pressent auprès des blessés
les plus graves, étendus à même le
. sol ou sur des draps de fortune, des
lits de camp ou d'étroites tables longilignes.
- - . .
Avec efficacité, l'armée améncéUne
prend la situation en main. Des
renforts . arrivent de partout:
Hurnvee, véhicules blindés, soldats
à pied, Ils sont plusieurs centaines à
dresser le siège des lieux, interdisant.à.qulconque
de pénétrer d~s
l'en~inte. Un périmètre de sécunté
est établi Sur une distance de quelque
500 mètres des deux côtés du
bâtiment. .
Les premières ambulances militaires
arrivent, pour évacuer les ble~sés.
Au moins l'un d'entre eux e,st
emmené en urgence à l'arrière d'un
carnion de l'armée. Plus tard, au fur.
et à mesure que les blessés sont
dégagés' des étages, des hélicoptères
de l'armée américaine en transportent
d'autres vers les hôpitaux.
Des personnes sont encore sous les
décombres, entend-on id et là. Le
ballet des ambulances militaires,
auxquelles se sont jointes des ambulances
irakiennes, le confirme. Sergio
Vieira de Mello, l'envoyé Spécial
en Irak du secrétaire géÎléral de
l'ONU, Koti Annan, est encore dans
le bâtiment, dit-on.
Le déblaiement des décombres à
la recherche de personnes éventueliement
encore ensevelies s'organise.
Des parents des personnels irakiens
de l'ONU et des curieux ont
afflué sur l'avenue Canal, où se dresse
l'hôtel du même nom. « S'il vous
plaft, pouvez-vous me donner des
nouvelles de mon fr~re ? », Implore
un homme. Une femme pleure, sup-
.'})liarit presque à genoux les soldats
arttéricains de la laisser entrer pour
prendré des nouvelles d'une parente:
Courtois, mais fermes, les soldats
ne veulent rien entendre.
De l'autre cOté, sur l'avenue parallèle,
un enregistrement elt dift'usé
aux passants et ~ux conducteurs les
invitan~'en arabe, à rester àd1stance
et les prévenant qu'lls risquent
d'être pour le moins malmenés par
les soldats.
hAGIIIPPOND."
A l'angle de l'avenue Canal et du
sentier de terre battue ob le véhicule
piégé avait été garé,les deux étages
supérieurs de l'Hôtel Canal se
sont effondrés. Toutes les fenêtres
des pièces longeant le sentier sont
très endommagées, donnant une
. idée de la dévastation à l'intérieur.
C'est à cet angle que se trouvait le
'bureau de M. Vieira de Mello. Le
, drapeau de l'ONU flotte toujours
sur le bâtiment.
'.
L'HÔtel Canal Sè dresse au milieu
de nUne part, sUr un terraln extrêmement
dégagé, avec pour uniques vol-
, sins un hôpital et le siège de l'Ecole
, irakienne de tourisme. La règle a
. toujours été qu'aucun véhicule ne
peut s'arrêter devant le portail plus
de quelques secondes, le temps de
se délester de ses passagers.
Depuis leur retour en irak, les personnels
des Nations .unies avaient
été appelés à la plus grande vigilance.
Ils ont l'interdiction formelle de
sortir après 20 heures. Aucun véhicule
de l'ONU n'est non plus autorisé
à circuler au-delà de la même
heure.
MounaNaIm
, «. Pourquoi nous?» ANew YQrk,interrogations sur l'ambiguïté
dè "la mission de l?Organisation en Irak
NEW VÖRK (Nations unies)
de notre correspondante
Kofi Annan' avait prévu de réunir le '
Conseil.~~ ~~té, mercredi 20 aoOt, pour
l'informéi" de,l'état de la mission de l'ONU
en Irak : ceIie~tla' été décapitée, la veille,
par l'attèntat le pftis meurtrier qui ait visé
les NatiotiS unies depuis leur création, en
1945. Le secrétaire gériéral; qui était resté à
New Yorktoùt l'été, se trouvait en vacances
dans ~ ileAe la Scandina'{ie lorsque
l'atten4t 's!.estjrp\Ïuit à Bagdad. provoquant
la mon ae i'un de ses proches, Sergio
Vieira ue Melli'>. Il a immédiatement
annoncé son retour. Devant le s~ge, les
drapeaux aes 191 pays membres mit été
retirés en signe de deuil.
Alors que,l'ONU était plutôt opposée à
la guerre et qu'elle était divisée suI l'opportunité
de se précipiter pour participer à la
,«reconstructio~» sans mandat véritable, :
l'attentat a été ressenti avec un sentiment
particulier d'injustice au Siège de l'organisa~
tion: « Pourquoi nous?» La question est;:
restée saus ~éponse, mais les divergences
du Conseil de sécurité sur "importance du
rôle à donner - ou non -- à l'Organisation
,.en Irak ont paru tout à coup dépassées.
SOLUTIONS cc BANCALES Il
, Si, du côté des télévisions, les commerita:
teurs .américains continuaiel)t à assurer
que tout cela ne .pouvait in fine que renforcer
la part donnée aux Nations WIies dans
le processus en Irak, les membres de l'Orga-
'liiation. en étaient, plutôt à cténoncet les
solutions «bancales» et les «résolutions
en c1àir-obscur» qui ont mis les persodnels
qans'.a situa1ionÜJlposéiblede;devoir se
reposer sur les Amérlcafils pour leur sécurité,
tout en essayant dé';'ne pas apparaître
liés à la « puissance OCcupéUlte». Le syndicat
du personnel a demandé un.retrait provisoire
des effectifs. « On fait semblant de
.. c(,oire qu'on est dans une situation de post-
.éorif/it, dit un expert. Enfait, on n'est même
plus dans un conflit de faib1l! intensité, mais
dans un conflit de niveau moyen. » .
Dès son arrivée; en juin, M. Vieira de
Mello avait attiré l'attention sur les problèmes
de sécurité. Et, le 17 juillet, dans sa dernière
intervention devant le ConseiL..de
'~rité, il soulignait même qu~ l'OPftl
étäit « vulnérable» à toute attaque et que
sa sécurité reposait « essentiellement sur sa
réputation ». Même si 221 personnels, dont
57 expatriés, ont été tués depuis 1992 dans
des accidents ou des actes de violence,I'Organisation
se fie encore assez largement
: pour sa sécuQ~ au fait qu'elle représente
, la communauté intemaponale. S'attaquer
aux personnels de l'ONU, estime-t-on,
("fflt en fait « s'attaquer à WI pays ». L'~tentat
de mardi a montré que certains
extrémistes ont un autre raisonnement.
« Ils ne veulent pas des Américains, mais pas
non plus de l'ONU pour autant », estime un
diplomate du Conseil. « Leur seul message,
c'est,. "Tout le monde dehors". Cela met la
communauté internationale dans une situation
extrêmement difficile. »
Le secrétaire général va devoir évaluer la
situation. Dans l'échelle onusienne des dan:-
gers, le niveau de sécurité dans un pays fait
. l'objet d'une gradation de 1 à 5. Il lui
revient d'apprécier si la situation est suffi-
~ent sûre pour que les personnels puissent
y travailler. Dans l'entourage, de
; M. Annan, on imaginait mal, mardi, cju'i1
: prenne une décision à ce sujet sans consul- .
ter le Conseil de sécurité. Or tous deux
sont plutôt d'avis de « maintenir le' cap »,
selon l'expression du porte-parole del'ONU,
Fred Eckhard. En même temps, le .
porte-parole a fermement renvoyé la res-
. poi'isabilité de la sécurité des locaux de
l'ONU sur la coalition.
NOUVELLE nAPE
L'attentat est intervenu quatre jours
après le vote d'une résolution créant officiellement
la mission de l'ONU en Irak, jusque-là
cantonnée à un « bureau» du représentant
du secrétaire général. Cette mesure
avait été souhaitée par Koti Annan et
Sergio Vieira de Mello, tous deux artisans ..
de la stratégie de grignoter un rôle pour
l'ONU en dépit des réticences américaines.
C'était aussi une nouvelle étape dans la
régularisation progressive de l'intervention
américaine, commencée avec l'adoption
de la résolutjon 1483 confiant la gestion
de l'Irak à-la coalition, bien que la
guerre se soit déroulée en dehors de
l'ONU.
L'ONU était en phase de renforcement ..
Ses effectifs étaient passés à 646 expatriés,
plus 2 500 Irakiens. ~us la pression des
Américains, Koti Annan avait « envoyé son
dCitiphin »; comme dit une source à l'ONU,
là où il huralt'ptt'serontenter d'un .-esponsable
de moindre rang. Il y a quelques
semaines, un dignitaire onusien était amer.
En mars, le Conseil de sécurité, divisé, avait
empêché l'ONU de se joindre à la guerre. :
En mai; il lui avait demandé de se joindre à
la « reconstruction» : mais dans l'ambiguï- .
té et les pires conditions.
fellto.ude
21 AOOT 2003
Corine
Lesnes
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