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Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

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Revue <strong>de</strong> Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro<br />

<strong>de</strong> la Prensa-Basm Öz<strong>et</strong>i<br />

<strong>de</strong> l'eau en Turquie<br />

ier <strong>de</strong> puis$ance<br />

•<br />

L'arme blanche d'Atatürk<br />

Mustapha Kemal, pour qui l'eau <strong>de</strong>vait être l'arme<br />

maîtresse <strong>de</strong> la puissance turque, lança la Turquie<br />

sur la voie <strong>de</strong> l'exploitation massive <strong>de</strong>s ses ressources<br />

en eau dès 1920.Ses successeurs l'ont suivi<br />

avec constance, tels les prési<strong>de</strong>ntsTurgut Ozal, ingé"<br />

nieur en électricité, <strong>et</strong> Suleyman Demirel, ingénieur<br />

hydraulicien, qui ont soutenu avec force dans les annéès<br />

1980 le proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> développement hydraulique<br />

<strong>de</strong> l'est <strong>de</strong> l'Anatolie (GAP). La Turquie s'est donc<br />

lancée très tôt dans une politique ambitieuse<br />

d'aménagements <strong>de</strong>s fleuves dans le but <strong>de</strong> profiter<br />

<strong>de</strong> l'intégralité <strong>de</strong>s ressources en eau <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te région.Au<br />

prix <strong>de</strong> l'inondation définitive <strong>de</strong>s vallées,<br />

<strong>de</strong> la disparition <strong>de</strong>s villes en bordure du fleuve <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> l'exil <strong>de</strong> leurs habitants. Les Kur<strong>de</strong>s, se trouvant<br />

liés à la question décisive <strong>de</strong> l'accès à l'eau, ont subi<br />

les politiques d'exo<strong>de</strong> rural forcé <strong>de</strong>s terres les plus<br />

fertiles du sud-est <strong>de</strong> la Turquie aux gran<strong>de</strong>s agglomérations<br />

dortoirs.<br />

Le pouvoir <strong>de</strong> l'eau<br />

L'eau est au Moyen-Orient un enjeu économique <strong>et</strong><br />

stratégique vital. Mais elle prend, en Thrquie, la dimension<br />

d'un outil politique tout à fait particulier.<br />

Sa position en amont <strong>de</strong>s fleuves transfrontaliers, le<br />

Tigre <strong>et</strong> l'Euphrate, parrapport à la situation en aval<br />

<strong>de</strong> la Syrie <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'Irak, donne à la Thrquie le<br />

contrôle <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux cours <strong>et</strong> lui perm<strong>et</strong> d'utiliser<br />

l'eau, en 'premier, au mieux <strong>de</strong> ses propres besoins<br />

agricoles <strong>et</strong> industriels. La Thrquie contrôle effecti-<br />

,'vemenf88 % du débit <strong>de</strong> l'Euphrate <strong>et</strong> environ<br />

50 % <strong>de</strong> celui du Tigre. Ces proportions lui perm<strong>et</strong>tent<br />

<strong>de</strong> revendiquer une souverain<strong>et</strong>é absolue sur<br />

les ressources hydrauliques prenant naissance sur<br />

son territoire, <strong>et</strong> son droit d'en user inc!épendamment,<br />

sans se soucier <strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong>s pays situés en<br />

aval <strong>de</strong>s fleuves. "L'objectiffinal d'Ankara semble<br />

vouloir être <strong>de</strong> contraindre ses voisins arabes à une<br />

dépendance hydraulique, inaugurant ainsi dans c<strong>et</strong>te<br />

région un nouveau type <strong>de</strong> pouvoir géopolitique: le<br />

pouvoir <strong>de</strong> l'eau. La question <strong>de</strong> l'eau est un exemple<br />

direct <strong>de</strong> l'instntmentalisation <strong>de</strong>s facteurs géographiques<br />

au service <strong>de</strong> préoccupations géopolitiques"<br />

(4). L'eau fournit donc à la Turquie, dans ses relations<br />

avec ses voisins du Sud, un véritable levier <strong>de</strong><br />

puissance qui élève ses ressources à un niveau équivalent<br />

à celui <strong>de</strong> l'enjeu stratégique du pétrole.<br />

Le Proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> Gran<strong>de</strong> Anatolie<br />

Le GAP (Güneydogu Anadolu Projesi) lancé en<br />

1976, est un <strong>de</strong>s trois plus grands chantiers <strong>de</strong><br />

construction <strong>de</strong> barrages au mon<strong>de</strong>. Il prévoit la<br />

construction, d'ici à 2010,<strong>de</strong> vingt-<strong>de</strong>ux barrages capables<br />

d'irriguer 1 700 000 hectares <strong>de</strong> terre - environ<br />

25 % <strong>de</strong>s terres irrigables du pays - <strong>et</strong> <strong>de</strong> dixneuf<br />

centrales électriques. La pièce maîtresse <strong>de</strong> ce<br />

proj<strong>et</strong> est le barrage Atatürk, sixième plus grand<br />

barrage du mon<strong>de</strong>, achevé en 1992.Le coût du proj<strong>et</strong><br />

global est évalué à trente-<strong>de</strong>ux milliards <strong>de</strong> dollars.<br />

Cependant, la Banque mondiale a décliné son<br />

soutien à ce proj<strong>et</strong> en 1984, d'une part par crainte<br />

d'un conflit en l'absence d'accord avec les pays <strong>de</strong><br />

l'aval, <strong>et</strong> d'autre part pour <strong>de</strong>s raisons écologiques.<br />

Les pays occi<strong>de</strong>ntaux, dont les Etats-Unis, auraient<br />

également refusé d'accor<strong>de</strong>r <strong>de</strong>serédits à laThrquie<br />

pour ne pas s'aliéner les pays arabes (sic). L'Etat<br />

turc entend ainsi m<strong>et</strong>tre en valeur l'une <strong>de</strong>s régions<br />

les plus pauvres du pays, <strong>et</strong> mieux contrôler l'instable<br />

Kurdistan. Il se dote en même temps d'un<br />

moyen <strong>de</strong> pression sur ses <strong>de</strong>ux voisins, avec lesquels<br />

toutes les négociations sur le partage <strong>de</strong>s<br />

fleuves ont à ce jour échoué.<br />

La guerre <strong>de</strong>s sources<br />

Pendant près <strong>de</strong> quinze ans, <strong>de</strong> 1984 à 1999,Diyarbakir'<br />

capitale du Kurdistan ture située au cœur <strong>de</strong><br />

la Turquie du sud-est, a été le théâtre d'une guerre<br />

sans merci entre l'armée turque <strong>et</strong> les combattants<br />

du PKK - Parti <strong>de</strong>s Travailleurs du Kurdistan - dont<br />

les cibles prioritaires étaient les chantiers du GAP.<br />

La répression a eu lieu à huis clos, dans une région<br />

bouclée interdite aux journalistes. Le PKK a aujour-<br />

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