Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris
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Revue <strong>de</strong> Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro<br />
dé la Prensa-Baszn Öz<strong>et</strong>i<br />
LE FIGARO JEUDI 7 AOûT 2003<br />
IRAK Dans la région <strong>de</strong> Timt, la traque <strong>de</strong>s anciens partisans <strong>de</strong> Saddam s'intensifie<br />
Le Baas dans la clan<strong>de</strong>stinité<br />
-J<br />
Les forces américaines opérant dans la région <strong>de</strong> Tlkrit, au<br />
nom <strong>de</strong>. Bagdad, ont annoncé, hier, l'arrestation <strong>de</strong> 18 parUsans<br />
<strong>de</strong> l'ancien dictateur iraklen Saddam Hussein <strong>et</strong> la saisie<br />
d'une gran<strong>de</strong> quantité d'armes. Ces arrestàtlons ont eu Heu<br />
dans le secteur <strong>de</strong> Balad, au cœur d'un bastion sunnite réputé<br />
naguère pour sa fidéHté envers IIi régbne. La terminologie employée<br />
dans le communiqué laconique américain laisse penser<br />
que l'opération a impHqué les forces spéclaIes lancées à la recherche<br />
<strong>de</strong> Saddam Hussein <strong>et</strong> <strong>de</strong> son « premier cercle ». .<br />
: Bagdad: Georges Malbrunot<br />
«Aux fils <strong>de</strong> notre peuple. <strong>de</strong><br />
. la part <strong>de</strong> sa direction nationale<br />
. <strong>et</strong> islamique.»Daté du 12 juill<strong>et</strong>,<br />
le tract appelle les Irakiens à<br />
« ne collaborersous aucun prétexte<br />
avec les forces d'occupation»<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> la tenue d'une<br />
conférence réunissant l'ensemble<br />
<strong>de</strong>s forces vives, y compris<br />
les intégristes. TIest signé <strong>de</strong><br />
l'Union nationale <strong>de</strong>s forces populaires<br />
irakiennes, une mystérieuse<br />
organisation qui pourrait<br />
émaner en fait <strong>de</strong> l'ex-parti Baas<br />
au pouvoir sous Saddam Hussein,<br />
un parti dissous <strong>de</strong>puiS Par .<br />
les Américains, qui pourrait renaître<br />
<strong>de</strong> ses cendres dans la<br />
clan<strong>de</strong>stinité. Tel est le souhait<br />
en tout cas <strong>de</strong> certains baassistes,<br />
dispersés à travers le<br />
pays, <strong>de</strong>puis la fin <strong>de</strong> la guerre.<br />
«Nous avons <strong>de</strong>s cadres. <strong>de</strong>s<br />
armes <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'argent ». déclare<br />
Abou Ziad, membre <strong>de</strong> l'ex-direCtion<br />
nationale <strong>de</strong> la formation<br />
laïque <strong>et</strong> panarabe qui dirigea<br />
l'Irak pendant trente-cinq ans.<br />
Si le Baas avait fini par perdre sa<br />
capacité d'attraction, la machine<br />
du parti <strong>et</strong>' son contrôle social<br />
avaient été en revanche sauvegardés.<br />
Aujourd'hui, les plus fidèles<br />
pourraient trouver dans la<br />
résistance contre l'occupant<br />
américain une nouvelle raison.<br />
d'être.<br />
« Les militants peuvent utiliser<br />
l'étiqu<strong>et</strong>te islamiste pour<br />
opérer dans l'ombre ». ajoute<br />
Abou Ziad. Dans les bastions<br />
sunnites <strong>de</strong> Faloujah <strong>et</strong> Ramadi,<br />
où les actions antiaméricaines<br />
sont quotidiennes, <strong>de</strong>s<br />
passerelles ont sans doute déjà<br />
été mises e,n place avec les<br />
groupuscules intégristes salafistes<br />
<strong>et</strong> wahabites qui ont fait<br />
surface, <strong>de</strong>puis la fin <strong>de</strong> la<br />
guerre.<br />
A aucun moment, le tract<br />
n'évoque le nom <strong>de</strong> Saddam,<br />
ni le mot <strong>de</strong> Baas. Les ex-<br />
. cadres prétèrent avancer masqués.<br />
« Notre problème. c'est<br />
le nom Baas ». reconnaît Abou<br />
Ziad. Un nom banni par les<br />
Américains, <strong>et</strong> vomi par une .<br />
population pour qui le parti<br />
était synonyme <strong>de</strong> passe-droits<br />
Hafez al-Assad. La chute <strong>de</strong><br />
Bagdad fut un choc pour ce vieil<br />
homme aux cheveux banes <strong>et</strong> au<br />
regard vif: «Nous sommes dans<br />
la tempête, mais il y a encore<br />
<strong>de</strong>sjeunes gens courageux;»<br />
Le parti entr<strong>et</strong>enait une pléthore<br />
<strong>de</strong> baassistes syriens en<br />
dissi<strong>de</strong>nce, <strong>de</strong>s Yéménites, <strong>de</strong>s<br />
Palestiniens, <strong>de</strong>s Soudanais, une<br />
nébuleUse aujourd'hui en plein<br />
désarroi face aux règlements <strong>de</strong><br />
comptes. Elias Farah, l'idéologue<br />
francophone du Baas,<br />
s'est réfugié <strong>de</strong>s semaines du- .<br />
rant dans une église <strong>de</strong> Bagdad,<br />
avant <strong>de</strong> pouvoir rentrer à Alep .<br />
en Syrie.<br />
Hors <strong>de</strong>s frontières, il dispose<br />
encore <strong>de</strong> nombreux relais dans<br />
une vingtaine <strong>de</strong> pays, en Jordanie,<br />
au Maghreb, en Algérie<br />
notamment, mais aussi en Mauritanie,<br />
terre d'investissements<br />
offerts à la nomenklatura <strong>de</strong> . du clan Hussein où les essais<br />
l'ancien régime. « Ammo Saddam»<br />
O'oncle Saddam) était tués, ainsi qu'en Europe, via <strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>s missiles Scud étaient effec-<br />
généreux avec les militants. groupes d'étudiants, entr<strong>et</strong>enus<br />
Tout cadre recevait chaque par les agents dEiSaddam. Un<br />
réseau qui n'a<br />
I«On<br />
pas disparu.<br />
nous a chassés<br />
Un baassiste<br />
par la porte. On va tenter algérien, basé<br />
à Bagdad <strong>de</strong>puis<br />
long-<br />
. <strong>de</strong> rentrer par làfenêtre»<br />
temps, revient<br />
mois 65 000 dinars O'équivalent<br />
<strong>de</strong> 25 dollars, soit au mobiliser <strong>de</strong>s soutiens. Un<br />
d'une tournée à l'étranger pour<br />
moins cinq fois le salaire d'un autre, en Syrie, <strong>de</strong>man<strong>de</strong> comment<br />
ai<strong>de</strong>r « la résistance».<br />
professeur), auquel s'ajoutait<br />
l'ikramié, l'obole <strong>de</strong> l'ex-raïs, «Nous avons l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />
qui variait entre 50 000 <strong>et</strong> clan<strong>de</strong>stinité. dit Abou Ziad.<br />
3 millions <strong>de</strong> dinars en fonction<br />
<strong>de</strong> son rang dans le parti. nisation officielle existait une<br />
Sous Saddam. à côté <strong>de</strong> l'orga-<br />
De quoi alimenter la rancœur. branche secrète que nous appelions<br />
la réserve. Nous nous ren-<br />
« Plus <strong>de</strong> 500 000 personnes<br />
émargeaient chaque mois ». contrions à Istanbul <strong>et</strong> à<br />
note un autre membre <strong>de</strong> la direction<br />
nationale, sans compter vent allé à <strong>Paris</strong>. sous <strong>de</strong> faux<br />
Athènes, maisje suis O1/.Ssi sou-<br />
les nouvelles voitures offertes passeports. »<br />
tous les <strong>de</strong>ux ans aux directeurs Les réseaux du Baas dans la<br />
généraW\ <strong>de</strong>s ministères <strong>et</strong> les société font encore peur aux<br />
villas aux membres du comman<strong>de</strong>ment<br />
régional.<br />
« Le combat n'est pas.fini ».<br />
poursuit Amine al-Hafez, l'ancien<br />
prési<strong>de</strong>nt syrien entre 1963<br />
<strong>et</strong> 1966, date à laquelle il trouva<br />
refuge à Bagdad, après avoir été<br />
écarté du pouvoir à Damas par<br />
nouvelles formations politiques<br />
qui en sont dépourvues. Ils inspirent<br />
<strong>de</strong>s craintes à l'administration<br />
américaine, qui a décidé<br />
<strong>de</strong> rej<strong>et</strong>er ses cadres <strong>de</strong>s nouveaux<br />
ministères <strong>et</strong> <strong>de</strong> bou<strong>de</strong>r<br />
la mouvance nationaliste<br />
arabe, la seule à ne pas être re-<br />
présentée dans le Conseil <strong>de</strong><br />
gouvernement transitoire, installé<br />
mi-juill<strong>et</strong>,<br />
Les anciens responsables se<br />
contentent pour l'heure d'initiatives<br />
isolées. Ils ne tiennent<br />
aucune réunion formelle <strong>et</strong> refusent<br />
les entr<strong>et</strong>iens avec la<br />
presse. Beaucoup sont encore<br />
sous le choc. Le parti n'avait<br />
pas prévu un r<strong>et</strong>our à la clan<strong>de</strong>stinité<br />
avant la chute <strong>de</strong> Saddam,<br />
une hypothèse qui ne<br />
pouvait être officiellement envisagée.<br />
Discrétion oblige, les mi- .<br />
litants roulent au volant <strong>de</strong><br />
vieux véhicules, laissant leur<br />
cabriol<strong>et</strong> rutilant à l'abri <strong>de</strong>s vo- ..<br />
leurs dans <strong>de</strong>s fermes hors <strong>de</strong><br />
Bagdad. Ils écoutent Saddam<br />
leur annoncer un r<strong>et</strong>our au<br />
pouvoir mais, au fond d'euxmêmes,<br />
bien peu y croit. Sad- .<br />
dam fut leur père nourricier. Il<br />
reste un symbole, mais il est<br />
aussi la cause <strong>de</strong> beaucoup <strong>de</strong><br />
leurs problèmes.<br />
« Les vrais baassistes. ex- ::<br />
plique Saman, un sympathisant,<br />
ce sont les anciens, ceux<br />
qui ont milité dans les années<br />
60 avant la prise du pouvoir<br />
par le Baas. qui a dévoyé<br />
ensuite ses principes fonda- .<br />
teurs. C'est pourquoL nous <strong>de</strong>mandons<br />
toujours quand un<br />
cadre a adhéré au parti pour<br />
savoir si c'était par intérêt ou<br />
par conviction..» .<br />
Tactiquement, sur le terrain,<br />
une alliance avec les islamistes<br />
est possible. Le tract<br />
appelle ainsi le clergé chiite <strong>de</strong> .<br />
Nadjaf à publier une fatwa<br />
(décr<strong>et</strong> religieux) interdisant<br />
la collaboration avec les forces<br />
d'occupation. Il prône également<br />
l'avènement d'un régime<br />
démocratique sorti <strong>de</strong>s urnes,<br />
un comble pour un parti<br />
unique, qui soutenait hier la .<br />
dictature. « Nous <strong>de</strong>vons tenir<br />
compte <strong>de</strong> l'évolution <strong>de</strong>s<br />
choses. avoue Abou Ziad. On<br />
doit renaître sous une autre<br />
appellation. celle d'un parti<br />
national arabe par exemple.<br />
On nous a chassés par la<br />
porte. On va tenter <strong>de</strong> rentrer<br />
par lafenêtre. »<br />
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