Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris
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Revue <strong>de</strong> Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro<br />
<strong>de</strong> la Prensa-Baszn Öz<strong>et</strong>i<br />
Majid "était fier <strong>de</strong> ce qu'il faisait <strong>et</strong> il doit être jugé par une cour irakienne en séance plénière pour payer pour ces crimes",<br />
a-t-il ajouté.<br />
"II a commis <strong>de</strong>s génoci<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s crimes <strong>de</strong> guerre, <strong>de</strong>s Grimes contre l'humanité. Il <strong>de</strong>vrait rendre compte pour ses crimes<br />
contre le peuple kur<strong>de</strong>, qui ont coûté la vie à <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> civils, notamment lors <strong>de</strong> l'attaque chimique contre Halabja",<br />
estime aussi M. Mufti.<br />
La joie affichée à l'annonce <strong>de</strong> l'arrestation <strong>de</strong> Majid était partagée par la rue, car elle était "le rêve <strong>de</strong> chaque Kur<strong>de</strong>", comme<br />
l'affirme Bakhtiar Mamend Taher qui tient une pap<strong>et</strong>erie à Erbil. .<br />
Mais pour Mohammad Hussein Ahmad, un autre habitant d'Erbil, il reste un regr<strong>et</strong>: "J'aurais souhaité que Majid fût capturé par<br />
les Kur<strong>de</strong>s, comme cela a été le cas avec (l'ancien vice-prési<strong>de</strong>nt irakien) Taha Yassine Ramadan", capturé dans la nuit <strong>de</strong><br />
lundi à mardi à Mossoul (nord) par les peshmergas (combattants kur<strong>de</strong>s) avant d'être remis aux forces <strong>de</strong> la coalition.<br />
Le Comman<strong>de</strong>ment central américain (Centcom) a confirmé jeudi l'arrestation d"'AIi le Chimique" <strong>et</strong> numéro 5 sur la fiste <strong>de</strong>s<br />
55 anciens dirigeants irakiens les plus recherchées par les forces américaines.<br />
Selon l'organisation <strong>de</strong> défense <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l'Homme Human Rights Watch, Ali Hassan ai-Majid est responsable <strong>de</strong> la<br />
"disparition" <strong>de</strong> 100.000 non-combattants dans les régions kur<strong>de</strong>s .<br />
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.A Bagdad, la conviction que la situation<br />
ne peut que se détériorer s'installe<br />
BAGDAD<br />
<strong>de</strong> notre envoyé spécial<br />
Sous les sparadraps. qui constellent<br />
le crâne, le' visage <strong>et</strong> l'oreille,<br />
on aperçoit <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> suture.<br />
La main droite est cachée sous un<br />
bandage serré. C'est sans doute la<br />
première fois que l'ONU nomme<br />
un chef <strong>de</strong> mission fait <strong>de</strong> plaies <strong>et</strong><br />
<strong>de</strong> bosses.<br />
Ramiro Lopes da Silva, coordinateur<br />
humanitaire <strong>de</strong>s Nations unies<br />
à Bagdad <strong>de</strong>puis juin 2002, a pris le<br />
relais <strong>de</strong> son ami Sergio Vieira <strong>de</strong><br />
Mello à la tête <strong>de</strong> la mission onusienne<br />
en Irak. Le secrétaire général<br />
<strong>de</strong> l'ONU a officialisé samedi sa<br />
nomination. M. Lopes da Silva, un<br />
Portugais <strong>de</strong> S4 ans « prêté»<br />
<strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux ans par le Programme<br />
alimentaire mondial (PAM) au cabin<strong>et</strong><br />
<strong>de</strong> M. Annan pour <strong>de</strong>s missions<br />
délicates en Afghanistan <strong>et</strong> en Irak,<br />
était en réunion à l'Hôtel Canal, le<br />
19 août. Il a survécu à l'attaque au<br />
camion piégé qui a tué Sergio Vieira<br />
<strong>de</strong> Mello <strong>et</strong> une vingtaine d'employés<br />
<strong>de</strong> l'ONU. Le plafond <strong>de</strong> son<br />
bureau s'est effondré sur lui <strong>et</strong> son<br />
visiteur, plus grièvement blessé.<br />
Juste à côté <strong>de</strong>s montagnes <strong>de</strong><br />
gravats qu'enquêteurs américains<br />
<strong>et</strong> ouvriers irakiens continuent <strong>de</strong><br />
déblayer, Ramiro Lopes da Silva<br />
vaque à ses occupations entre les<br />
tentes <strong>de</strong> toile qui font désormais<br />
office <strong>de</strong> bureaux onusiens. Il écla-<br />
. te parfois <strong>de</strong> rire. Il évalue l'humeur<br />
<strong>de</strong> ceux qu'il rencontre, murmurant<br />
un mot réconfortant à l'un,<br />
une blague à l'autre. « n y a bealicoup<br />
d'émotions, bien sûr,<br />
confie-t-il, le regard légèrement voilé.<br />
Mais j'ai appris à maîtriser ces'<br />
émotions, car j'ai servi toute ma vie<br />
dans <strong>de</strong>s pays en guerre, dans <strong>de</strong>s<br />
situations d'urgence. »<br />
M. Lopes da Spva ~~ut que la mis-<br />
sion onusienne survive à l'attentat,<br />
au traumatisme, aux dangers qui la<br />
gu<strong>et</strong>tent. « Une seule solution: le travail,<br />
affirme-t-il. Nous ne <strong>de</strong>vons pas<br />
nous remémorer tout le temps ce terrible<br />
jour. »<br />
Le bilan provisoire <strong>de</strong> l'attentat<br />
s'élève à 23 morts, 2 disparus <strong>et</strong><br />
86 blessés. Deux cent dix employés<br />
<strong>de</strong> l'ONU ont, entre le len<strong>de</strong>main<br />
<strong>de</strong> l'attentat <strong>et</strong> le dimanche<br />
24 août, quitté l'Irak pour être soignés<br />
ou prendre du repos, mais,<br />
précise M. da Silva, « quelques collègues<br />
frais <strong>et</strong> dispos arrivent déjà<br />
pour les remplacer ». Le chapitre <strong>de</strong><br />
la commémoration <strong>de</strong>vait se clore<br />
mardi par une cérémonie à la<br />
mémoire <strong>de</strong> Sergio Vieira <strong>de</strong> Mello<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong>s autres victimes.<br />
La mission <strong>de</strong> l'ONU a officiellement<br />
repris ses activités. Seules les<br />
personnes traumatisées par l'attentat<br />
<strong>et</strong> les employés irakiens qui souhaitent<br />
se reposer sont exemptés.<br />
Les mesures <strong>de</strong> sécurité sont draconiennes.<br />
Autour <strong>de</strong> l'hôtel Canal <strong>et</strong><br />
du camp <strong>de</strong> tentes qui accueille<br />
ceux qui acceptent <strong>de</strong> travailler, l'armée<br />
américaine a déployé <strong>de</strong>s forces<br />
imposantes. L'avenue principale<br />
est fermée à la circulation, <strong>de</strong>s<br />
chars d'assaut veillent, <strong>de</strong>s soldats<br />
patrouillent.<br />
Dans d'autres bâtiments <strong>de</strong> Bagdad<br />
qui accueillent <strong>de</strong>s agences<br />
humanitaires <strong>de</strong>s Nations unies<br />
(Haut-Commissariat pour les réfugiés,<br />
Unicef, <strong>et</strong>c.), les gar<strong>de</strong>s sont<br />
tout aussi vigilants. Chacun craint<br />
d'autres attentats. Certaines chancelleries<br />
- dont l'ambassa<strong>de</strong> <strong>de</strong> France<br />
-, le Comité international <strong>de</strong> la<br />
Croix-Rouge <strong>et</strong> <strong>de</strong>s ONG réduisent<br />
leurs activités <strong>et</strong> leurs équipes.<br />
L'attaque qui a causé samedi la<br />
mort <strong>de</strong> 3 soldats britanniques à<br />
Bassora <strong>et</strong> l'attentat qui a blessé,<br />
dimanche, l'ayatollah Saïd Mohammed<br />
Al-Hakim à Nadjaf ne font<br />
que renforcer le sentiment que<br />
l'Irak est peut-être entré dans la spirale<br />
du chaos. « Chacun a sa propre<br />
définition du chaos, mais il semble<br />
que la situation ne peut que continuer<br />
à se détériorer, estime un diplomate<br />
européen. Nous craignons<br />
d'autres attentats, <strong>et</strong> nous pensons<br />
que tous les Occi<strong>de</strong>ntaux sont désormais<br />
<strong>de</strong>s cibles en Irak. »<br />
Pour Ramiro Lopes da Silva, la<br />
priorité est <strong>de</strong> « sécuriser la mission<br />
<strong>de</strong> l'ONU », puisqu' « il semble que<br />
« L'Hôtel Canal<br />
. a été pillé à la fin <strong>de</strong> la<br />
guerre, <strong>et</strong> nous étions<br />
repartis <strong>de</strong> zéro.<br />
Une nouvelle fois, nous<br />
repartons <strong>de</strong> zéro ... »<br />
l'ONU soit dorénavant sur la liste <strong>de</strong>s<br />
cibles <strong>de</strong> certains groupes terroristes<br />
'>, tout en veillant à « ne pas se<br />
couper <strong>de</strong> la population '>. « Parce<br />
que nous sommes en Irak, <strong>et</strong> dans le<br />
mon<strong>de</strong> entier, pour servir <strong>de</strong>s populations<br />
qui souffrent, nous <strong>de</strong>vons prendre<br />
gar<strong>de</strong> à ne pas trop nous isoler. ,><br />
Une équipe <strong>de</strong> l'Unsecoord<br />
(Coordination pour la sécurité <strong>de</strong>s<br />
Nations unies), avec à sa tête son<br />
chef, Tun Myat, est arrivée samedi<br />
<strong>de</strong> New York afin d'évaluer les possibilités<br />
<strong>de</strong> poursuivre la mission<br />
dans <strong>de</strong>~ conditions <strong>de</strong> sécurité<br />
satisfaisantes. L'Hôtel Canal va<br />
être abandonhé au profit <strong>de</strong> bâtiments<br />
plus sûrs, les déplacem~nts<br />
du personnel seront réduits. Tun<br />
Myat <strong>et</strong> ses limiers doivent rédiger<br />
un rapport indépendant <strong>de</strong> l'enquête<br />
du FBI américain.<br />
Le corps d'un auteur <strong>de</strong> l'attentat<br />
a été r<strong>et</strong>rouvé dans le cratère où<br />
l'explosion a eu lieu <strong>et</strong> ne peut pas<br />
être, selon M. da Silva, celui d'un<br />
employé <strong>de</strong> l'ONU. Certains<br />
avaient mis en doute l'hypothèse<br />
<strong>de</strong> l'attentat-suici<strong>de</strong> <strong>et</strong> évoquaient<br />
une explosion commandée à distance.<br />
Si la présence d'un ou plusieurs<br />
kamikazes est confirmée, elle<br />
<strong>de</strong>vrait renforcer le soupçon qui<br />
pèse sur les islamistes radicaux, irakiens<br />
ou étrangers.<br />
Les enquêteurs fouillent toujours<br />
les décombres. <strong>et</strong> les experts <strong>de</strong><br />
l'i<strong>de</strong>ntification judiciaire tentent <strong>de</strong><br />
m<strong>et</strong>tre un nom sur les cadavres.<br />
Certains <strong>de</strong>meurent anonymes,<br />
soit parce qu'ils sont trop méconnaissables,<br />
soit parce qu'ils sont<br />
ceux <strong>de</strong> visiteurs irakiens n'ayant<br />
pas, ou plus, <strong>de</strong> pièce d'i<strong>de</strong>ntité sur<br />
eux. Juste à côté d'eux, sous le drapeau<br />
bleu <strong>de</strong> l'ONU, en berne, <strong>de</strong>s<br />
volontaires irakiens s'emploient à .<br />
extraire <strong>de</strong>s ailes du bâtiment qui<br />
tiennent encore <strong>de</strong>bout le mobilier, .<br />
les ordinateurs, les archives.<br />
« L'Hôtel Canal a été pillé à lafin<br />
<strong>de</strong> la guerre, <strong>et</strong> nous étions repartis<br />
<strong>de</strong> zéro, commente Véronique<br />
Taveau, une porte-parole. Une nouvellefois,<br />
nous repartons <strong>de</strong> zéro ... »<br />
« Nous allons continuer '>, répète<br />
Ramiro Lopes da Silva. Le chef <strong>de</strong><br />
la mission <strong>et</strong> tous les fonctionnaires<br />
semblent partagés entre la joie<br />
d'être <strong>de</strong>s survivants <strong>et</strong> la tristesse<br />
d'avoir perdu leurs amis, la volonté<br />
<strong>de</strong> continuer à travailler en Irak <strong>et</strong><br />
la crainte d'être <strong>de</strong> nouveau pris.<br />
pour cibles ...<br />
Rémy Ourdan .<br />
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