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Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

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.,<br />

Revue <strong>de</strong> Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro<br />

<strong>de</strong> la Prensa-Baszn Öz<strong>et</strong>i<br />

Irak :<strong>de</strong>s soldats américains disent leur<br />

'lassitu<strong>de</strong> <strong>et</strong>.leur colère<br />

• _0 _'._<br />

BAGDAD<br />

<strong>de</strong> notre envoyé spécial<br />

Le sergent Al,Melen<strong>de</strong>z est un<br />

hoIrime en colère. Furieux contre<br />

les autorités américaines; frustré<br />

.RIPORTAGE<br />

« Les hommes<br />

en ont,marre. On se<br />

, .<br />

fout<strong>de</strong> notre sort »<br />

,Sergent AI Melen<strong>de</strong>z<br />

par sonjob dans Bagdad, lassé <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>voir s'y éterniser sans' savoir<br />

quand, enfin, ilpourra revenir chez<br />

.lui, à Orlando, en Flori<strong>de</strong>. Le sousofficier<strong>de</strong><br />

la gar<strong>de</strong> nationale améri- ,<br />

caine, un corps essentiellement<br />

composé <strong>de</strong> réservistes qui, sùr la<br />

:base du volontariat" s'engagent à<br />

poursuivre un week-end par mois<br />

un entraîneniènt militaire, n'aurait<br />

jamais imaginé un séjour aussi<br />

long en Irak. « Nous étions supposés<br />

revenir au pays unefois la guerre terM'<br />

minée », se plaint-il.<br />

Mais les contraintes liées aux<br />

hasards <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong> soldat; fOt-il<br />

réserviste, en ont décidé autrement.<br />

Al <strong>et</strong> une centaine d'autres<br />

hommes <strong>de</strong> .la gar<strong>de</strong> nationale<br />

sont coincés <strong>de</strong>puis le mois <strong>de</strong> mai<br />

dans l'immense ce~tre <strong>de</strong> conférences<br />

<strong>de</strong> la' capitäie' irakienne,<br />

<strong>de</strong>venu <strong>de</strong>puis laêhute <strong>de</strong> Bag~d,<br />

le 9 avril, l'un <strong>de</strong>s hauts lieu»'dè la_<br />

Commission <strong>de</strong> l'autorité provisoire<br />

(CPA). L'administration civile<br />

<strong>de</strong>s forces d'occupation <strong>de</strong> la coalition<br />

y organise la plupart <strong>de</strong>s<br />

points <strong>de</strong> presse dù « proconsul »<br />

américain Paul Bremer. Al <strong>et</strong> ses<br />

hommes ont pour tâche <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r<br />

ce lieu stratégique, situé tout près<br />

<strong>de</strong> l'ancien palais prési<strong>de</strong>ntiel <strong>de</strong>'<br />

Saddam Hussein, transfonné,<br />

quant à lui, en siège <strong>de</strong> la CPA.'<br />

Le sergent Melen<strong>de</strong>z <strong>et</strong> ses camara<strong>de</strong>s<br />

sont arrivés en Jordanie le<br />

16 février, avant la guerre. Après<br />

une série <strong>de</strong> missions d'incursions<br />

en Irak, ils ont rejoint Bagdad en<br />

mm. Sans savoir, au juste, ce qu'ils'<br />

avaient à y faire. «Au début, personne<br />

ne savait vraiment quelle<br />

était notre affectation. Les unités<br />

auprès <strong>de</strong>squelles nous étions détachés<br />

nous disaient:. "On n'a pas<br />

, besoin <strong>de</strong> vous 1" Unjour, on a voulu<br />

ach<strong>et</strong>er <strong>de</strong>s trucs à une cantine <strong>et</strong><br />

. on nous'a vertement fait comprendre<br />

que c'était réservé aux gens <strong>de</strong><br />

l'armée <strong>de</strong> l'qir... Sympa! » '<br />

cc COMME DES ZOMBIES»,<br />

Depuis, les choses ne se sont pas<br />

arrangées. Il y a trois semaines,<br />

, lo~s~:l'une'patrotiillèdans l'Univer~' pOllrquoi ils protestent con'tre nous,<br />

sité, l'un dés hommes <strong>de</strong> Melen- quand ils le forit pat;ifiquement,<br />

<strong>de</strong>z a froi<strong>de</strong>ment été abattu. «Je 'ajoute-t-il. Je me <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

ne pourrai plus jamais avoir confian- d'ailleurs paljois si le boulot que<br />

ceen,un Irakien, confie+il aujour- nous sommes. censés ft~ire' iciest'<br />

d'hui;,'mon gars ùstfait tuer par. un Juste ou non.: rJr,tCtmtorr pense que<br />

type qui. tout' en souriant, 8:'<strong>de</strong>gainé nos soldats sont tilés chaque j~ur el!<br />

<strong>et</strong> lui a tiré <strong>de</strong>ssus. Maintenant, 1ra((1..• »Al adm<strong>et</strong> q\le, parfols,les<br />

, quand je sors en patrouille, je fais GI c~aquent <strong>et</strong> se. cond~~nt '<strong>de</strong><br />

attention à tout <strong>et</strong> je reste le dos au ~am~re plutôt ru<strong>de</strong> avec ~eslra~<br />

mur 1... » Non seulement le ser- kiens: «Que voul~~~~ous. n, fait<br />

gent a du mal à se rem<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> c<strong>et</strong>- 'presque SO <strong>de</strong>grés. On transpiré sous<br />

,te mort, mais il a le sentiment d'af- , les casques, les gil<strong>et</strong>s pare-balles; on<br />

fronter l'indifférence <strong>de</strong> la hié- est ,harnachés jusqu'aux yeux. Et,<br />

rarchie militaire : «Personne ne <strong>de</strong>vant nous, on a <strong>de</strong>s civils qui<br />

nous donne la moindre indication n'arrêtent pas <strong>de</strong> râler, <strong>de</strong> se lancer<br />

. Cinq GI tués en vingt-quatre heures .<br />

Dans une attaque à la grena<strong>de</strong>, dimanche 27juill<strong>et</strong>, à AI-Haswah, à'"<br />

30 kilomètres'au sud <strong>de</strong> Bagdad, un soldat américain a été tué <strong>et</strong> un autre<br />

blessé. La veille, un soldat américain avait été tué <strong>et</strong> <strong>de</strong>ux autres blessés<br />

près d'Abou Gharib, à l'ouest <strong>de</strong> B,gdad. Lors <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te offensive, le~ GI, qui<br />

appartenaient à une unité du génie <strong>de</strong> la 3' division d'infanterie, se trou-<br />

, vaient dans un convoi attaqué à l'arme légère <strong>et</strong> à la grena<strong>de</strong>. Dans une<br />

. autre attaque à la grena<strong>de</strong> le même jour, trois soldats <strong>de</strong> la 4' division<br />

d'infanterie ont' été tués <strong>et</strong> quatre autres blessés à Baaqouba (à 60 kilomètres<br />

au nord-est <strong>de</strong> Bagdad), alors.qu'ils étaient en faction <strong>de</strong>vant un<br />

hôpital pour enfants.<br />

Au total, selon le commandant américain William Servant, 49 militaires<br />

américains ont été tués au combat en Irak <strong>de</strong>puis le ," mai, date à laquelle<br />

le prési<strong>de</strong>nt américain George Bush avait'annoncé la fin <strong>de</strong>s opérations militaires<br />

majeures. En outre, 55 soldats sont morts en <strong>de</strong>hors d'opérations<br />

combat, <strong>et</strong> 375autres ont été blessés. - (AFP.)<br />

<strong>de</strong><br />

.d'une centaine », témoigne un journaliste<br />

<strong>de</strong> l'armée américaine. Surtout<br />

pepuis qu'il leur a été signifié<br />

, ,qu'a~ lieu d'être relevés en septembre,<br />

comme il avait été initialement<br />

prévu, ils <strong>de</strong>vront rester sur place<br />

jusqu'à plus éUllpleinfonné. t'autre<br />

,jour, l'un d'eux a même été jusqu'à'<br />

déclarer <strong>de</strong>vant les caméras <strong>de</strong> la<br />

télévision AB~que «Donald Rumsfeld<br />

[le secrétaire américain à la<br />

défense] ferait mieux <strong>de</strong> démissionner;.;»:<br />

,:Récemment, 'un autre<br />

confiait à l'AFP que l'Irak est «un<br />

enfer»...<br />

'<br />

sur la date <strong>de</strong> notre r<strong>et</strong>our aux Etats- dans d'interminables arguments. Il y DiGiTS MIllDIATIQUES<br />

Unis. C'est comme si on se foutait a <strong>de</strong> quoi perdre son calme ... » «J'ai décidé <strong>de</strong> laisser les soldats<br />

totalement <strong>de</strong> notre sort I » Un autre soldat <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s natio- soujJ1er un peu par rapport à leurs<br />

Pisencore, le gouverneur <strong>de</strong> Flo- . . .. contacts avec la presse <strong>et</strong> la tension<br />

ri<strong>de</strong> qui se trouve être le frère du naux, un adjudant, se mo~tre,.I~I'.que cela suppose pour eux », déclapré;i<strong>de</strong>ntGeOrge<br />

Bush, n'a jamais plus modéré. «Je,se~s queje.(al~ '~' rait au Mon<strong>de</strong>, jeudi 24 juill<strong>et</strong>, le<br />

eu la moindre attention à l'égard quelque chose d .utile~ ca~ je .SUlS. capitaine James Brownlee, officier<br />

<strong>de</strong> ses «boys» envoyés en Irak. plongé dans un~ situation hlstonque <strong>de</strong>s relations publiques pour la<br />

«Je crois que .les pOlitièiens' se que ~e p~u."a! raconter, comme d~~~ème briga<strong>de</strong> '<strong>de</strong> la troisième<br />

moql.lent bien <strong>de</strong> ce qui peut nous témom pnV/léglé, plus tard, à mes ~1V1slonbasée à ~'entrée <strong>de</strong> Fallouarriver.<br />

Même quand le soldat <strong>de</strong> en.[ants. Ap,~ês tout, on a quand Ja.« It y a trop d'mteljérences étranmon<br />

unité a été tué, le gouverneur meme contnbu~ à déboulonn~r un. gêres dans la base », a-t-il expli-<br />

Bush n'a pas eu l'élégance d'en- épouvantab,le ~Ictateur 1» MaI~les qué. Sous-entendu: trop <strong>de</strong> jourvoyer<br />

un mot <strong>de</strong> condoléances ....» ,rêves <strong>de</strong> ~a~Jud~t sont agItés. nali~es écoutent t,r0p <strong>de</strong> soldats<br />

Al Melen<strong>de</strong>z 37 ans ' marié, L'autre nwt, il a faIt un cauchemar expnmant leur laSSitu<strong>de</strong>.<br />

'<strong>de</strong>ux enfants, ~étéran d.e'la gUerre qui lé qt<strong>et</strong>tait aux prises avec plu-' Ce.n'est é,?d~mment pas c~ qu'a<br />

<strong>de</strong> libération du Kowelt <strong>de</strong> 1991, sieurs combattants Irakiens le admis le capitaIne Brownlee. «La<br />

est architecte paysager à Orlando. menaçant à coups <strong>de</strong> kalachnikov. .press~ ne p,eut plus parler ~ux sol-<br />

Avant <strong>de</strong> quitter sa ville, il av~t «Dans mon rêve, J'ai' tiré contre d~ts jusqu ~ plu~ ample m~ormé.<br />

trois contrats en cours. fi en a déjà eux. Je les ai tués. Ensuite, j'ai été Cest tout. N ~ublle~ pas que I on est<br />

perdu <strong>de</strong>ux. Et sa frustration est, jugé par un tribunal avec <strong>de</strong>s juges dans une régron ~u nos hommes se,<br />

affirme-t-il, «partagée» par nom-,' revêtus <strong>de</strong> la robe <strong>de</strong> militants du fon.t tuer chaque jour! » Aux Etatsbr~..<strong>de</strong><br />

~s camara<strong>de</strong>s, to~s ayant Ku Klux Klan 1 Je suppose que Ums, le. pr~mier amen<strong>de</strong>ment,.<strong>de</strong><br />

\aîss~\ra~an èt faqtille en Flon<strong>de</strong>. Siginund Fréud aurait son mot à la C,?nstltutlon ne ~enn<strong>et</strong> pas d ~~-<br />

«Le moral <strong>de</strong>s hommes est ~ê. ' 'dire, non? », ironise-t-il. ' te~dire à I~~resse I accè~ aux mlli- '.<br />

bas.' En tant que sous-officier, j~ e;' La colère gron<strong>de</strong> aussi chez nom- taIr~s. ~als 11y a plus ~ une ra~on<br />

.suis pas supposé partager es" brè <strong>de</strong> soldats d'active. Notamment <strong>de</strong> Justifier ~ne telle m~erdlctlOn<br />

impresSidns'a'vec eux, maiSje les vois , dans la troisième divisiond'infante- p~~r <strong>de</strong>s raisons opératIOnnelles.<br />

souveAl se traîner comme <strong>de</strong>s zom- 'rie basée à Fallouja à l'ouest <strong>de</strong> VI~~bl~ment, 1~,~omman~ement<br />

... " ,," , . ,-, , , ' , . mllltarre améncam a déCidé <strong>de</strong><br />

bies... Ça ne veut pas dire qu'ils ne Bagdad. Dans c<strong>et</strong>te régIon, chaque l' 't I dé ât éd' t' .<br />

font pas leur boulot, non, maIS,<br />

'.<br />

clal-<br />

.'<br />

JOur,au moms<br />

.<br />

un so<br />

Id<br />

a<br />

té"<br />

am nCaIn<br />

IIDler es g s m<br />

"<br />

la Iques.<br />

,r:-ement,ils en ont marre! » méurt dans les attaques <strong>de</strong>s'nostal-<br />

Bruno Philip<br />

".ti! sergent a beau ne plus avoir giques <strong>de</strong> Saddam Hussein.<br />

confiance dans les Irakiens, il les «Collectivement, les soldats en ont '-------------<br />

plaint <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir vivre «dans la. plus qu'assez. Leur moral est au plus<br />

même mer<strong>de</strong> où ils vivaient avant bas. Et j'en ai déjQ rencentré plus<br />

gue.rre ». «Je peux comprendre<br />

ûl1ton4t<br />

29 .JUILLET 2003<br />

55

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