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Badiou récidivra avec encore plus de succès avec L’Être et l’événement,<br />

ouvrage où les questions techniques sous-jacentes, en particulier le forcing,<br />

sont encore plus difficiles. Il est important de nous demander où se trouve la<br />

véritable difficulté.<br />

Lacan est aussi un auteur réputé très difficile à comprendre, de par son style et<br />

de par les sujets qu’il traite, mais peut-on considérer qu’il s’agit du même<br />

phénomène? A l’époque de 1968 l’ENS baignait dans une atmosphère<br />

lacanienne, ce que l’on ressent clairement en feuilletant les Cahiers pour<br />

l’an<strong>al</strong>yse, édité par le cercle d’épistémologie de l’école. Sont membres de ce<br />

cercle aussi bien Jacques Bouveresse que Jacques-Alain Miller, mais c’est ce<br />

dernier qui est directeur-gérant et « an<strong>al</strong>yse » fait bien plus référence à l’art<br />

divinatoire de la cure qu’à celui du coupage des cheveux en quatre. Le numéro<br />

10 et ultime des Cahiers est consacré à la form<strong>al</strong>isation et l’on y trouve les<br />

premières traductions en français de Boole, Cantor, Russell et Gödel ainsi que<br />

des articles de Brunschwig, Ladrière, Badiou et Bouveresse. Pasc<strong>al</strong> Engel<br />

rappelle cette situation à ceux, comme Bouveresse lui-même, qui se sont<br />

rangés du côté de Sok<strong>al</strong> et Bricmont pour qu<strong>al</strong>ifier d’imposteurs les lacaniens 287 .<br />

N’est-ce pas eux, Jacques Lacan et Jacques-Alain Miller, qui ont les permiers<br />

perçus en France l’importance philosophique de la logique mathématique, <strong>al</strong>ors<br />

que la tradition philosophique française restait agrégée à l’hégélianisme, le<br />

kantisme ou le cartésianisme?<br />

Cela dit on peut reprocher à ce petit cecle de s’être approprié indument des<br />

concepts mathématiques. Lacan a été accusé d’imposteur pour avoir<br />

impressioné ses auditeurs en établissant des relations entre les phénoménes<br />

psychiques et des théories mathématiques qu’il n’aurait connues<br />

qu’approximativement. Etablir un rapport entre la racine d’un nombre négatif et<br />

le ph<strong>al</strong>lus n’est toutefois pas le fruit d’une méconaissance des nombres<br />

imaginaires, Lacan savait sans aucun doute qu’un nombre ne peut avoir les<br />

propriétés aérodynamiques d’un organe génit<strong>al</strong>. La relation peut apparaître<br />

scand<strong>al</strong>euse à ceux qui ont une vision compartimentée de la science - vision<br />

artisan<strong>al</strong>e suivant laquelle le boudin est l’affaire du boucher et l’aspririne celle du<br />

pharmacien - et même à ceux qui prônent l’interdisciplinarité en établissant des<br />

287 « Il est tout simplement m<strong>al</strong>honnête de supposer que Deleuze, Lacan, Alain Badiou ou Régis<br />

Debray aient moins de respect pour les mathématiques et la physique que Sok<strong>al</strong>. Quand ce<br />

dernier fait référence à Bertrand Russell, à Frege, et aux grands logiciens du vingtième siècle, il<br />

semble oublier que c’est Lacan lui-même qui a fait découvrir en France ces oeuvres, et même<br />

les a fait traduire. » (Engel, 2001 p.558)<br />

AL-MUKHATABAT Numéro 03 Année 01/2012 لىولأا ةن سلا 30 ددعلا تابطانا<br />

259<br />

ISSN: 1737-6432

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