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Conséquences éthiques<br />

La plupart des mor<strong>al</strong>es, qu’elles soient d’inspiration aristotélicienne,<br />

déontologique ou utilitariste, sont faites par homme et pour l’homme. Il existe<br />

toutefois, dans ces trois traditions, des mor<strong>al</strong>es, toujours faites par l’homme,<br />

mais qui visent au respect des animaux, de l’environnement, voire d’autres<br />

entités, non seulement pour le bénéfice mor<strong>al</strong> que l’être humain pourrait en tirer,<br />

mais pour les animaux eux-mêmes (Singer, 1977 ; Regan, 1983 ; Burgat, 2006 ;<br />

Jeangène-Vilmer ; 2008, Coulon et Nouët, 2009) ou pour l’environnement luimême<br />

(voir Larrère, 1997). Il s’ensuit que la mor<strong>al</strong>e humaine apparaît comme<br />

un sorte de structure juxtaposée, constituée, par exemple, de trois objets (les<br />

humains, les animaux, l’environnement) auxquels on pourrait d’ailleurs ajouter<br />

d’autres éléments (les plantes, les sites archéologiques, les merveilles<br />

minér<strong>al</strong>es, etc.) Il serait sans doute souhaitable que les système moraux<br />

s’intègrent davantage et amènent au respect éthique de toutes ces entités en<br />

précisant clairement leur juste place par rapport aux « tesselles » d’une<br />

éventuelle mosaïque éthique.<br />

Plusieurs travaux philosophiques récents vont d’ailleurs dans ce sens. Ainsi<br />

Vanessa Nurock (Nurock, 2011) an<strong>al</strong>yse l’architecture progressive de la mor<strong>al</strong>e,<br />

qui se développe sur plusieurs niveaux, à partir d’une mor<strong>al</strong>e naïve, qui pourrait<br />

avoir des composantes chez les animaux, pour aboutir à un module cognitif du<br />

sens mor<strong>al</strong>. Ces différents niveaux peuvent s’expliquer par l’architecture<br />

ment<strong>al</strong>e de la mor<strong>al</strong>e, qui repose sur plusieurs tesselles d’un « mécanisme<br />

empathique pluriel » : empathie agentive (nous nous mettons à la place d’un<br />

acteur), empathie émotionnelle (nous mimons ses éléments affectifs) ou<br />

empathie situationnelle (nous intégrons les actions et les émotions d’autrui dans<br />

la situation qu’il vit). L’intégration des deux premières tesselles aboutirait à la<br />

mor<strong>al</strong>e naïve <strong>al</strong>ors que la dernière conduirait à une mor<strong>al</strong>e plus cognitive. De<br />

fait, chacun des niveaux de l’édifice ment<strong>al</strong> trouve sa place dans une conception<br />

hiérarchisée de la mor<strong>al</strong>e, dont on peut souligner le caractère de « mosaïque ».<br />

L’auteure s’appuie aussi sur l’existence de psychopathologies mor<strong>al</strong>es, comme<br />

l’autisme ou la psychopathie, où certaines tesselles disparaissent. Ainsi,<br />

l’autisme serait lié à « des déficits dans l’empathie situationnelle », tandis que la<br />

psychopathie, serait un « déficit de mor<strong>al</strong>e naïve », portant notamment sur les<br />

niveaux agentifs et émotionnels. Ce modèle en mosaïque pourrait aussi<br />

AL-MUKHATABAT Numéro 03 Année 01/2012 لىولأا ةن سلا 30 ددعلا تابطانا<br />

62<br />

ISSN: 1737-6432

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