megastructure, grille et ville lineaire - Portail documentaire du ...
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périphérie sans escompter qu’elle<br />
deviendra bientôt une voie de desserte<br />
pour ses rives in<strong>du</strong>strielles. Elle a par<br />
contre pris, a posteriori, la figure de la<br />
<strong>ville</strong> linéaire. S’il n’y avait pas au départ le<br />
dessein de coloniser la périphérie (mais<br />
plutôt de marquer la limite entre <strong>ville</strong><br />
centre <strong>et</strong> <strong>ville</strong>s de banlieue), le mode<br />
d’organisation de l’espace, le dessin <strong>et</strong><br />
la capacité à proliférer <strong>et</strong> se repro<strong>du</strong>ire<br />
relèvent bel <strong>et</strong> bien de la figure de la<br />
<strong>ville</strong> linéaire. Aujourd’hui, les proj<strong>et</strong>s<br />
en cours pour c<strong>et</strong>te rocade la pensent<br />
d’ailleurs comme telle, qu’il s’agisse de la<br />
transformer en « autoroute apaisée » ou<br />
parkway, figure moderne ou réinventée<br />
de la croissance linéaire.<br />
La mise en perspective des trois études<br />
de cas de c<strong>et</strong>te recherche perm<strong>et</strong> de<br />
faire ressortir quelques caractéristiques<br />
communes quant à la manière dont a été<br />
conçue au cours des années 1970-1980<br />
la « <strong>ville</strong> Sud » <strong>et</strong> de nous interroger sur<br />
la manière dont les fragments urbains<br />
(constitués en référence explicite ou<br />
implicite à des figures) peuvent être<br />
revisités pour être pris en compte dans<br />
une stratégie de recomposition de<br />
l’ensemble <strong>du</strong> sud de l’agglomération<br />
grenobloise.<br />
Des proj<strong>et</strong>s construits en réaction à…<br />
Dès le moment où ils se sont proposés<br />
de m<strong>et</strong>tre sur pieds une « science de la<br />
<strong>ville</strong> », les urbanistes ont adopté une<br />
attitude thérapeutique en proposant de<br />
remédier aux maux entraînés par une<br />
in<strong>du</strong>strialisation <strong>et</strong> une urbanisation qui<br />
a disloqué les communautés sociales sur<br />
lesquelles étaient fondées jusque-là les<br />
<strong>ville</strong>s <strong>et</strong> les villages. C<strong>et</strong>te attitude « en<br />
réaction à » est portée à son paroxysme<br />
par les modernes qui imaginent à travers<br />
leurs œuvres remédier aux mots non<br />
seulement de la <strong>ville</strong> mais aussi de la<br />
société. Tous les proj<strong>et</strong>s étudiés (la<br />
Villeneuve de Grenoble, la Rocade Sud,<br />
Vigny-Muss<strong>et</strong> <strong>et</strong> Échirolles) se fondent sur<br />
une réaction à une situation urbaine : ils<br />
diagnostiquent des problèmes, ils passent<br />
en revue les politiques municipales <strong>et</strong><br />
étatiques qui ont donné naissance à<br />
des quartiers qu’ils jugent désormais<br />
éloignés des besoins des territoires<br />
<strong>et</strong> des populations, ils proposent des<br />
solutions alternatives. Les architectes de<br />
l’Atelier d’Urbanisme <strong>et</strong> d’Architecture,<br />
qui, il faut le rappeler, ont été choisis en<br />
accord avec la direction nationale de la<br />
SCET, se positionnent, conformément à<br />
une certaine mythologie grenobloise, en<br />
rupture avec l’urbanisme technocratique<br />
de l’État <strong>et</strong> avec les grands ensembles. La<br />
Rocade Sud est présentée comme une<br />
infrastructure qui doit marquer la limite<br />
entre la <strong>ville</strong> <strong>et</strong> sa périphérie <strong>et</strong> témoigne<br />
ainsi d’une volonté d’aller à l’encontre<br />
d’un laisser-faire. Les urbanistes en<br />
charge <strong>du</strong> Centre-Ville d’Echirolles <strong>et</strong><br />
de Vigny-Muss<strong>et</strong> ont mesuré les limites<br />
de l’urbanisme modernes, affirment<br />
que la <strong>ville</strong> ne peut se fabriquer à coup<br />
d’innovations <strong>et</strong> préconisent le recours<br />
aux notions simples <strong>et</strong> éprouvées de rue,<br />
place, jardin public <strong>et</strong> îlot… (Novarina,<br />
1993).<br />
La création de la Villeneuve intervient<br />
dans un contexte de remise en cause<br />
(partielle) <strong>du</strong> Plan directeur d’urbanisme.<br />
Vingt ans avant la décentralisation,<br />
l’équipe municipale con<strong>du</strong>ite par Hubert<br />
Dubedout entend peser sur les choix<br />
urbanistiques. « Le conflit sur le Plan<br />
Directeur d’Urbanisme d’Henry Bernard<br />
en 1965 con<strong>du</strong>it à sa mise à l’écart, <strong>et</strong> à<br />
une rupture entre l’État <strong>et</strong> les communes<br />
concernées. Chacune d’elles (Grenoble <strong>et</strong><br />
Échirolles) obtient de pouvoir choisir les<br />
architectes en chef de sa ZUP » (Belli-Riz,<br />
« Grenoble (38). Villeneuve, quartier I,<br />
l’Arlequin. Côté parc/côté parking », p.<br />
147). Une telle décision est à l’origine<br />
d’une façon d’écrire l’histoire locale, qui