megastructure, grille et ville lineaire - Portail documentaire du ...
megastructure, grille et ville lineaire - Portail documentaire du ...
megastructure, grille et ville lineaire - Portail documentaire du ...
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
28<br />
Son obj<strong>et</strong> vise à interpréter puis (re)<br />
créer la complexité de la <strong>ville</strong> dans un<br />
proj<strong>et</strong> d’ensemble construit ex nihilo. Elle<br />
réinterprète les infrastructures (réseaux<br />
viaires <strong>et</strong> découpages parcellaires) <strong>et</strong><br />
superstructures (le bâti) composant<br />
traditionnellement <strong>et</strong> successivement la<br />
<strong>ville</strong> au profit d’une « urbatecture » pour<br />
reprendre le terme de J. Tribel.<br />
Souvent pensée dès sa conception dans<br />
une perspective organique d’évolution<br />
(par renouvellement ou division<br />
cellulaire), elle oublie cependant les<br />
usages privatifs de la <strong>ville</strong>, les logiques<br />
de division <strong>et</strong> de remembrement<br />
parcellaire, les mutations capillaires des<br />
tissus urbains. La mégastructure peut<br />
évoluer mais elle nécessite pour cela<br />
un traitement d’ampleur de la forme<br />
que seule la puissance publique peut<br />
impulser.<br />
1.2 La mégastructure de l’Arlequin, une<br />
organisation à la fois sociale <strong>et</strong> spatiale<br />
1.2.1 La quête de la complexité<br />
Reformuler la complexité formelle de<br />
la <strong>ville</strong>, seule garante d’une vie sociale<br />
potentiellement riche, tel est le credo<br />
des concepteurs de l’Arlequin. Il suffit<br />
d’ailleurs de visionner le reportage<br />
réalisé par la télévision canadienne 3 sur<br />
le quartier en 1974 pour s’en convaincre.<br />
Les premières minutes sont l’occasion<br />
de présenter Grenoble <strong>et</strong> son contexte<br />
territorial. Suivant une subtile alternance<br />
de plans fixes <strong>et</strong> de scènes évocatrices<br />
d’une dense animation, le <strong>documentaire</strong><br />
3 Documentaire réalisé en 1974 pour<br />
le programme « Société nouvelle » par l’Office<br />
National <strong>du</strong> Film <strong>du</strong> Canada. Série Urba-2.000, n°8<br />
Grenoble, la Villeneuve. Réinventer la <strong>ville</strong>.<br />
m<strong>et</strong> en évidence le double processus de<br />
sédimentation urbaine <strong>et</strong> de polarisation<br />
des usages dans les espaces publics <strong>du</strong><br />
centre historique. D’un mouvement<br />
égal, les vidéastes accompagnent le<br />
téléspectateur vers la Villeneuve, alors<br />
présentée comme l’interprétation<br />
contemporaine de la <strong>ville</strong> constituée ; fait<br />
marquant, le quartier nouveau s’affiche<br />
dans la continuité d’un centre ancien<br />
pourtant lointain géographiquement <strong>et</strong><br />
morphologiquement.<br />
Tant sur le plan formel qu’architectural,<br />
sa silhou<strong>et</strong>te identifiable, enrichie par<br />
un écrêtement <strong>et</strong> une polychromie,<br />
constitue en eff<strong>et</strong> une ligne (pour ne pas<br />
dire muraille) de construction dense (6<br />
à 15 niveaux sur RDC) bordant un parc<br />
que l’on devine plus qu’on ne l’aperçoit,<br />
offrant à chaque logement large prospect<br />
<strong>et</strong> bonne perception <strong>du</strong> site montagneux 4 .<br />
Ici, la linéarité semble répondre aux<br />
besoins de c<strong>et</strong>te « urbatecture » que J.<br />
Tribel <strong>et</strong> G. Loiseau entendent m<strong>et</strong>tre en<br />
œuvre en combinant gestion des flux <strong>et</strong><br />
développement urbain, tout en m<strong>et</strong>tant<br />
en opposition la structure lourde des<br />
logements avec celle, plus légère <strong>et</strong><br />
modifiable, des équipements susceptible<br />
d’adopter des principes d’organisation <strong>et</strong><br />
de développement proliférants (Lucan,<br />
2001, p.174) :<br />
« Nous partions de l’hypothèse<br />
qu’une structure urbanistique très<br />
puissante devait digérer les variables<br />
architectoniques sans qu’il soit besoin<br />
d’imposer un cahier des charges<br />
proprement architectural. (…)<br />
4 D’ailleurs, parmi les qualités<br />
architecturales susceptibles de distinguer l’Arlequin<br />
d’autres quartiers érigés à la même époque figurent<br />
incontestablement les cellules de logement.<br />
Leur conception fait preuve d’innovation <strong>et</strong> de<br />
générosité spatiale. De même, les balcons, larges,<br />
offrent une transition <strong>et</strong> un dégagement vers les<br />
vues lointaines, <strong>du</strong> parc à la montagne.