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ÉDITORIAL
Dominique Leglu
Directrice éditoriale
BERNARD MARTINEZ
L’océan, notre avenir
Un incendie peut en cacher un autre.
Si nous avons suivi avec effroi les feux
en Gironde, on sait moins que, cet
été, ont eu lieu de graves incendies… sous
la mer. Oui, c’est ce terme qu’emploient
les spécialistes du monde sous-marin de
l’Office français de la biodiversité, Ifremer,
CNRS, Sorbonne Université, université de
Toulouse, fondation Tara Océan… Horrifiés
quand ils découvrent, en plongée, des
gorgones rouges mortes jusqu’à 30 mètres
de profondeur en Méditerranée, brûlées par
la vague de chaleur qui a particulièrement
saisi l’ouest de la grande bleue (lire p. 20).
Seconde chance. Sur les bords de la Manche,
à Cherbourg-en-Cotentin puis à
Saint-Vaast-la-Hougue, c’est justement à la
protection indispensable de l’océan que
Sciences et Avenir–La Recherche, avec notre
partenaire le groupe Les Échos-Le Parisien,
a voulu consacrer en octobre un nouvel
événement nommé Grand Océan, soutenu
par toutes les collectivités locales. Dans
le spectaculaire bâtiment art déco de
la Cité de la mer, « monument préféré des
Français » cet automne 2022, le plongeur
et conteur François Sarano a soulevé
l’enthousiasme de ses auditeurs. L’océan
nous donne une seconde chance, dit-il.
70 % de la surface de la Terre. La chance ?
Celle d’agir sur terre pour mieux préserver
celui qui recouvre 70 % de la surface du
globe. Si nous faisons le constat du
réchauffement de l’atmosphère, il est en
effet urgent de considérer cette gigantesque
masse d’eau avec son extraordinaire
biodiversité. Commencer par lui dire
« merci », comme l’énoncent les « six sages »
conviés par Sciences et Avenir-La Recherche
à formuler une déclaration marquant
un nouvel engagement.
Poumon essentiel. Merci au « grand
régulateur du climat qui capte un tiers des
émissions de gaz carbonique et absorbe 93 %
de l’excès de chaleur dû au réchauffement
climatique. C’est un poumon essentiel de
la vie sur Terre », a souligné le célèbre
explorateur Jean-Louis Étienne, bientôt en
route vers l’Antarctique, en dévoilant
la « Déclaration de Grand Océan »*.
Régénérer et sauver l’océan, égoïsme bien
compris, c’est nous sauver nous-mêmes.
« Éduquer, c’est la clé. » Homo sapiens, avec
un peu d’humilité, se souviendra que la vie
est née de l’océan. Que faire ? Continuer
à informer, comme nous le réalisons dans
nos magazines, et donner une éducation
qui fasse large place à l’océan. Il est essentiel
de le « comprendre et le faire aimer, dès
la petite enfance », insistent les sages
Anne Quéméré et Catherine Chabaud,
navigatrices, l’ancien président du Muséum
national d’histoire naturelle Gilles Bœuf,
le président du Conseil scientifique
international sir Peter Gluckman et le chef
cuisinier Olivier Roellinger — pas question
de voir les huîtres disparaître par
acidification des eaux !
Bien commun. L’appel est clair et le défi
immense d’« agir personnellement et
collectivement au quotidien pour régénérer
les rivières, les mers et l’océan ». À la mesure
de l’océan, bien commun planétaire, notre
avenir et source d’espoir. @dominiqueleglu
*sciav.fr/909grandocean
N° 909 - Novembre 2022 - Sciences et Avenir - La Recherche - 3