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NATURE
Sismologie
A
GÉOPHYSIQUE
Comment se forme un tsunami
Un tsunami est
provoqué par
une rupture brusque
d’une faille
sous-marine entre
deux plaques de
l’écorce terrestre. Les
phénomènes les plus
violents proviennent
de séismes dont
l’épicentre se situe
sous une profondeur
de moins de
5000 mètres avec une
magnitude d’au
moins 6,5. Le
mouvement crée une
onde d’eau de
plusieurs dizaines de
kilomètres de
longueur pouvant
atteindre les
800 km/h en plein
océan. Lorsque la
profondeur décroît à
l’approche du littoral,
la longueur d’onde
ralentit tandis que sa
hauteur augmente.
Cette longueur d’onde
reste malgré tout
importante, si bien
que les volumes d’eau
inondant le littoral
sont massifs, même si
la vague n’est que de
Fond marin
néens, mais doit aussi intégrer toutes les
informations sur la configuration de la
côte, son occupation (ports, villes, industries)
et son relief. « Cela suppose d’avoir
une cartographie fine, à l’échelle de carrés
de dix mètres de côté, des maisons, usines,
rues, plages, falaises et espaces verts qui
occupent le littoral, ce qui implique des
Surface de l’eau
quelques centimètres.
Ainsi, pour un séisme
majeur, à 4000 mètres
de profondeur,
un tsunami va à la
vitesse de 713 km/h
avec une longueur
Longueur d’onde
La rupture d’une faille sous-marine (en rouge) entre
deux plaques terrestres crée une onde d’eau qui se
transforme en vague géante allant heurter le littoral.
d’onde de
282 kilomètres.
À 50 mètres de
profondeur, la vitesse
est de 79 km/h pour
une longueur d’onde
de 23 kilomètres.
modèles avec des équations extrêmement
complexes », détaille Matthieu Péroche,
maître de conférences en géographie à
l’université Paul-Valéry-Montpellier 3.
Les modèles sont nourris par les plans
d’occupation des sols, les cadastres, les
plans de prévention des risques industriels
(PPRI), les programmes d’action du
BRUNO BOURGEOIS
risque inondation (Papi), etc. Les visites
de terrain sont également nécessaires.
Un travail fin d’enquête dont l’unité de
recherche que dirige Matthieu Péroche
s’est fait une spécialité.
Cette cartographie des impacts d’une
série de vagues violentes, à pleine
vitesse, ne ressemble en rien à celles
qui sont élaborées pour des submersions
marines provoquées par des tempêtes.
Les sismologues n’imaginent
pas sur le littoral méditerranéen un
tsunami supérieur à un mètre. Mais
cette hauteur qui peut paraître anodine
n’a rien à voir avec la vague sur
laquelle s’ébat le surfeur. « C’est bien
plus violent et rapide, et il faut imaginer
que les flots vont entrer profondément
dans les terres et emporter voitures
et camions sur de grandes distances »,
décrit Hélène Hébert. La conscience
d’un tel effet dévastateur commence
à cheminer chez les élus concernés.
En France, Matthieu Péroche travaille
depuis quelques années avec deux
communes, Deshaies en Guadeloupe
et Cannes dans les Alpes-Maritimes.
« C’est une volonté politique des maires
que d’instaurer des plans de prévention
du risque tsunami », avoue Matthieu
Péroche. À Cannes, les inondations
catastrophiques provoquées par des
orages violents en octobre 2015 — qui
ont causé 20 morts — ont incité la mairie
à se préparer à tous les aléas météorologiques
et sismiques.
Définir les zones à risque et
les itinéraires d’évacuation
Ainsi, en juin, les employés de Cannes
ont vissé sur les trottoirs des plaques
circulaires en lave émaillée figurant un
personnage fuyant devant une vague,
avec la mention « évacuation tsunami »
et une flèche indiquant un lieu emblématique
de la ville. « Il y en aura 200
environ posées sur l’ensemble du littoral
de la commune, indiquant la distance
à parcourir pour atteindre un lieu
refuge situé à au moins 200 mètres du
rivage et à une hauteur de cinq mètres
au-dessus du niveau de la mer consi-
62 - Sciences et Avenir - La Recherche - Novembre 2022 - N° 909