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Sciences et Avenir-L'avant Big-Bang

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NATURE

Reportage

COLLECTION ARCHIVES LAROUSSE

PORTRAIT

Charcot, la passion des Pôles

Fils du neuropsychiatre

Jean-Martin Charcot,

Jean-Baptiste Charcot

naît en 1867 à

Neuilly-sur-Seine.

Enfant, il est fasciné

par les bateaux et

s’initie à la voile. Mais

lorsqu’il veut entrer à

l’École navale, son père

s’y oppose :

Jean-Baptiste sera

médecin. C’est ainsi

qu’à 21 ans, il devient

médecin auxiliaire

dans les chasseurs

alpins, avant de

s’engager comme

médecin de marine.

Il a 26 ans lorsqu’à la

mort de son père, il

hérite d’une fortune

considérable. Celle-ci

va lui permettre de

financer la

construction de

voiliers, tous baptisés

Pourquoi Pas ?, qui

vont le mener en 1901

jusqu’aux îles Féroé. Il

y revient l’année

suivante à la demande

du ministère de la

Santé pour étudier

l’apparition du cancer

dans ces îles. En 1903,

il conduit la première

expédition française en

Antarctique et hiverne

dans l’île Booth. Cette

mission permet de

cartographier 1000 km

de côtes et de

rapporter 75 caisses

d’échantillons au

Muséum national

d’histoire naturelle, à

Paris. Il divorce à son

retour de Jeanne Hugo,

la petite-fille de Victor

Hugo, et se remarie en

1907 avec Marguerite

Cléry, une artiste

peintre. En 1908,

l’explorateur conduit

une nouvelle

expédition en

Antarctique et

continue son travail de

cartographie sur

2000 km de côtes.

Durant la Première

Guerre mondiale, il

s’engage aux côtés des

Anglais dans la lutte

contre les sous-marins

allemands. Le « Polar

gentleman », comme

le surnomment les

Anglais, reprend

ensuite la mer pour

des missions dans

l’Atlantique nord

jusque dans les îles

Hébrides et découvre

le Groenland. Il y

reviendra à sept

reprises. Au retour de

la mission de 1936,

son bateau fait

naufrage en Islande.

Jean-Baptiste Charcot,

69 ans, et ses

39 équipiers y perdent

la vie. Il n’y aura qu’un

seul survivant.

La dernière photographie du commandant Charcot (au centre) sur le « Pourquoi

pas ? IV », avant le naufrage du navire du 16 septembre 1936, au nord de Reykjavik.

A

Une augmentation moyenne de 2 °C a

déjà été enregistrée entre 1960 et 2020.

Soucieux du devenir des populations

arctiques dans ce contexte, Vincent

Hilaire décide de leur donner la parole

et de documenter leur adaptation à ces

changements. C’est ainsi qu’en 2015, il

passe un mois et demi dans le village

d’Ittoqqortoormiit, face à l’embouchure

du fjord Scoresby (lire l’encadré p. 55). Un

village où le souvenir du commandant

Charcot subsiste dans les mémoires et

sous la forme d’une statue dressée face à

la baie de Rosenvinge. De là est née l’idée

de renouveler les expéditions scientifiques

de Charcot dans le fjord Scoresby.

Les coquilles d’organismes

marins, des témoins importants

La mission de 2022 a ainsi permis de

ramener 21 kg de roches prélevées

jusqu’à la profondeur record de 217

mètres. De retour au laboratoire, Pierre

Sans-Jofre va étudier plus particulièrement

les coquilles des organismes qui

ont colonisé ces roches. Les coquilles

des foraminifères et des bryozoaires

enregistrent dans leur réseau cristallin

de carbonate la composition physico-chimique

de l’environnement au

moment où elles se forment, notamment

la concentration en dioxyde de

carbone, métaux, arsenic, uranium,

etc. Les foraminifères benthiques sont

aussi des organismes très sensibles à la

pollution, au réchauffement climatique

et aux changements de salinité — or

la fonte des glaces entraîne un apport

important d’eaux douces dans le milieu

marin… Ces échantillons pourraient

ainsi être des témoignages importants

des changements en cours.

L’analyse fine de la composition de ces

coquilles devrait permettre d’identifier

plus de 50 éléments en vue de reconstituer

la composition en carbone et oxygène

de l’eau dans laquelle elles ont

précipité. « La composition en oxygène

est liée à la température de l’eau au

moment où l’organisme précipite sa

coquille calcaire, explique Pierre Sans-

Jofre. C’est donc un indice indirect de

56 - Sciences et Avenir - La Recherche - Novembre 2022 - N° 909

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