You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
SANTÉ
Physiologie
quantaine (respiratoires, de la face, du
cou…). Auxquels s’ajoutent parfois ceux
des bras et du tronc, en cas de pandiculation,
c’est-à-dire d’étirement de tout
son long, les bras vers le haut, un peu
comme un chat.
Un réflexe qui implique donc le corps
entier. Au XVIII e siècle, un médecin néer-
landais, Johannes de Gorter, affirmait
que le bâillement favorisait l’oxygénation
du cerveau. « Cette idée reçue,
toujours bien ancrée, a pourtant été
scientifiquement infirmée à la fin des
années 1980 », précise le Dr Olivier Walu-
sinski. Ce généraliste, aujourd’hui à la
retraite, s’est passionné pour le sujet.
« Jeune médecin en 1978, mon ignorance
d’alors et mon incapacité à soulager
un patient de 30 ans vu en consultation
pour des bâillements inexpliqués
très handicapants — une fois par
minute depuis plusieurs jours —, m’ont
donné envie d’en savoir plus. » S’il n’a
jamais su ce que devenait cet étrange
patient, il a depuis minutieusement
compilé au niveau international tous
les travaux, thèses et articles parus sur
le bâillement*.
250 000
Le nombre de
bâillements
dans une vie
5 à 10 secondes
La durée moyenne
du bâillement
Il apparaît
dès la 12 e semaine
« in utero »
Le fœtus bâille
30 à 50 fois par jour,
l’adulte
moins de 20 fois
Des théories successivement
battues en brèche
Car différentes théories n’ont cessé d’être
élaborées depuis plusieurs siècles sur
la fonction de ces quelques secondes
d’abandon et d’étirement. Dès le
V e
siècle avant J.-C., Hippocrate y voyait
le signe annonciateur d’une fièvre permettant
à l’air chaud accumulé dans le
corps de s’évacuer. Le concept d’oxygénation
du cerveau de Johannes de Gorter
n’a été battu en brèche qu’en 1987
avec les travaux du célèbre neurobiologiste
américain Robert Provine. Celui-ci
n’avait en effet constaté aucune augmentation
de la fréquence des bâillements
chez des volontaires ayant respiré
des mélanges plus ou moins enrichis
en gaz carbonique et oxygène. Preuve
que le corps n’adopte pas ce comportement
lors d’un manque d’oxygénation
cérébrale. Plus récemment, en 2007,
Andrew Gallup a défendu l’hypothèse
PLAINPICTURE
N° 909 - Novembre 2022 - Sciences et Avenir - La Recherche - 77