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Sciences et Avenir-L'avant Big-Bang

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ACTUALITÉS

Prix Nobel 2022

Les expériences du physicien Alain Aspect, 75 ans (ici en 2019), en démontrant en 1981 et 1982 que deux particules restaient liées

même à distance, ont ouvert la voie à la science de l’information quantique.

WILLIAM BEAUCARDET

AFP

à l’École normale supérieure de Cachan

[ENS Paris-Saclay], dans laquelle il y

avait très peu de physique quantique.

Mais durant mon séjour au

Cameroun en tant que coopérant,

j’ai eu la chance de

lire Mécanique quantique,

de Claude Cohen-Tannoudji,

Bernard Diu et Franck

Laloë, qui est un manuel à

la fois simple et profond de

physique quantique : cela a

été une révélation. Je m’en

suis nourri tout seul, sans

l’influence d’un professeur

qui m’aurait peut-être dit

qu’Einstein s’était trompé.

Comment entrez-vous en scène ?

J’étais à la recherche d’un sujet pour ma

thèse. Un jeune professeur à l’Institut

Les autres

lauréats

(de gauche à droite)

John Clauser,

81 ans, États-Unis,

J. F. Clauser & Assoc.

Anton Zeilinger,

77 ans, Autriche,

université de Vienne.

d’optique, Christian Imbert, me confie

alors une série d’articles, dont celui de

John Bell publié dans une revue quasi

inconnue. Sa lecture a été

un choc, et la perspective

de monter une expérience

pour trancher une question

qui semblait de nature

philosophique m’a fasciné.

Christian Imbert était très

ouvert. Il m’a dit : « Va voir

John Bell au Cern à Genève

où il travaille, et s’il trouve

que ça vaut la peine, tu pourras

mener l’expérience dans

mon laboratoire. » Ce qui

s’est passé. Mais beaucoup

pensaient que cette recherche n’avait

aucun intérêt. On m’a dit au départ :

« Tu perds ton temps, on sait que la physique

quantique, ça marche. » Mais j’ai

eu la possibilité de donner des séminaires

pour expliquer l’intérêt des travaux

de Bell et des expériences qui en

découlent, et de plus en plus de gens

s’y sont intéressés.

Quel était le principal défi de cette

expérience ?

Elle repose sur une source de photons

intriqués — des photons considérés

comme un tout unique — et deux polariseurs

orientables, qui vont permettre aux

photons de les traverser ou les bloquer,

selon leur état, et des détecteurs. Le problème

principal était de disposer d’une

source efficace de photons intriqués.

Aux États-Unis, des chercheurs étaient

parvenus, de manière très laborieuse, à

produire quelques paires, cela prenait

des jours et des jours. J’ai eu la possibilité

d’utiliser des lasers, alors en plein déve-

A

N° 909 - Novembre 2022 - Sciences et Avenir - La Recherche - 9

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