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Sciences et Avenir-L'avant Big-Bang

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DOSSIER

Cosmologie

A trouvent à l’intersection de boucles de

champ gravitationnel, que l’on pourrait

rapprocher des lignes de champ magnétique

d’un aimant. Le point fondamental

c’est que l’espace ne pouvant être inférieur

à un quantum, la singularité disparaît.

Mieux, la gravitation quantique

à boucles montre que lorsque l’espace

atteint ce grain élémentaire, correspondant

à une courbure extrême de l’espace-temps,

il « rebondit ». Ainsi, le Big

Bang pourrait n’être que le grand rebond

d’un univers précédent en contraction

sur lui-même. Avant le Big Bang il y avait

donc… un autre univers.

L’hypothèse des trous noirs

transformés en trous blancs

Pour l’instant, la théorie intéresse beaucoup

mais laisse les astrophysiciens sur

leur faim, y compris Marc Lachièze-Rey

qui l’a « pratiquée » : « Elle est très intéressante

car il est possible de résoudre les

équations et de voir ce que cela donne,

d’où son succès. Mais pour cela, il faut

faire trop d’approximations et d’hypothèses

pour en tirer des conclusions sur

le destin de l’Univers. »

Un succès pour la gravitation quantique

DÉTECTION

À la recherche de

l’inflation

L’inflation permet d’expliquer de

nombreuses caractéristiques de notre

univers, notamment sa courbure et son

homogénéité, d’où son succès. Mais

plusieurs mécanismes sont en lice pour

l’expliquer. L’observation des ondes

gravitationnelles émises lors de cette

formidable dilatation de l’espace et du

temps permettrait de faire le tri. « Ces

ondes ont pu laisser une trace dans les

photons constituant le fond diffus

cosmologique en orientant d’une manière

à boucles serait donc de faire des prédictions

que l’on pourrait vérifier dans

notre univers. Ce serait théoriquement

possible. Car le Big Bang n’est pas la seule

singularité envisagée. Il existe aussi les

trous noirs, des puits dans l’espacetemps

s’achevant en une singularité tout

aussi choquante que le Big Bang. Or, en

2015, Hal Haggard et Carlo Rovelli ont

démontré, dans des travaux complétés

en 2018, qu’un trou noir, issu de l’effondrement

gravitationnel d’une étoile sur

elle-même, n’évoluait pas jusqu’à former

une singularité. Arrivé au niveau

du quantum d’espace élémentaire, il

rebondit et se transforme en trou blanc,

son exact opposé : il ne fait que « cracher

» de la matière, là où le trou noir ne

peut que l’absorber. La découverte de

ces trous blancs serait un succès « éclatant

» pour la gravitation quantique à

boucles. L’ennui, c’est que les trous noirs

mettraient très longtemps à parvenir à

ce stade. Seuls les plus petits auraient

pu opérer la conversion depuis la naissance

de l’Univers. Mais celle-ci pourrait

s’accompagner de sursauts gamma,

ou de sursauts radio rapides, tels qu’on

en détecte actuellement sans connaître

L’interféromètre Lisa observera en 2034

les ondes gravitationnelles primordiales

(vue d’artiste).

particulière leur champ électrique, donnant une “polarisation de type B” »,

explique Patrick Peter, de l’Institut d’astrophysique de Paris. Les expériences

Qubic, en cours en Argentine, et BICEP3, installée en Antarctique, traquent ces

polarisations dans le fond diffus cosmologique. Autre piste : mesurer

directement ces ondes primordiales. Ce sera l’objectif de l’interféromètre spatial

Lisa, une collaboration Nasa/ESA, dont le lancement est prévu pour 2034.

AEI/MM/EXOZET; GW SIMULATION: NASA/C. HENZE

précisément leur origine (lire notre dossier

dans S. et A. n° 907). Pour l’heure,

aucune association trou blanc/sursaut

énergétique n’a pas encore été faite.

Notre univers serait une branche

d’un arbre inflationnaire

Autre tentative pour réconcilier gravitation

quantique et relativité générale : la

théorie des cordes. Le principe de base

consiste à décrire les particules comme

des cordelettes à une dimension. Leurs

propriétés (masse, charge…) découleraient

de différents modes de vibrations

dans 10 ou 11 dimensions d’espace, et

non pas seulement trois, les dimensions

supplémentaires étant repliées sur ellesmêmes.

L’ennui avec cette théorie, c’est

que selon la forme — ou « topologie » —

de ces dimensions recourbées, on peut

obtenir des univers aux propriétés physiques

très différentes du nôtre, avec

par exemple des photons dotés d’une

masse, une vitesse de la lumière plus

lente, etc. La théorie des cordes déboucherait

ainsi sur 10 500 configurations différentes,

autant d’univers possibles ! Avant

de faire des prédictions sur l’avant-Big

Bang, il faudrait donc trouver les bons

paramètres correspondant à notre univers.

À moins que plusieurs univers ne

cohabitent, ce qui résoudrait notre problème

de l’avant-Big Bang…

« Cette hypothèse correspond au multivers

selon la théorie des cordes, qui n’est

pas la seule théorie à l’envisager, développe

Olivier Minazzoli. Elle découle

du concept d’inflation éternelle imaginé

par Andreï Linde à l’université Stanford

(États-Unis) dès 1986. Selon lui, s’il y a eu

inflation une fois, elle peut surgir en tout

point de l’Univers, qui n’est plus unique.

Le multivers serait alors comme un arbre

inflationnaire, avec des branches où l’inflation

s’arrête. Nous serions l’une de ces

branches. Et chaque univers pourrait

avoir une physique différente. » Notre

Big Bang ne serait donc qu’un bourgeon

sur cet arbre inflationnaire. « Oui, mais

cela ne résout pas forcément la question

de la singularité initiale, complète en

souriant Olivier Minazzoli. Car le théo-

40 - Sciences et Avenir - La Recherche - Novembre 2022 - N° 909

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