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HISTOIRE
Reportage
FRANCESCO SIRANO
ARCHÉOLOGUE ET DIRECTEUR DU PARC ARCHÉOLOGIQUE D’HERCULANUM
« Une vaste partie de la ville se
trouve encore enfouie sous terre »
ALAMY/ZUMA PRESS/ PHOTO12.COM
En octobre 2021, vous avez annoncé
la découverte d’un squelette lors de
travaux d’entretien au niveau de
l’ancien rivage — celui d’un homme
qui avait sans doute tenté de fuir par
la mer. Il faut croire qu’il reste des
choses à découvrir à Herculanum.
Oh oui, bien des choses ! Nous savons
qu’une vaste partie de la ville se
trouve encore enfouie sous terre,
environ 75 % selon les estimations.
Nous n’avons par exemple jamais mis
au jour le forum, la place sur laquelle
se déroulait toute une partie de la vie
publique des cités romaines. Le souci,
c’est qu’il n’existe aujourd’hui plus
que deux zones où des fouilles sont
envisageables, tout simplement parce
que des logements encerclent le site :
le quartier sud-est d’Herculanum, où
se trouve aujourd’hui en surface un
jardin public, et la deuxième partie de
la palestre, fouillée à moitié et où l’on
pense que se trouvait le port.
Des fouilles sont-elles prévues ?
Nous pourrions envisager de creuser
à ces endroits, mais l’entreprise serait
bien ambitieuse avec la méthodologie
et les normes de sécurité actuelles
requises face à des vestiges
de cette fragilité. En somme,
nous ne pourrions jamais
reproduire ce qu’a
accompli si vite Amedeo
Maiuri, l’archéologue qui
a sorti de terre la
quasi-totalité
d’Herculanum entre
1927 et 1958. En
revanche, nous avons
fait la promesse
d’utiliser une donation
dans un but scientifique, et nous
sommes ainsi en train d’étudier
quelle petite portion d’Herculanum
déjà à découvert pourrait être fouillée
sans trop d’efforts d’ingénierie.
Le site est-il condamné à rester figé ?
Non, car heureusement, nous avons
de grands projets qui devraient
débuter d’ici à 2023, grâce au
financement de la fondation Packard.
Le premier concerne la restauration
de six des plus importantes maisons
(domus) d’Herculanum, fermées au
public depuis plus de quarante ans.
Le second consiste en la construction
d’une longue promenade le long de
l’antica spiaggia (la plage antique),
qui relierait les hangars à bateaux, où
l’on peut voir les squelettes,
à la villa des Papyrus. Le but de cet
aménagement est de mettre en
évidence le fait qu’Herculanum
est, là encore, la seule ville de
l’Empire romain à avoir préservé en
quasi-totalité son front de mer.
Enfin, nous venons de lancer
un appel d’offres pour la restauration
des thermes suburbains,
inaccessibles aujourd’hui mais qui,
par leur niveau de conservation,
sont un lieu unique
dans le monde ancien.
Propos recueillis par M. B.
« Herculanum est le seule ville
de l’Empire romain à avoir
préservé en quasi-totalité
son front de mer »