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Le conte de fées littéraire féminin de la fin du XVIIe siècle - Archipel

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Affichant <strong>la</strong> singu <strong>la</strong>rité d'une écriture féerique, les <strong>conte</strong>uses, comme le dé<strong>du</strong>it Raymon<strong>de</strong><br />

Robert, affirment ainsi « l'autonomie d'un discours dont le seul référent est déjà, lui-même,<br />

discours 472 ».<br />

Se comp<strong>la</strong>isant à dépeindre un univers merveilleux invraisemb<strong>la</strong>ble et artificiel, les<br />

<strong>conte</strong>uses revendiquent cependant leur appartenance au <strong>siècle</strong> cartésien qui prône une<br />

soumission à <strong>la</strong> raison. <strong>Le</strong> merveilleux est rationnalisé, les superstitions et croyances<br />

popu<strong>la</strong>ires raillées; sont glorifiées les vertus d'une connaissance qui seule assure un <strong>de</strong>stin<br />

heureux aux héros <strong>de</strong> <strong>conte</strong>s. L'alibi <strong>de</strong> <strong>la</strong> morale, qui tente <strong>de</strong> racheter le genre auprès <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

censure mais se révèle le plus souvent infondé, dissimule une dénonciation <strong>de</strong><br />

l'assujettissement <strong>de</strong>s femmes aux hommes. L'hégémonie masculine est <strong>conte</strong>stée tout autant<br />

sur un p<strong>la</strong>n familial, avec <strong>la</strong> critique <strong>de</strong> l'institution <strong>du</strong> mariage qui asservit <strong>la</strong> femme à son<br />

époux, que sur un p<strong>la</strong>n politique ou <strong>littéraire</strong>. <strong>Le</strong> <strong>conte</strong> <strong>de</strong> <strong>fées</strong> se fait alors le support <strong>de</strong><br />

revendications <strong>féminin</strong>es. Détaché <strong>de</strong> tout modèle et <strong>de</strong> toute norme <strong>littéraire</strong>s, il permet<br />

d'affirmer <strong>la</strong> qualité d'un style « <strong>féminin</strong>» sur lequel se fon<strong>de</strong> une esthétique « mo<strong>de</strong>rne ».<br />

L'entreprise <strong>de</strong> nos <strong>conte</strong>uses et <strong>de</strong> Perrault <strong>de</strong> faire « entrer» le genre en littérature coïnci<strong>de</strong><br />

alors avec leur volonté <strong>de</strong> légitimer l'accès <strong>de</strong>s femmes à un statut d'écrivain.<br />

472 Raymon<strong>de</strong> Robert, <strong>Le</strong> <strong>conte</strong> <strong>de</strong> <strong>fées</strong> <strong>littéraire</strong>, op. cil., p. 440.<br />

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