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Le conte de fées littéraire féminin de la fin du XVIIe siècle - Archipel

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souvent au <strong>de</strong>là d'une première lecture-écoute. Cependant, <strong>la</strong> signification <strong>du</strong> terme <strong>de</strong><br />

« fable» tel qu'on l'emploie aujourd'hui diffère <strong>de</strong> celle <strong>du</strong> XVII" <strong>siècle</strong> où, comme le<br />

rappelle Aurélia Gail<strong>la</strong>rd, il «évoquait en fait un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> fonctionnement général, celui<br />

d'une fiction qui pouvait prendre les traits <strong>de</strong> ce que désormais nous appelons un mythe, une<br />

fable ou un <strong>conte</strong>, une nouvelle l3l ».<br />

Il n'y a pas, au XVII" <strong>siècle</strong>, une stricte distinction générique entre le <strong>conte</strong>, <strong>la</strong> fable<br />

et <strong>la</strong> nouvelle et nombre <strong>de</strong> textes que <strong>la</strong> critique a regroupés sous le terme <strong>de</strong> « <strong>conte</strong>» ont, à<br />

leur origine, une appel<strong>la</strong>tion différente. Ainsi les récits <strong>de</strong> Ma<strong>de</strong>moiselle Lhéritier sont <strong>de</strong>s<br />

« <strong>conte</strong>s» ou <strong>de</strong>s « <strong>conte</strong>s <strong>de</strong> <strong>fées</strong>» sauf L'adroite princesse qui comporte l'appel<strong>la</strong>tion<br />

« nouvelle ». Perrault 132 , dans ses Contes en vers sous-titre Griselidis « nouvelle »,<br />

établissant peut-être ainsi une distinction entre <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tive vraisemb<strong>la</strong>nce présente dans cette<br />

<strong>de</strong>rnière et les <strong>de</strong>ux autres textes <strong>du</strong> recueil qu'il appelle « <strong>conte</strong>» où les éléments <strong>du</strong><br />

mervei lieux seraient plus <strong>du</strong> ressort d'une pure féérie 133. Même ambiguïté lorsqu' i1présente<br />

son recueil <strong>de</strong>s Histoires ou Contes <strong>du</strong> temps passé avec <strong>de</strong>s moralitez - dans lequel chaque<br />

texte à l'exception <strong>de</strong> La Barbe bleue est présenté comme un « <strong>conte</strong>» - à <strong>la</strong> fois comme <strong>de</strong>s<br />

« <strong>conte</strong>s faits à p<strong>la</strong>isir» et comme une collection <strong>de</strong> « fables l34 ». L'on retrouve chez La<br />

Fontaine le même rapprochement sémantique <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux termes « <strong>conte</strong>» et « fable» dans <strong>la</strong><br />

préface <strong>de</strong>s Amours <strong>de</strong> Psyché, dé<strong>fin</strong>ie par l'auteur comme une « fable contée en prose» puis<br />

comme un « <strong>conte</strong> [... ] plein <strong>de</strong> merveilleux l35 ».<br />

Si le <strong>conte</strong> <strong>de</strong> fée <strong>littéraire</strong> se dé<strong>fin</strong>it en partie grâce au mouvement créateur qu'il<br />

suscite, les commentaires que les auteurs joignent à leurs ouvrages ont également une<br />

dimension fondatrice à <strong>la</strong> naissance <strong>du</strong> genre. Perrault accompagne Grisélidis d'une postface,<br />

ses <strong>conte</strong>s en prose et en vers <strong>de</strong> 1694 et 1697 <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux préfaces et Ma<strong>de</strong>moiselle Lhéritier<br />

joint un discours à chacun <strong>de</strong> ses récits <strong>de</strong>s Œuvres mêlées <strong>de</strong> 1695, ouvrage incluant lui­<br />

même <strong>la</strong> « <strong>Le</strong>ttre à Mme D. G*** », un essai théorique sur le genre. Ces commentaires<br />

131 Aurélia Gail<strong>la</strong>rd, Fables, mythes, <strong>conte</strong>s, op. cit., p. 12.<br />

132 Voir l'édition présentée, établie et annotée par Jean-Pierre Collinet <strong>de</strong>s Contes <strong>de</strong> Charles Perrault,<br />

Paris, Gallimard, 1981.<br />

133 Sur les rapports entre les genres <strong>du</strong> <strong>conte</strong> et <strong>de</strong> <strong>la</strong> nouvelle, voir René Go<strong>de</strong>nne, La nouvelle<br />

française, Paris, P.U.F., 1974, p.333-345 et l'article <strong>du</strong> même auteur, « La nouvelle française ».<br />

Étu<strong>de</strong>s françaises, vol. 12, n° 1-2, 1976, p. 103-1 Il.<br />

134 Charles Perrault, Contes, op. cit., p. 49-50.<br />

135 Jean <strong>de</strong> La Fontaine, <strong>Le</strong>s amours <strong>de</strong> Psyché, Paris, Librairie générale française, 1991, p. 53.<br />

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