04.06.2013 Views

Le conte de fées littéraire féminin de la fin du XVIIe siècle - Archipel

Le conte de fées littéraire féminin de la fin du XVIIe siècle - Archipel

Le conte de fées littéraire féminin de la fin du XVIIe siècle - Archipel

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

aIson <strong>du</strong> XVW <strong>siècle</strong> 262 . Nombre <strong>de</strong> héros <strong>de</strong> <strong>conte</strong>s s'attachent à suivre <strong>de</strong>s principes<br />

moraux tels que <strong>de</strong>voir et honneur, idéaux qui se conforment au respect <strong>de</strong> l'ordre et à <strong>la</strong><br />

raison c<strong>la</strong>ssiques. C'est ainsi que Ma<strong>de</strong>moiselle Lhéritier décrit le personnage <strong>de</strong> Finette en<br />

vie 263<br />

ces termes: « <strong>la</strong> gloire lui était mille fois plus chère que <strong>la</strong> » et que Gracieuse,<br />

déclinant <strong>la</strong> proposition <strong>de</strong> mariage <strong>du</strong> prince, oppose à sa passion amoureuse <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong> se<br />

soumettre à l'autorité paternelle:<br />

Si j'étais <strong>la</strong> maîtresse <strong>de</strong> ma <strong>de</strong>stinée (... ] le parti que vous me proposez serait celui<br />

que j'accepterais: mais je suis comptable <strong>de</strong> mes actions au roi mon père; il vaut<br />

mieux souffrir que manquer à mon <strong>de</strong>voir 264 .<br />

<strong>Le</strong>s re<strong>la</strong>tions amoureuses <strong>de</strong>s personnages, subordonnées au <strong>de</strong>voir filial, sont<br />

également assujetties au respect <strong>de</strong> leur rang social. <strong>Le</strong>s héros <strong>de</strong> <strong>conte</strong>s - tout comme ceux<br />

<strong>de</strong>s romans -, personnages aristocratiques valorisés et idéalisés, doivent respecter l'usage<br />

re<strong>la</strong>tif au préjugé nobiliaire <strong>du</strong> XVII" <strong>siècle</strong> <strong>de</strong> ne pas se marier au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> son rang 265<br />

L'impossibilité <strong>de</strong> l'union entre personnages <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sses sociales différentes tisse <strong>la</strong> trame<br />

sentimentale <strong>de</strong>s <strong>conte</strong>s <strong>de</strong> <strong>fées</strong> inspirés <strong>du</strong> romanesque pastoral 266 dans lesquels<br />

princes/princesses, amoureux <strong>de</strong> bergers/bergères - qui ne sont bien sûr que <strong>de</strong>s fils et filles<br />

<strong>de</strong> rois méconnus ou déguisés -, doivent faire abstraction <strong>de</strong> leur passion pour se marier<br />

conformément au <strong>de</strong>voir imposé par leur rang.<br />

Si le retour à l'ordre que constitue <strong>la</strong> reconnaissance <strong>fin</strong>ale <strong>de</strong>s bergers comme<br />

princes aboutit à un dénouement heureux figuré par un mariage, maints <strong>conte</strong>s <strong>de</strong> <strong>fées</strong><br />

s'apparentent à <strong>de</strong> véritables drames d'amour et <strong>de</strong> jalousie causés par <strong>de</strong>s passions<br />

incontrô<strong>la</strong>bles et irraisonnées: <strong>la</strong> jeune Hébé, <strong>du</strong> <strong>conte</strong> « Anguillette » <strong>de</strong> Madame <strong>de</strong> Murat,<br />

épouse le Prince <strong>de</strong> l'Ile paisible après avoir été dé<strong>la</strong>issé par son amant; revoyant son ancien<br />

amour elle enf<strong>la</strong>mme <strong>la</strong> jalousie <strong>du</strong> prince; celui-ci tue l'amant, causant alors le suici<strong>de</strong><br />

262 Rappelons ici que le traité <strong>de</strong>s passions est publié en 1649. René Descartes, <strong>Le</strong>s passions <strong>de</strong> l'âme,<br />

Paris, H. <strong>Le</strong>gras, 1649.<br />

263 Ma<strong>de</strong>moiselle Lhéritier, « L'adroite princesse », Con/es, op. ci/., p. 105.<br />

264 Madame d'Aulnoy, « Gracieuse et Percinet », Con/es <strong>de</strong>s<strong>fées</strong>, op. ci/., p. 164.<br />

265 Rappelons le préjugé nobiliaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> reine-mère, dans le <strong>conte</strong> « La Princesse Belle-Étoile », qui se<br />

<strong>la</strong>mente lorsque son fils épouse « une fille <strong>de</strong> naissance si obscure ». Madame d'Aulnoy, « La<br />

Princesse Belle-Étoile », Contes, op. cit., p. 901. Sur l'institution <strong>du</strong> mariage au <strong>XVIIe</strong> <strong>siècle</strong>, voir F.<br />

<strong>Le</strong>brun, « <strong>Le</strong> mariage ». Ch. in La vie conjugale sous l'Ancien régime, Paris, A. Colin, 1998, p. 9-55.<br />

266 Trois <strong>conte</strong>s <strong>de</strong> Madame d'Aulnoy sont, à ce titre, significatifs <strong>de</strong> l'influence <strong>de</strong> <strong>la</strong> pastorale sur le<br />

genre merveilleux: « <strong>Le</strong> rameau d'or », « La Princesse Carpillon» et « <strong>Le</strong> pigeon et <strong>la</strong> colombe ».<br />

53

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!