Le conte de fées littéraire féminin de la fin du XVIIe siècle - Archipel
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Nous ne désirons plus <strong>la</strong> vue <strong>du</strong> soleil,<br />
Nous avons vu ce Prince,<br />
Il est plus beau et plus bril<strong>la</strong>nt que lui 289 .<br />
Comme le remarque Jacques Barchilon au sujet <strong>de</strong>s prénoms choisis par Madame<br />
d'Aulnoy dans « <strong>Le</strong> pigeon et <strong>la</strong> colombe», l'écriture allégorique, puisqu'elle est <strong>la</strong><br />
représentation imagée d'un concept, peut être économique: l'allégorie <strong>de</strong>s noms Constancio<br />
et Constancia figure <strong>la</strong> fidélité <strong>de</strong>s amants et évite ainsi <strong>de</strong> longues <strong>de</strong>scriptions<br />
psychologiques 29o • Ces différents exemples témoignent ainsi <strong>du</strong> fait que nos <strong>conte</strong>uses<br />
s'inspirent, pour l'écriture <strong>de</strong> leurs récits, <strong>du</strong> roman précieux, genre <strong>féminin</strong> par excellence,<br />
qui, comme nous l'avons déjà noté, est pourtant périmé à <strong>la</strong> <strong>fin</strong> <strong>du</strong> XVne <strong>siècle</strong>. Si <strong>la</strong><br />
longueur et <strong>la</strong> complexité <strong>de</strong>s intrigues qui le caractérisent sont en partie cause <strong>de</strong> cette<br />
désaffectation, ces mêmes propriétés romanesques survivent dans les <strong>conte</strong>s <strong>de</strong> <strong>fées</strong> bien que<br />
<strong>la</strong> tendance <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>fin</strong> <strong>du</strong> <strong>siècle</strong> soit à l'acheminement vers un genre <strong>de</strong> plus en plus court 291 .<br />
2.2.2 <strong>Le</strong> développement <strong>du</strong> sentiment<br />
Longueur et complexité narratives héritées <strong>du</strong> genre romanesque dé<strong>fin</strong>issent donc les<br />
<strong>conte</strong>s <strong>de</strong> <strong>fées</strong> <strong>féminin</strong>s <strong>de</strong> l'époque c<strong>la</strong>ssique, caractéristiques revendiquées, entre autres, par<br />
Madame <strong>de</strong> Murat dans « <strong>Le</strong> Voyage <strong>de</strong> campagne» où Saint-Urbin déc<strong>la</strong>re ajouter<br />
« quelques embellissements 292 }) au récit qu'elle a enten<strong>du</strong> et qu'elle ra<strong>conte</strong>. Même<br />
démarche <strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong> Ma<strong>de</strong>moiselle Lhéritier qui, s'adressant à Madame <strong>de</strong> Murat dans <strong>la</strong><br />
conclusion <strong>de</strong> « L'adroite princesse», inscrit son <strong>conte</strong> dans un style d'écriture ludique et<br />
délibérément volubile:<br />
Je vous avoue que je l' [le <strong>conte</strong>] ai brodée et que je vous l'ai contée un peu au long;<br />
mais quand on dit <strong>de</strong>s <strong>conte</strong>s, c'est une marque que l'on n'a pas beaucoup d'affaires;<br />
289 Madame <strong>de</strong> Murat, « <strong>Le</strong> parfait amour », Conles, op. cil., p. 74.<br />
290 Jacques Barchilon, <strong>Le</strong> conIe merveilleux, op. cil., p. 38-39.<br />
291 Voir René Go<strong>de</strong>nne, La nouvelle française, op. cil. et Jean-Paul Sermain, <strong>Le</strong> conIe <strong>de</strong> <strong>fées</strong> <strong>du</strong><br />
c<strong>la</strong>ssicisme aux Lumières, op. cil., p. 65.<br />
292 Madame <strong>de</strong> Murat, « <strong>Le</strong> Voyage <strong>de</strong> campagne », Conles, op. cil., p. 356.<br />
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