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Le conte de fées littéraire féminin de la fin du XVIIe siècle - Archipel

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ni monsieur ni madame qui ne s'en retournassent <strong>conte</strong>nts 365 ». Cependant, si nos <strong>conte</strong>uses<br />

s'amusent à mimer <strong>la</strong> tradition orale <strong>de</strong>s <strong>conte</strong>s popu<strong>la</strong>ires <strong>de</strong>stinés aux enfants, leurs récits,<br />

nous l'avons vu dans notre premier chapitre, sont à l'intention essentielle d'un public<br />

d'a<strong>du</strong>ltes mondains et ne s'intéressent que peu à <strong>la</strong> pédagogie enfantine: rappelons qu'outre<br />

leurs moralités généralement amorales ou immorales, les <strong>conte</strong>s, tel celui <strong>de</strong> Ma<strong>de</strong>moiselle<br />

Lhéritier « L'adroite princesse» qui rapporte trois tentatives <strong>de</strong> viol, développent souvent <strong>de</strong>s<br />

situations inappropriées à un jeune public 366 . Fausse innocence et infantilisme, tout comme <strong>la</strong><br />

revendication d'un argument moral qui cherche à légitimer le genre mais s'avère souvent<br />

infondé, constituent en fait un type <strong>de</strong> discours qui, en donnant l'apparence d'une littérature<br />

<strong>de</strong> pédagogie enfantine, déjoue <strong>la</strong> censure pour dénoncer valeurs et institutions fondées sur<br />

l'hégémonie masculine.<br />

3.2 La dénonciation <strong>de</strong> l'hégémonie masculine<br />

3.2.1 La critique <strong>du</strong> mariage<br />

Bien que <strong>la</strong> loi <strong>du</strong> genre ordonne un dénouement heureux pour les héros <strong>de</strong> <strong>conte</strong>s,<br />

nous assistons, dans certains cas, à un retournement <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure <strong>du</strong> récit dans lequel le<br />

méfait initial ne se voit pas réparé. Cet effet stylistique, propre aux <strong>conte</strong>s <strong>de</strong> Ma<strong>de</strong>moiselle<br />

Bernard et <strong>de</strong> Madame <strong>de</strong> Murat, est <strong>la</strong> marque d'un profond pessimisme <strong>de</strong>vant J'institution<br />

<strong>du</strong> mariage 367 . « <strong>Le</strong> Prince Rosier» se termine bien par le mariage <strong>du</strong> couple princier mais<br />

l'union est malheureuse. <strong>Le</strong> prince et <strong>la</strong> princesse subissent les affres <strong>de</strong> l'infidélité et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

365 Madame d'Aulnoy, « La Princesse Rosette », Contes <strong>de</strong>s <strong>fées</strong> , op. cit., p. 288.<br />

366 Dans sa lettre <strong>du</strong> 4 mars 1700, Madame <strong>de</strong> Maintenon comman<strong>de</strong> au Comte d'Ayen <strong>de</strong>s histoires<br />

pour les pensionnaires <strong>de</strong> Saint-Cyr el le prie « <strong>de</strong> ne pas <strong>de</strong>scendre aux <strong>conte</strong>s» dont elle juge les<br />

moralités douteuses. Auguste Geffroy, Madame <strong>de</strong> Maintenon d'après sa correspondance authentique.<br />

Choix <strong>de</strong> ses lettres et entretiens, Paris, Hachette, t. l, p. 32-33.<br />

367 Sur <strong>la</strong> question <strong>du</strong> mariage dans les <strong>conte</strong>s <strong>de</strong> <strong>fées</strong> <strong>féminin</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>fin</strong> <strong>du</strong> <strong>XVIIe</strong> <strong>siècle</strong>, voir:<br />

Marcelle Maistre WeJch, « La femme, le mariage, et l'amour dans les <strong>conte</strong>s <strong>de</strong> <strong>fées</strong> mondains <strong>du</strong><br />

XVW <strong>siècle</strong> français », Tübingen, PFSCL, 1983, vol. 10, n° 18; Sophie Raynard, « L'institution <strong>du</strong><br />

mariage ». Ch. in La secon<strong>de</strong> préciosité, op. cit., p. 427-441. Sur <strong>la</strong> question <strong>du</strong> dénouement dans les<br />

<strong>conte</strong>s <strong>de</strong> Ma<strong>de</strong>moiselle Bernard et <strong>de</strong> Madame <strong>de</strong> Mural, voir Sophie Raynard, « <strong>Le</strong>s <strong>fin</strong>s<br />

malheureuses <strong>de</strong>s conles <strong>de</strong> <strong>fées</strong>: une transgression <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi <strong>du</strong> genre ». Ch. in La secon<strong>de</strong> préciosité,<br />

op. cit., p. 203 -207.<br />

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