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Le conte de fées littéraire féminin de la fin du XVIIe siècle - Archipel

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légère, <strong>du</strong> début <strong>du</strong> règne. <strong>Le</strong>s gran<strong>de</strong>s fêtes royales se font plus rares, per<strong>de</strong>nt en<br />

magnificence et les courtisans dé<strong>la</strong>issent peu à peu Versailles pour se réunir désormais dans<br />

<strong>de</strong>s salons princiers tel celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> Duchesse <strong>du</strong> Maine, célèbre autant pour le faste que pour<br />

<strong>la</strong> frivolité <strong>de</strong>s distractions proposées.<br />

Inspiré <strong>de</strong> l'hôtel <strong>de</strong> Rambouillet et à vocation plus intellectuelle que celui <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Duchesse <strong>du</strong> Maine, le salon <strong>de</strong> Madame <strong>de</strong> Lambert 87 s'ouvre vers 1693 à Paris. Fortement<br />

marquée par le mouvement précieux <strong>de</strong> <strong>la</strong> génération précé<strong>de</strong>nte 88 , Madame <strong>de</strong> Lambert qu i<br />

reprochait à Molière d'avoir jeté le discrédit sur l'érudition <strong>féminin</strong>e 89 , s'intéresse<br />

particulièrement, comme nombre d'écrivains <strong>de</strong> <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> moitié <strong>du</strong> <strong>XVIIe</strong> siècJe 90 , à <strong>la</strong><br />

question <strong>de</strong> l'instruction <strong>de</strong>s femmes. Elle-même auteure <strong>de</strong> réflexions sur l'é<strong>du</strong>cation et <strong>la</strong><br />

morale <strong>féminin</strong>es 91 , Madame <strong>de</strong> Lambert accueille dans son salon <strong>de</strong>s personnalités <strong>littéraire</strong>s<br />

telles que Fontenelle, Fénelon, ou <strong>de</strong>s femmes telles que Mesdames d'Aulno/ 2 ou <strong>de</strong> Murat,<br />

Ma<strong>de</strong>moiselle <strong>de</strong> <strong>la</strong> Force ou Catherine Bernard, qui se connaissent et s'apprécient 93 - Linda<br />

Timmermans note qu' « il s'agit là <strong>de</strong> réseaux d'amitiés comparables aux réseaux<br />

précieux 94 ». Profitant <strong>de</strong> l'ému<strong>la</strong>tion intellectuelle <strong>de</strong>s salons, ces femmes vont s'essayer à<br />

l'écriture <strong>de</strong> <strong>conte</strong>s <strong>de</strong> <strong>fées</strong> dont il s'agit ici <strong>de</strong> retracer <strong>la</strong> naissance <strong>du</strong> genre a<strong>fin</strong> <strong>de</strong><br />

comprendre comment ils sont <strong>de</strong>venus le support privilégié d'une écriture <strong>féminin</strong>e en quête<br />

<strong>de</strong> reconnaissance.<br />

87 Sur Madame <strong>de</strong> Lambert et son salon, voir Roger Marchal, Mme <strong>de</strong> Lambert et son milieu, Oxford,<br />

The Voltaire Foundation, 1991.<br />

88 Voir Roger Marchal, Mme <strong>de</strong> Lambert et son milieu, op. cil., 3 e partie, « Une nouvelle préciosité ».<br />

89 À propos <strong>de</strong>s Femmes savantes, Madame <strong>de</strong> Lambert déc<strong>la</strong>re: « Si l'on passe aux hommes l'amour<br />

<strong>de</strong>s lettres, on ne le pardonne pas aux femmes ». Madame <strong>de</strong> Lambert, Réflexions sur les femmes. ln<br />

Œuvres, H. Champion, 1990, p. 214.<br />

90 Notons parmi les traités d'é<strong>du</strong>cation qui fleurissent au <strong>XVIIe</strong> <strong>siècle</strong>: Poul<strong>la</strong>in <strong>de</strong> <strong>la</strong> Barre, De<br />

l'é<strong>du</strong>cation <strong>de</strong>s dames pour <strong>la</strong> con<strong>du</strong>ite <strong>de</strong> l'esprit dans les sciences et dans les mœurs, Paris, 1. <strong>du</strong><br />

Puis, 1674 et Fénelon, De l'é<strong>du</strong>cation <strong>de</strong>s jilles, Paris, P. Aubouin, 1687. Certains <strong>conte</strong>s ont<br />

également une visée pédagogique, voir: Ma<strong>de</strong>moiselle Lhéritier, « <strong>Le</strong>s enchantements <strong>de</strong><br />

l'éloquence », « <strong>Le</strong>s aventures <strong>de</strong> Finette », Œuvres meslées, Paris, J. Guignard, 1696.<br />

91 Nous pensons à l'Avis d'une mère à sa jille, publié en 1728 et aux Réflexions nouvelles sur les<br />

femmes par une dame <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong> France, ou Métaphysique d'amour, publiées en 1727. Madame <strong>de</strong><br />

Lambert, Œuvres, op. cit.<br />

92 Madame d'Aulnoy et Ma<strong>de</strong>moiselle Lhéritier animent également leur propre salon.<br />

93 Voir Mary Elisabeth Storer, La mo<strong>de</strong> <strong>de</strong>s <strong>conte</strong>s <strong>de</strong> <strong>fées</strong> , op. cit., notamment p. 257.<br />

94 Linda Timmermans, L'accès <strong>de</strong>sfemmes à <strong>la</strong> culture, op. cit., p. 219.<br />

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