14 Dans le “ Deuxième intermède ”, tout un développement élogieux sur le parti communiste figurant dans la mise au net manuscrite est également supprimé dans la version définitive du livre : “ Argémone - Et s’il vous fallait prendre parti. S’il vous fallait choisir un parti. Lequel choisiriez-vous ? Persicaire - Le parti communiste. C’est le seul qui possède une raison d’être. La raison d’être des autres est de le combattre, ce qui n’en est pas une ”. Développement que pouvait justifier l’amitié de Cocteau pour Aragon et pour Picasso, mais dont la dimension trop étroitement politique pouvait choquer. Ce dossier permet d’appréhender facilement la méthode de travail de Cocteau. On s’aperçoit notamment que les propos rapportés de <strong>Jean</strong> Marais ; figurant en italique dans l’édition originale ne figurent que partiellement dans les brouillons et qu’ils résultent de notes prises par l’écrivain à l’écoute de son ami. Cet ensemble confirme magnifiquement l’infinie souplesse du poète et la variété de ses dons : dessins, poèmes, dialogues, voisinent avec le discours critique, mieux, dialoguent avec lui. On comprend parfaitement que Cocteau ait tenu à inscrire <strong>Jean</strong> Marais par <strong>Jean</strong> Cocteau dans l’une des rubriques de sa poésie : la “ Poésie critique ”. Voir reproductions ci-contre et page 21 17. COCTEAU (<strong>Jean</strong>). “ Œdipus Rex ”. Manuscrit autographe à l’encre noire, 2 pages in-4 avec petites déchirures et manques qui n’altèrent pas le contenu du texte. 500/600 PRÉCIEUX TEXTE INÉDIT. Le premier feuillet porte le titre, inséré dans une sorte de cartouche dessiné : “ Œdipus Rex Opéra tragique de <strong>Jean</strong> Cocteau et Igor Sravinsky, d’après Sophocle. Décor et costumes de Théodore Stravinsky ” et les indications suivantes : “ Hôtel Welcome - Villa des Roses, Villefranche - Montboron. Villefranche-sur-mer Octobre 1925 - janvier - février - mars 1926 ”. Le second feuillet donne une description précise du décor. Ce texte n’a pas été repris dans la version imprimée de l’œuvre. Document de toute importance sur la genèse de cette œuvre par sa date (1925-1926), les lieux où elle a été conçue (le mythique hôtel Welcome à Villefranche et la Villa des Roses, propriété de Coco Chanel) et pour les précieuses indications qu’il fournit sur le décor et les costumes. Quelques corrections intéressantes, notamment : “ Le décor sera grandiose, un vrai décor d’opéra, mais avec un air de foire ” qui devient : “ un air de pièce montée ”. Document d’une grande rareté car on dispose de très peu d’éléments sur la genèse d’Œdipus Rex. Voir reproduction page 21 18. COCTEAU (<strong>Jean</strong>). Manuscrit autographe à l’encre bleue, une page in-8, sur un sac “ Pour le mal de l’air ” d’Air France. 500/600 TEXTE INÉDIT. Ces lignes, qui portent le titre “ Note ”, sont rédigées au retour d’Amsterdam où il vient de présenter, son film “ Orphée ”. Cocteau réagit violemment aux critiques de la presse parisienne qui manifestent incompréhension et mépris à l’égard de ses œuvres. Les allusions au rideau de Phèdre, ballet sur une musique de Georges Auric dont Cocteau a écrit l’argument, permettent de dater ce texte de juin 1950. 19. COCTEAU (<strong>Jean</strong>). “ Le Portrait de Dorian Gray ” 1951. Manuscrit autographe au stylo à bille et à l’encre bleue, 6 ff. in-4 (270 x 210 mm) écrit au verso. 800/1.000 TEXTE ENTIÈREMENT INÉDIT. – 1ère p. : Présentation du ballet, sans doute destinée au programme : “ Le célèbre roman d’Oscar Wilde Le portrait de Dorian Gray a connu la gloire et l’ombre mais ceux qui aiment la beauté des œuvres et du monde le lisent toujours. Ce ballet résume et mêle les thèmes du roman ”. – Les pages 2 à 5 donnent l’argument détaillé du ballet. Dès 1912, <strong>Jean</strong> Cocteau avait écrit, en collaboration avec son ami Jacques Renaud, une pièce tirée du roman de Wilde. Il était lui-même attiré par ce roman et plus encore par la personnalité d’Oscar Wilde qu’il évoque à plusieurs reprises dans son œuvre. L’idée d’un ballet sur Le Portrait de Dorian Gray revient à Paul Goubé, chef chorégraphe à l’Opéra-comique où le danseur George Reich, alors lié à <strong>Jean</strong> Marais, était engagé en 1951. Les deux amis, suivant le conseil d’Henri Sauguet, demandèrent au compositeur américain Ned Rorem d’écrire la musique de ce ballet dont la première et unique représentation, financée par Alberto Puig, un ami espagnol de <strong>Jean</strong> Cocteau, eut lieu à Barcelone en mai 1952. <strong>Jean</strong> Marais avait réalisé les décors et les costumes et jouait le rôle du portrait-conscience tandis que George Reich tenait celui de Dorian. L’œuvre qui n’eut pas de succès n’a jamais été reprise depuis cette date et les témoins de cette malheureuse aventure artistique sont restés très discrets sur cet échec.
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