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Jean - artus Enchères

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ANCIENNE COLLECTION<br />

GUILLAUME APOLLINAIRE<br />

ET À DIVERS<br />

1. APOLLINAIRE (Guillaume). “ La Colombe poignardée et le jet d’eau, en souvenir de Nice en<br />

Novembre 1914 ”. Calligramme autographe, à l’aquarelle verte ; une page in-4 [23,5 x<br />

31 cm] ; pliure horizontale avec très petite fente. 45.000/50.000<br />

“LA COLOMBE POIGNARDÉE ET LE JET D’EAU ” est sans doute le célèbre et le plus beau Calligramme d’Apollinaire.<br />

Sa position centrale dans “ Etendards ”, la deuxième section de “ Calligrammes, poëmes de la paix et de la guerre<br />

(1913-1916) ”, lui donne une signification particulière. Il est en effet à cheval sur le passé heureux du poëte et<br />

sur le présent lourd de menace. Placé sous le signe du souvenir mélancolique et du présent douloureux ce<br />

magnifique poëme prouve aux tenants d’un Apollinaire peint trop souvent encore sous les traits d’un va-t-en<br />

guerre inconscient et joyeux que le poëte n’est pas resté étranger aux souffrances de la guerre, même s’il les a<br />

métamorphosées. L’amour est mort comme la paix figurée par cette colombe poignardée (dont on rappellera<br />

qu’elle est une espèce de pigeon originaire des Philippines) et le laurier réservé aux combattants a lui aussi<br />

partie liée avec la mort. On observera de ce point de vue la dimension quasi prophétique du dernier vers en<br />

rappelant la blessure qui frappera Apollinaire lui-même en 1916 sur le front de la guerre.<br />

On ne connaît pas, à l’heure actuelle, d’autre version manuscrite de ce poëme et celle-ci, qui ne présente aucune<br />

variante par rapport au texte de l’édition originale dans “ Calligrammes ”, apparaît comme très au point. Il ne<br />

s’agit pas, selon toute apparence, de l’état destiné à l’impression, aucune indication à l’usage du typographe ne<br />

figurant ici, contrairement à ce qui pu être observé sur d’autres manuscrits du même livre.<br />

Ce poëme a dû être “ dessiné ”, au début de son séjour à Nîmes, où il arrive le 6 Décembre 1914 ; en tout état<br />

de cause il est achevé le 24 Décembre, comme en témoigne ce qu’il écrit ce jour-là à son ami André Rouveyre :<br />

“ Vos colombes m’ont fait plaisir. J’ai fait un poëme en forme de colombe poignardée que je vous montrerai après<br />

la guerre ”.<br />

Ce texte est un véritable poëme-bilan où Apollinaire fait le point sur sa vie sentimentale et affective. Voici que<br />

défilent d’abord les femmes aimées : Annie Playden, Marie Laurencin et Maryse Dubois. Puis, vient le cortège<br />

des amis : René Dalize, Max Jacob, André Billy, André Derain, Georges Braque, Maurice Raynal et Maurice<br />

Cremnitz.<br />

Le poëme est une réussite autant pour l’œil que pour l’oreille. Il faut bien reconnaître, en effet, que cet accord<br />

d’un texte et d’une image s’est rarement réalisé dans les autres calligrammes avec autant de bonheur que dans<br />

ce poëme. L’image fixe de façon harmonieuse dans l’espace de la page le double mouvement de l’oiseau et du<br />

jet d’eau : Rêve illusoire et pathétique d’un temps arrêté. Simultanément le texte joue habilement sur l’emploi<br />

de vers pairs et impairs, rimés ou simplement assonancés pour produire cette musique élégiaque qui est la<br />

marque la plus évidente du génie d’Apollinaire, musique qui s’accorde parfaitement dans “ La Colombe ”.<br />

Provenance : ANCIENNE COLLECTION GUILLAUME APOLLINAIRE.<br />

Voir reproduction<br />

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