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garderai sur moi, même pour dormir. On ne sait jamais ce qui peut s’en prendre à nous, par ici.
Elle fit glisser la lame dans son fourreau, mais arrêta son geste en plein milieu.
—Mais comment ont-ils su que j’étais là ? s’étonna-t-elle enfin. Cela ne fait que trois nuits que nous
occupons cette demeure et nous avons bien pris garde à dissimuler notre présence. Combien de personnes
savent-elles que nous sommes là ?
—Hermione et toute sa maisonnée, répondit Ulrika en s’interrogeant elle aussi. Madame Dagmar,
Rodrik… C’était les seules personnes présentes lorsqu’Hermione nous a donné l’ordre de nous rendre
chez le maître de guilde.
Gabriella fronça les sourcils.
—Eh bien, j’espère que ce n’est aucune de ces personnes, mais il est possible que l’une d’elles ait
parlé par mégarde à quelqu’un qui ne nous veut pas que du bien.
—Ils peuvent aussi disposer d’espions qui surveillent la maison d’Hermione, proposa Ulrika. Il est
possible que nous ayons été suivies.
Gabriella hocha la tête en avançant la bouche.
—Je préfèrerais cette hypothèse. Elle a le mérite d’écarter celle de la trahison…
Elles entendirent des bruits de bottes dans l’escalier et Ulrika bondit pour ramasser son sabre et se
préparer au combat. Gabriella tira sa dague.
Rodrik se rua par la porte ouverte des appartements, l’épée à la main. Il s’arrêta net et regarda les
dégâts, puis vers la comtesse.
—Maîtresse ! s’écria-t-il en se précipitant vers elle au milieu des meubles brisés. Que s’est-il passé
ici ? Êtes-vous blessée ? s’inquiéta-t-il en voyant sa manche rougie par le sang.
—N’ayez crainte, le rassura Gabriella. Je suis presque indemne.
—Mais qui a fait ça ? interrogea Rodrik.
—C’est notre fameux meurtrier, expliqua Ulrika. Il a tenté de faire une nouvelle victime.
Rodrik jura entre ses dents et se tourna vers Gabriella.
—Voilà ce qui se passe quand vous faites de moi un vulgaire messager ! J’aurais dû me trouver à vos
côtés !
La comtesse lui envoya un gentil sourire et lui caressa la joue.
—Il est mieux que vous n’ayez pas été là, mon ami. Car vous seriez mort vous aussi, comme cette
pauvre Imma.
—Mais je suis votre champion ! protesta-t-il. Il est de mon devoir de vous protéger ! Il jeta un coup
d’œil vers Ulrika. Un espion en est bien incapable, ajouta-t-il.
Gabriella lui prit le bras.
—Il se pourrait que vous ayez votre chance, lui dit-elle. Cette chose veut toutes nous tuer et sa retraite
de ce soir n’est que temporaire.
Elle leva les yeux vers lui.
—En attendant, il est une chose que vous pouvez faire pour moi. Si vous voulez bien découvrir votre
cou, il me reste quelques blessures à soigner.
Rodrik leva les mains vers sa collerette, mais s’arrêta, puis fronça les sourcils.
—Non, maîtresse, dit-il en reculant d’un pas. Il ne serait pas bien que je sois affaibli alors que vous
êtes toujours en danger. Je vais aller chercher le cocher d’Aldrich, s’il n’est pas mort lui aussi.
Gabriella fut stupéfaite de se voir désobéir, puis elle finit par hocher la tête.
—Vous avez raison. J’ai besoin de vous en pleine possession de vos moyens. Allez-y donc, mais faites
vite.
—Très bien, madame la comtesse.