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attitudes plus ou moins nonchalantes et les surveillant de leurs regards endormis. Les yeux de Famke,
pour sa part, étaient bien ouverts. Elle se tenait en compagnie d’Otilia, à quelques respectueux pas en
arrière de sa maîtresse, ses mains serrées l’une dans l’autre.
Il planait dans l’air quelque chose de menaçant et la main d’Ulrika alla d’elle-même chercher la
poignée de son sabre à sa ceinture, poignée que bien entendu elle ne trouva pas. Elle regarda Gabriella,
mais la comtesse ne semblait pas avoir remarqué cette tension, du moins n’en montra-t-elle aucun signe.
—Ma sœur, dit-elle. Rodrik m’a transmis la terrible nouvelle. Je partage votre douleur.
—Menteuse ! ricana Hermione.
Gabriella leva les yeux.
—Je vous demande pardon ?
Hermione abandonna sa posture rigide et pointa vers la comtesse un doigt accusateur.
—Je sais qui vous êtes, maintenant ! Je sais ce que vous avez fait ! Vous êtes complice du meurtre de
Madame Dagmar ! Elle jeta un regard meurtrier à Ulrika. Vous et votre assassin kislévite vous êtes
liguées avec Mathilda et ses coupeurs de gorge !
Ulrika était stupéfaite. Hermione était-elle devenue folle ?
Gabriella éclata de rire.
—Ne soyez pas ridicule, voyons. Qu’est-ce qui a pu vous mettre cette idée démente en tête ?
Hermione leva le menton et plissa des yeux.
—Auriez-vous le toupet de nier les évidences, von Carstein ?
Gabriella ne rigolait plus du tout, sa contenance tout en retenue commençait à s’effriter.
—Comment m’avez-vous appelée ?
Hermione désigna sa gouvernante.
—C’est Otilia qui m’a rappelé votre héritage, que vous avez plus de sang de Vashanesh que de notre
reine, ricana-t-elle. J’ai tout d’abord cru que vous n’en vouliez qu’à ma propre position, que vous
n’aspiriez qu’à vous élever aux yeux de notre reine en marchant sur mon cadavre, mais j’ai depuis
compris que j’avais tort. Vous avez révélé votre vraie nature. Vous voulez toutes nous détruire pour la
gloire de la Sylvanie, tuer les Lahmianes de Nuln et imprégner cette terre de tant de suspicion et de
superstition que notre sororité ne puisse plus jamais y prendre pied. Eh bien, votre plan a échoué, von
Carstein. C’est même ici qu’il va prendre fin.
—Hermione, tenta Gabriella. C’est de la pure folie. J’ai déjà démontré il y a bien longtemps que ma
loyauté était indiscutable et j’en ai apporté des preuves à plusieurs reprises. Vous le savez très bien.
Vous étiez là, d’ailleurs !
—Les loyautés évoluent, ma sœur, répondit Hermione en commençant à leur tourner autour. Les
jalousies peuvent resurgir quand on est exilée dans un trou perdu durant plus d’un siècle. Et vous avez
donc conspiré en secret avec Mathilda pour toutes nous tuer et utiliser cette enquête pour diriger les
soupçons sur de fausses pistes.
Gabriella fronça les sourcils.
—Êtes-vous en train de dire que Mathilda est elle aussi une von Carstein ?
—Elle peut se transformer en loup, rétorqua Hermione. Aucune Lahmiane ne dispose de ce pouvoir !
Gabriella secoua la tête de stupéfaction.
—Vous avez perdu l’esprit, ma sœur. Je comprends cela, après ces quatre meurtres. Cela aurait plongé
n’importe qui dans la frayeur, mais vous devez vous calmer et réfléchir. M’accuser ne mènera à…
—Ne jouez pas à ce petit jeu avec moi ! siffla Hermione. Je ne vais pas à nouveau me laisser endormir
par vos belles paroles ! Mathilda et vous avez été contre nous depuis le début !
—Mais c’est totalement faux ! se défendit la comtesse. Vous n’avez aucune preuve !