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entouraient la cour, ainsi que les individus louches qui en<strong>ce</strong>rclaient le carrosse. Ses yeux s’ouvrirent<br />
davantage à chaque seconde.<br />
—Sommes-nous en sécurité ici, maîtresse ? s’inquiéta-t-elle.<br />
—En sécurité ? répondit Gabriella. Je ne dirais pas <strong>ce</strong>la. Mais jusqu’à présent, nous avons été mieux<br />
reçues dans <strong>ce</strong>t endroit que dans les salons pompeux d’Hermione. Avec de la chan<strong>ce</strong>, on nous prêtera<br />
<strong>au</strong>ssi une oreille plus attentive.<br />
Ulrika et elle mirent leur voile en pla<strong>ce</strong> et des<strong>ce</strong>ndirent du carrosse, laissant Lotte à l’intérieur, puis<br />
elles suivirent une nouvelle fois la fille rousse qui les entraîna à travers le labyrinthe de confusion sous<br />
La Tête de Loup, et enfin par la porte dissimulée de l’opulent boudoir de Madame Mathilda. Elles durent<br />
attendre alors que leur guide disparaissait par une <strong>au</strong>tre issue et discutait avec une servante, puis la porte<br />
se rouvrit et Mathilda en personne se montra enfin, pieds nus et ses charmes débordant presque d’une<br />
robe en satin rouge. Ses cheveux, une généreuse crinière noire, étaient enroulés sous un foulard rose.<br />
—Mes bonnes dames, croassa-t-elle en approchant avec un regard brumeux. Il semble que vous me<br />
surpreniez toujours <strong>au</strong> plus m<strong>au</strong>vais moment.<br />
Elle se laissa tomber dans un large f<strong>au</strong>teuil, sa robe s’ouvrit légèrement, dévoilant une cuisse replète.<br />
—Et qu’est-<strong>ce</strong> qui vous amène, <strong>ce</strong>tte fois-ci ? C’est pour me dire qu’Hermione va venir me chercher ?<br />
—Elle pourrait très bien le faire, en effet, répondit Gabriella. Mais nous sommes venues ici chercher<br />
refuge et obtenir de l’aide, car il semble qu’elle ait décidé que nous soyons nous <strong>au</strong>ssi ses ennemies.<br />
Mathilda ouvrit de grands yeux en entendant <strong>ce</strong>la.<br />
—Vous m’en direz tant ! Vous avez essuyé la boue de vos bottes sur ses tapis, ou quoi ?<br />
Gabriella sourit à <strong>ce</strong>tte far<strong>ce</strong> et secoua la tête.<br />
—Elle croit que nous avons conspiré avec vous pour éliminer toutes nos <strong>au</strong>tres sœurs dans <strong>ce</strong>tte cité et<br />
voudrait bien nous exécuter pour <strong>ce</strong>la sans même attendre un procès. Nous avons dû nous battre pour nous<br />
échapper de chez elle. Elle serra les lèvres avant de poursuivre. Madame Dagmar est morte elle <strong>au</strong>ssi,<br />
saviez-vous ?<br />
Mathilda hocha la tête.<br />
—Les chasseurs de sorcières ont bouclé son établissement. Nous avons récupéré ses clients les moins<br />
regardants. Tuée en rentrant de notre petite entrevue, n’est-<strong>ce</strong> pas ? C’est vous ?<br />
Gabriella leva un sourcil.<br />
—S’il fallait que je tue toutes mes sœurs à Nuln, Dagmar n’<strong>au</strong>rait pas été la première sur ma liste.<br />
Mathilda afficha un regard sérieux.<br />
—Pas sur la mienne non plus. Et donc, allons-nous donner à Hermione <strong>ce</strong> qu’elle cherche et partir en<br />
guerre contre elle ?<br />
—Non, répondit Gabriella. C’est précisément pour prévenir une guerre que je suis venue ici, ajouta-telle<br />
en s’avançant. Nous devons découvrir le vrai meurtrier dès que possible, avant qu’Hermione ne<br />
puisse rassembler ses for<strong>ce</strong>s. Si nous pouvons lui apporter des preuves de la culpabilité de quelqu’un<br />
d’<strong>au</strong>tre, je pense que même <strong>ce</strong>tte affaire peut être réglée.<br />
—Pardonnez-moi, maîtresse, intervint Ulrika en fronçant les sourcils. Vous désirez étouffer tout <strong>ce</strong>ci ?<br />
Elle vous a attaquée ! Je comprends que vous ne vouliez pas déclencher une guerre, mais vous devriez <strong>au</strong><br />
moins prévenir la reine de <strong>ce</strong> qu’elle a fait. Vous devriez obtenir la permission de la tuer.<br />
Gabriella posa sa main sur <strong>ce</strong>lle d’Ulrika.<br />
—Je vais bien entendu tout expliquer à la reine, mon enfant, mais il n’en sortira rien. Nous ne sommes<br />
pas assez nombreuses pour qu’elle puisse se permettre de faire exécuter ses filles pour <strong>ce</strong> genre de<br />
différend.<br />
—Et nous sommes même quatre de moins, précisa Mathilda.