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—Alors, enchaînez-moi également ! cria-t-elle. Elle déboucla le <strong>ce</strong>inturon soutenant son épée, puis le<br />
jeta de côté. Je dispose de preuve de leur inno<strong>ce</strong>n<strong>ce</strong> ! ajouta-t-elle en levant les mains.<br />
L’homme à l’arbalète fronça les sourcils, in<strong>ce</strong>rtain, puis il interrogea quelqu’un sur sa g<strong>au</strong>che.<br />
—J’imagine qu’il v<strong>au</strong>t mieux les avoir toutes, lui répondit une voix cachée par le mur.<br />
L’arbalétrier acquiesça, puis il se retourna vers Ulrika.<br />
—À genoux, mains sur la tête !<br />
Ulrika fit <strong>ce</strong> qu’on lui ordonnait, puis attendit que le portail s’ouvre en grinçant, toujours menacée par<br />
le garde et son trait à pointe d’argent. Trois <strong>au</strong>tres hommes sortirent de derrière le mur, Ulrika en<br />
reconnut un comme appartenant <strong>au</strong>x gens d’Hermione, mais les deux <strong>au</strong>tres portaient des tenues de<br />
chasseurs et semblaient être des personnes affectées en permanen<strong>ce</strong> à <strong>ce</strong> domaine. L’un d’eux avança en<br />
tenant de solides menottes. Deux <strong>au</strong>tres posèrent leurs lames sur la gorge d’Ulrika pendant que le premier<br />
lui emprisonnait les poignets.<br />
Une fois les menottes en pla<strong>ce</strong>, les chasseurs la remirent sur ses pieds et lui firent signe de franchir le<br />
portail. Il se referma derrière eux, les deux chasseurs l’accompagnèrent sur le petit chemin, pendant que<br />
les deux gentilshommes restaient pour garder l’endroit.<br />
Ulrika testa discrètement les menottes tout en marchant, tirant sur la chaîne qui reliait les deux<br />
bra<strong>ce</strong>lets. Elle semblait plutôt résistante. Elle se dit qu’elle pourrait la rompre si elle le voulait, mais<br />
<strong>ce</strong>la lui prendrait un peu de temps. Elle soupira. Si Dame Hermione voulait bien jeter un œil à <strong>ce</strong>tte note<br />
qu’elle avait avec elle et écoutait <strong>ce</strong> qu’elle avait à dire, tout rentrerait dans l’ordre, mais si elle voulait<br />
s’obstiner et refuser <strong>ce</strong>s éviden<strong>ce</strong>s, alors Ulrika marchait tout simplement droit à sa mort, car elle serait<br />
dans l’incapacité de se défendre à c<strong>au</strong>se de <strong>ce</strong>s liens.<br />
Le chemin se tortilla entre des bosquets touffus et des arbres penchés <strong>au</strong>-dessus de lui, et commença à<br />
monter pour dévoiler un manoir à toit d’ardoises qui s’élevait <strong>au</strong> sommet de la petite colline et dont la<br />
silhouette rustique se découpait sur le ciel nocturne. L’extrémité g<strong>au</strong>che du bâtiment semblait être un<br />
ancien donjon, avec ses pierres brutes et ses meurtrières, sans doute remontait-il à une époque très agitée.<br />
Les parties plus ré<strong>ce</strong>ntes étaient bien plus agréables et ouvertes. La porte d’entrée était précédée d’un<br />
perron à larges marches de marbre et surplombée d’un élégant balcon, l’aile droite avait été construite<br />
dans un style très tiléen, avec de grandes baies vitrées qui devaient bien faire deux fois la taille d’Ulrika.<br />
Pourtant, malgré la be<strong>au</strong>té un peu rustique de l’endroit et la dou<strong>ce</strong> lumière qui sortait des nombreuses<br />
fenêtres, l’ensemble restait très peu accueillant. Non, <strong>ce</strong> n’était pas vraiment <strong>ce</strong>la. En fait, il était trop<br />
accueillant, comme un serpent géant attendant à l’entrée de sa tanière et attirant les imprudents avec son<br />
regard hypnotique et ses écailles irides<strong>ce</strong>ntes pour mieux les enserrer dans ses anne<strong>au</strong>x et les avaler en<br />
une seule bouchée.<br />
Un <strong>au</strong>tre garde de faction ouvrit la porte et les deux chasseurs poussèrent Ulrika dans un hall d’entrée<br />
qui se prolongeait par un h<strong>au</strong>t couloir et se terminait par une double porte richement boisée. Elle<br />
per<strong>ce</strong>vait une conversation animée provenant de derrière <strong>ce</strong>lle-ci.<br />
Les chasseurs la conduisirent jusqu’à <strong>ce</strong>tte double porte, puis ils y frappèrent discrètement. L’un des<br />
battants s’ouvrit et Otilia, la gouvernante, passa la tête.<br />
—Oui ?<br />
—Le rejeton de la comtesse Gabriella, Fr<strong>au</strong> Otilia, annonça le premier garde.<br />
Otilia toisa Ulrika de la tête <strong>au</strong>x pieds d’un regard froid, puis elle afficha un petit sourire plus glacé<br />
encore.<br />
—Allez la mettre avec les <strong>au</strong>tres, dit-elle, puis elle s’écarta et ouvrit le deuxième battant.<br />
Les chasseurs poussèrent Ulrika dans une salle <strong>au</strong>x somptueuses boiseries, richement meublée et<br />
éclairée par un large lustre de cristal suspendu <strong>au</strong> plafond. Devant elle, de vastes baies vitrées donnaient