Télécharger ce livre au format PDF

Gabriella se tourna vers elle.
—Ma sœur, dit-elle avec calme, mais fermeté. J’ai été envoyée ici pour enquêter. Je dois y aller.
Hermione leva le menton.
—Vous avez été envoyée ici pour m’assister. Et j’ai une autre mission à vous confier.
—Une autre mission ? s’étonna Gabriella. Je suis là pour aider à régler cette crise, pas pour…
—Et c’est ce que vous allez faire, la coupa Hermione. L’époux d’Alfina, le maître de guilde Aldrich,
est un pourvoyeur de sang, mais il n’est pas amoureux de nous autres comme il l’était d’elle. Sa réaction
quand il apprendra la mort d’Alfina risque d’être terrible. Il pourrait commencer à parler ou même aller
directement trouver les chasseurs de sorcières. Il faut le faire taire. Allez le trouver et réconfortez-le.
Elle s’autorisa un léger sourire. En fait, il serait même préférable que vous vous installiez là-bas plutôt
qu’ici. J’ai toujours besoin de savoir ce qui se passe parmi les guildes. Otilia vous donnera l’adresse,
termina-t-elle avec un geste de la main.
Gabriella se redressa et sembla sur le point d’objecter, mais elle finit par s’incliner.
—Très bien. C’est en effet nécessaire. Je vais faire ainsi, mais je vous rendrai régulièrement visite.
Elle se tourna à nouveau vers les marches. Venez, mes chers. Nous avons du travail.
Rodrik et Ulrika lui emboîtèrent le pas, quand cette dernière passa devant Famke, celle-ci lui adressa
un signe d’au revoir. Ulrika lui répondit avec un petit sourire. Quel dommage qu’il semble qu’elles soient
toutes deux dans des factions rivales.
—La peste soit de cette maudite estalienne ! siffla Gabriella une fois qu’Ulrika, Rodrik, Lotte et elle
furent en sécurité dans le carrosse et en route. Elle veut me tenir à l’écart !
Elle frappa du poing sur la banquette.
—Pourquoi a-t-il fallu que les autres meurent et qu’Hermione survive ? Elle est la moins indiquée pour
commander tant elle est obnubilée par ses envies de se faire bien voir aux yeux de la reine et de s’assurer
qu’il en est du contraire en ce qui me concerne. Elle va tout mettre par terre.
Ulrika ne pouvait qu’approuver. Cette petite bêcheuse semblait tout juste capable de s’occuper d’ellemême,
alors penser qu’elle pourrait diriger une société secrète… Elle était cependant assez intelligente
pour écarter ses ennemies. Ulrika jeta un coup d’œil sur l’adresse que leur avait donnée la gouvernante,
inscrite au dos d’une carte de visite. Servir de nounou à un maître de guilde ? Voilà qui s’annonçait
passionnant.
—Et sa bande de guignols de boudoir sera bien incapable de trouver quoi que ce soit sur place, ricana
Rodrik assis près de la servante. Ils ont trop peur de se salir les bottes. Il se pencha en avant. Laissez-moi
y aller, maîtresse. Mes blessures sont presque soignées et je me sens en pleine forme. S’il y a quelque
chose à trouver, je le trouverai.
Gabriella le dévisagea durant quelques secondes, puis elle posa une main sur son bras.
—C’est une bonne idée, Rodrik. Quelqu’un doit y aller, mais vous n’êtes pas la personne la mieux
placée pour cela.
Rodrik ouvrit de grands yeux.
—Pourquoi cela ? Je suis votre champion ! Qui peut être mieux placé que moi ?
—La difficulté est justement le fait que vous soyez mon champion, lui répondit Gabriella. Les gens
d’Hermione vous verront et sauront que j’ai désobéi aux ordres de leur maîtresse. Ce n’est pas un
chevalier dont j’ai besoin, mais d’un espion. Quelqu’un qu’ils ne connaissent pas.
Le cœur d’Ulrika bondit d’un espoir soudain.
—Maîtresse ? dit-elle.
Gabriella se tourna vers elle.