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toute la pièce. Peut-être pourrait-elle les suivre à la place ?
—Mais contre quoi ce monstre s’est-il battu ? interrogea Holmann alors qu’elle commençait à explorer
l’endroit. Ce devait être aussi une créature forte et monstrueuse, ou cela aurait été un massacre, pas un
combat.
Ulrika se souvint du visage de Maîtresse Alfina, figé dans un masque de rage, et des horribles blessures
qu’elle avait subies avant qu’on ne l’achève d’un pieu planté en plein cœur.
—Oui, répondit-elle finalement. Une créature puissante et désespérée.
Elle donna un coup de botte dans un morceau de chiffon noir et s’accroupit près de plusieurs
empreintes.
—Des hommes en bottes, murmura-t-elle. Des hommes pieds nus. Au moins cinq. Était-ce des
complices ? Par où sont-ils partis ? Et d’ailleurs, d’où venaient-ils ?
—Vous êtes peut-être une excellente pisteuse, Fräulein, fit remarquer Holmann dans son dos. Mais
vous devez apprendre à ne pas négliger les indices les plus évidents.
Ulrika se retourna. Holmann était en train de ramasser le morceau de chiffon noir qu’elle avait écarté
de son coup de pied.
Il le secoua et le souleva.
—Une robe de prêtre de Morr ! annonça-t-il. Du moins, un morceau.
Il lui montra le symbole de carré contenant une rose cousu sur le pan de tissu.
—Vous voyez l’emblème du portail de Morr ? Il grimaça et regarda ses doigts rougis par le tissu
imprégné. Ce sang est tout frais, ajouta-t-il.
Ulrika fronça les sourcils, perturbée, puis elle examina à nouveau la pièce. Sa représentation mentale
de ce qui s’était déroulé là devint encore plus floue qu’avant.
—Donc, ce monstre se serait battu contre un ou des prêtres de Morr ?
Ulrika ne voyait pas quel rapport il pouvait y avoir avec Alfina.
—Veiller sur le repos des morts fait partie de leurs missions, expliqua Holmann.
De nouvelles hypothèses se télescopèrent dans l’esprit d’Ulrika, comme des feuilles emportées par le
vent. Se pourrait-il que la théorie voulant que le meurtrier des Lahmianes ait été un monstre mort-vivant
soit fausse ? Aurait-il pu s’agir à la place de prêtres de Morr ? Elle s’imagina un instant une sorte de
templier d’une carrure exceptionnelle fracassant cette fenêtre et se jetant sur Maîtresse Alfina. Mais un
héros humain, quelle que soit sa grandeur, pourrait-il effectuer un tel bond et laisser ce genre de trace de
griffes sur son passage ? Et qu’en était-il de cette odeur de chair en décomposition ? Et ce petit homme
dans les égouts ? Était-ce un prêtre ou un nécromancien ? Elle se sentit soudain encore plus perdue que
lorsqu’elle avait entrepris cette quête.
—Mais si ce sont des prêtres de Morr qui ont démasqué ces vampires, finit-elle par dire, ils en
auraient parlé, non ? Elle se tourna vers Holmann. Vos collègues chasseurs de sorcières n’auraient pas
gardé ce genre d’exploit secret, j’imagine.
Holmann approuva d’un signe de tête, le regard toujours rivé sur le morceau de tissu.
—En effet. Peut-être devrions-nous aller parler à l’un d’entre eux.
Ulrika haussa les épaules.
Cette piste semblait plus facile à suivre que l’odeur de pourriture sur les toits de Nuln.
—Je vous suis, messire.
Le temple de Morr le plus proche se trouvait près des quais, en bordure sud des Taudis, un petit endroit
dédié aux augures plutôt qu’aux inhumations, et Ulrika commença à avoir des craintes sur le bien-fondé
de cette idée d’y poursuivre leur quête dès qu’elle aperçut les portes de pierre ouvertes.