You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
CHAPITRE NEUF<br />
MADAME MATHILDA<br />
Ulrika <strong>au</strong>rait aimé discuter avec Gabriella de ses doutes con<strong>ce</strong>rnant la théorie d’Hermione, mais la<br />
comtesse avait insisté pour que toutes fassent le trajet dans le même carrosse afin qu’elle puisse tenter de<br />
la ramener à la raison. Ulrika n’eut par conséquent pas l’occasion de discuter avec Gabriella en tête à<br />
tête. Elle se retrouva assise à côté de Famke pendant que, sur la banquette d’en fa<strong>ce</strong>, leurs maîtresses<br />
échangeaient leurs arguments et discutaient de <strong>ce</strong> qu’elles feraient et diraient à Mathilda.<br />
Les choses semblaient courues d’avan<strong>ce</strong>, car Hermione avait armé tout son petit monde comme pour la<br />
guerre. Juste à l’extérieur du carrosse, Rodrik et von Zechlin se tenaient sur les marchepieds, portant de<br />
lourdes cuirasses et toute une bardée de lames et de pistolets. Les <strong>au</strong>tres carrosses suivaient, Madame<br />
Dagmar et ses gardes dans le leur et le reste des gentilshommes d’Hermione, tous armés jusqu’<strong>au</strong>x dents,<br />
avaient pris pla<strong>ce</strong> dans un troisième.<br />
Pour <strong>ce</strong> qu’Ulrika pouvait en juger, si l’on allait à une négociation les armes à la main, les choses ne<br />
pouvaient que mal tourner. Hermione tuerait probablement <strong>ce</strong>tte femme-louve, même s’il était peu<br />
probable qu’elle fût coupable, puis Ulrika et la comtesse se mettraient réellement <strong>au</strong> travail et<br />
démasqueraient le véritable assassin. Cela n’avait rien de juste ni de bon, mais il semblait qu’il n’existât<br />
pas le moindre moyen de l’éviter, Ulrika décida donc que la discussion stérile l’ennuyait et elle s’en<br />
détourna, préférant observer l’activité de la cité par la fenêtre du carrosse.<br />
Les vendeurs de colifichets et les crieurs de rue étaient toujours <strong>au</strong>ssi nombreux, les uns déclamaient<br />
leurs nouvelles fraîches <strong>au</strong> sujet de vampires et d’étranges disparitions, les <strong>au</strong>tres garantissaient des<br />
protections contre <strong>ce</strong>s mêmes dangers. À un coin de rue, une femme vendait des clochettes pendues <strong>au</strong><br />
bout de lanières.<br />
—Mettez-les <strong>au</strong>tour du cou de vos enfants ! criait-elle. Vous serez avertis lorsque les bêtes voudront<br />
les emmener !<br />
À un <strong>au</strong>tre coin, un gars portant un large chape<strong>au</strong> et une m<strong>au</strong>vaise copie d’habit de chasseur de<br />
sorcières proposait de soumettre toutes les femmes qui passaient devant lui à d’étranges tests.<br />
—Une seule piqûre de mon poignard d’argent, mes bons messires, et vous pourrez dormir sur vos deux<br />
oreilles ! Testez votre femme ! Testez vos filles, vos servantes ou vos maîtresses ! Un sou seulement la<br />
piqûre !<br />
À l’extérieur d’une taverne, deux individus peu engageants proposaient <strong>au</strong>x mêmes femmes deux<br />
piqûres pour la même somme, même s’ils ne possédaient pas la moindre pointe d’argent.<br />
Le petit convoi franchit le Grand Pont qui enjambait le fleuve Reik et Ulrika put à nouve<strong>au</strong> contempler<br />
les forges et les fonderies qui s’étalaient le long de la berge sud. Elles ne s’arrêtaient jamais ! La nuit<br />
était déjà bien engagée et l’air résonnait toujours des coups de marte<strong>au</strong> et la lueur orangée de leurs feux<br />
se reflétait sur la surfa<strong>ce</strong> des e<strong>au</strong>x comme <strong>au</strong>tant d’yeux démoniaques.<br />
Les carrosses débouchèrent de l’<strong>au</strong>tre côté du pont et passèrent entre deux imposants ateliers