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—Très cher Rodrik. Je comprends votre empressement à me servir, mais comme je vous l’ai déjà dit, à
l’œuvre de la nuit parfois le chevalier nuit. Elle s’amusa elle-même de cette pointe d’humour. Non, c’est
plutôt le travail d’éclaireur que de chercher une piste et pour ça, Ulrika est plus désignée. Vous n’avez
pas son flair, mon ami, allons ! ajouta-t-elle en lui serrant le bras.
Rodrik garda les yeux au sol, refusant de se laisser emporter par son humour, mais il finit par hocher la
tête.
—Je… j’irai trouver Dame Hermione, maîtresse. Pardonnez-moi.
Il leva enfin la tête et partit vers la porte sans un regard en arrière.
Gabriella le regarda s’éloigner, pensive, puis elle se tourna vers Ulrika.
—Que cela te serve de leçon pour quand tu disposeras de tes propres serviteurs, lui dit-elle. Leur
amour se transforme rapidement en jalousie s’ils n’ont pas la possibilité de démontrer leur fidélité. Elle
fronça les sourcils. Il va falloir que je trouve bien vite une bonne bataille pour ce cher Rodrik afin de
restaurer sa fierté. Viens, il est temps de te mettre en route, dit-elle en lui faisant signe de la suivre.
Ulrika la suivit à travers la grande demeure jusqu’à la porte de derrière, elle s’arrêta lorsque Gabriella
l’ouvrit pour elle.
—Maîtresse, commença-t-elle un peu troublée. Ce fameux message n’est pas vraiment une preuve de
l’innocence de Mathilda. Elle pourrait bien l’avoir écrit elle-même.
Gabriella lui sourit et posa une main sur sa joue.
—Je sais, ma belle enfant. Mais je dois donner à Hermione des informations qui la dissuaderont de
sortir ses griffes. J’espère juste qu’elle n’est pas aussi intelligente que toi. Allez, va, et rapporte-moi de
vraies preuves, lui dit-elle en la poussant par la porte.
—Je vais faire de mon mieux, maîtresse, répondit Ulrika.
Le croisement que recherchait Ulrika se trouvait dans le secteur que les locaux appelaient « Les Taudis ».
Elle se souvenait d’après ce que lui avait raconté Félix, que plusieurs quartiers avaient été presque rasés
durant la tentative d’invasion des skavens que Gotrek et lui avaient aidé à contrecarrer quelques années
plus tôt. Les dégâts étaient toujours visibles. Alors qu’elle marchait dans les ruelles étroites et boueuses,
elle passa devant de nombreuses maisons et bâtisses portant toujours des traces d’incendies et des blocs
entiers étaient constitués d’un mélange de constructions anciennes ou récentes, des empilements de
briques sous des couches de plâtre sous des balustrades en bois…Certaines habitations étaient à peine
plus que des tentes, des pans de tissu claquant au vent et tendus entre deux poutres, qui étaient tout ce
qu’il restait d’une ancienne façade et qui peinaient à maintenir au-dehors les morsures de l’hiver.
D’autres étaient restées en l’état, personne n’y avait touché depuis les événements.
Elle trouva Messingstrasse et la suivit pour s’enfoncer plus profondément dans ces immondes quartiers.
La chaussée était dégoûtante, bordée de détritus dans lesquels grouillaient les rats et serpentant entre des
commerces peu recommandables et des tavernes pas très engageantes d’où sortaient des rires et des
chansons paillardes, ainsi que l’odeur assommante d’une humanité mal entretenue. À quelques
croisements de là, elle fut toute surprise de reconnaître quelques bâtisses et ruelles, même si elle aurait
pu jurer ne s’y être jamais aventurée. Puis, elle se rappela cette course à travers la cité alors qu’elle
fuyait devant le soleil pour regagner la demeure d’Aldrich. Cela avait commencé non loin de là. Cette
plaque d’égout ouverte devait se trouver dans les parages !
Un frisson lui traversa l’échine. Cet accès au réseau souterrain et cette mystérieuse adresse dans le
même quartier ? Les choses se mettaient doucement en place.
Seulement deux rues plus loin, le carrefour entre Messingstrasse et Hoff était si boueux que la fange lui
montait presque jusqu’aux genoux. Elle ralentit sa marche. Des maisons à quatre ou cinq niveaux étaient