Télécharger ce livre au format PDF

Le regard de Famke allait de l’une à l’autre, puis vers la confusion derrière elles.
—Ta maîtresse a besoin de toi, lui dit Ulrika.
Famke lui lança un regard qui aurait pu être reconnaissant et elle s’élança elle aussi vers le lourd
clavecin.
—Maîtresse ? Êtes-vous blessée ? cria-t-elle.
Ulrika ouvrit la porte et Gabriella et elle se jetèrent à travers le hall d’entrée. Otilia recula, pâle
comme une morte, elle devait avoir tout observé par le trou de la serrure.
Gabriella la repoussa sans ménagement sur le côté et elles coururent vers la porte d’entrée. Derrière
elles, la voix d’Hermione se fit entendre, tremblante de rage.
—Rattrapez-les ! Laissez-moi ! Rattrapez-les !
Elles jaillirent dans la cour, Ulrika se retourna vers l’intérieur, von Zechlin et deux de ses hommes
déboulaient déjà par la porte du salon.
—Dois-je les tuer, maîtresse ? demanda-t-elle déjà en garde.
—En pleine rue, lui répondit Gabriella. Tu n’y penses pas ! Monte !
Elle repoussa Lotte qui s’était penchée à l’extérieur du carrosse pour voir d’où venait tout ce bruit,
s’engouffra dans l’habitacle et donna de grands coups dans la paroi.
—Vite ! Au galop ! cria-t-elle au cocher.
Ulrika eut tout juste le temps de grimper à son tour avant que la voiture démarre.
Elle referma la portière derrière elle, le carrosse s’était élancé sur les pavés. Elle se pencha par la
fenêtre pour regarder en arrière. Von Zechlin était en train de dévaler les marches du perron, Rodrik
apparut derrière eux en se tenant d’une main son visage ensanglanté.
Il sembla un instant que les hommes allaient se lancer à leur poursuite dans la rue, mais von Zechlin
jeta un rapide coup d’œil vers le début d’activité annonçant l’aube et rappela tout le monde. Ulrika les vit
retourner vers la maison et les gratifia de regards haineux. Devoir conserver une apparence respectable
avait parfois quelques désagréments.
La dernière chose que vit Ulrika de cette maison fut Otilia, la gouvernante, qui regardait dans leur
direction avant de doucement refermer la porte.
Après quelques rues, la voix du cocher tomba depuis le siège avant.
—Où allons-nous, maîtresse ?
Gabriella soupira et s’adossa contre le dossier de la banquette en réajustant sa coiffure.
—Très bonne question, répondit-elle.
Ulrika se tourna vers elle et lui prit la main.
—Maîtresse, quittons ce nid de rats et rentrons en Sylvanie, proposa-t-elle. Aucun d’eux ne mérite
d’être sauvé ! Rodrik n’est qu’un pauvre fou et Maîtresse Hermione est tellement préoccupée par son
statut qu’elle est prête à mordre la main de ceux qui viennent à son aide. Pendant que nous cherchions le
meurtrier, elle n’a fait que tenter de nous trahir. Laissons-les mourir !
Gabriella épousseta sa robe et ajusta son corsage.
—Je le ferais si je le pouvais, répondit-elle finalement. Mais personne ne peut aller à l’encontre des
ordres de la reine. Je dois poursuivre cette enquête, avec ou sans l’aide d’Hermione.
—Mais comment ? demanda Ulrika. Nous n’avons plus de demeure, plus aucun allié. Comment allonsnous
faire ?
Gabriella lui adressa un petit sourire fatigué.
—Nous allons devoir nous faire de nouveaux alliés. Uwe ! ajouta-t-elle en levant la voix. Au sud, vers
le fleuve ! Nous allons à La Tête de Loup !