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six pieux de bois et un marteau, ainsi qu’un deuxième pistolet et un sabre à pommeau fermé. Des
bandoulières croisées sur sa large poitrine étaient chargées de fioles de verre remplies de liquides dont
elle ignorait l’utilité, un petit marteau d’argent symbole de Sigmar était suspendu à une fine chaîne passée
autour de son cou.
—Que fais-tu dans les égouts ? lui demanda-t-il. Et sans lanterne ? As-tu le pouvoir de voir dans le
noir, monstre ?
Ulrika dut réfléchir rapidement. Le manque de lumière était en effet indéniable. Que pourrait-elle bien
lui raconter ? Elle repensa à Félix et la manière dont elle l’avait séduit. Duels d’épée et joutes verbales.
Cela valait la peine d’essayer.
—Je pense que nous sommes là pour les mêmes raisons, messire, lui dit-elle en lui montrant son épée
sortie. Je suis moi aussi à la poursuite d’un vampire. En fait, j’étais même sur le point de le rattraper.
N’avez-vous pas vu une lumière ?
—C’est exact, répondit l’homme toujours aussi méfiant.
—Ma lanterne, elle est tombée dans le canal alors que nous nous battions. J’ai cru que j’allais moi
aussi basculer dans les égouts, mais la lueur de la vôtre et votre voix ont fait s’enfuir le monstre. Je ne
puis que vous remercier, vous m’avez probablement sauvé la vie. Elle montra du menton le tunnel dans
lequel le petit homme avait disparu. Nous pouvons toujours le rattraper si vous voulez bien m’aider.
Elle se tourna vers l’entrée et fit un premier pas.
—Venez ! Vite !
—Reste où tu es ! aboya le chasseur. Tourne-toi !
Ulrika se figea puis se retourna doucement. Le chasseur de sorcière s’approcha d’elle et l’examina de
la tête aux pieds, en affichant un petit sourire rusé.
—Une chasseuse de vampires ? demanda-t-il. Je n’ai jamais entendu dire qu’il en existât. Pourquoi
portes-tu des vêtements d’homme ? Comment es-tu arrivée dans cette profession ?
—Messire, notre proie est en train de se sauver, dit Ulrika. Peut-être pourrions-nous en discuter en
nous lançant à sa poursuite…
—Réponds à ma question !
Ulrika soupira, surtout pour trouver quoi répondre.
—Je porte des vêtements d’homme parce qu’il est impossible de chasser en robe et je n’ai pas choisi
cette profession, c’est plutôt elle qui m’a choisie. Je chasse parce que…
Elle s’arrêta, comme brisée par l’émotion, et ce fut presque réellement le cas lorsqu’elle se trouva une
histoire qui n’était finalement pas très éloignée de la sienne.
—Parce que ma sœur a été séduite par un vampire et est devenue une morte-vivante contre sa volonté.
Le monstre l’a enlevée des bras de l’homme qu’elle aimait, de cette contrée qu’elle adorait tant, de ses
amis et de son père, avant de faire d’elle un monstre et de l’abandonner dans un endroit hanté. Elle leva
le menton. J’ai juré depuis de me venger de tous ses semblables.
Le visage du chasseur de sorcières avait perdu un peu de sa dureté quand elle eut terminé son histoire
pour devenir triste et glacé.
—Et avez-vous tué votre propre sœur ?
Ulrika se souvint de la comtesse Gabriella en train de lui montrer la fenêtre ouverte et l’aube naissante,
et lui disant qu’elle pouvait à tout moment décider d’aller se promener au soleil. Elle pencha la tête de
côté.
—J’en ai eu l’occasion, une fois, mais je n’ai pas pu me résigner à le faire. Mais le vampire qui l’a
transformée, lui, est mort, ajouta-t-elle avec un franc sourire.
Le jeune homme hésitait, mais il finit par abaisser son pistolet.