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—Je devrais le laisser vous tuer pour votre trahison, grommela-t-il en roulant de côté.
—Mais c’était pour vous sauver la vie ! rétorqua-t-elle en s’accrochant à la balustrade pour se remettre
debout.
Le templier se mit debout à côté d’elle, grimaça et fit passer son épée dans sa main gauche, la droite
vint se plaquer sur son flanc droit.
—Ma survie ne regarde que moi !
Le strige franchit ce qu’il restait de la porte, ricanant toujours, puis il tenta un coup de griffes destiné à
les décapiter tous les deux. Holmann plongea sur sa gauche, portant un coup d’épée en aveugle. Ulrika
sauta sur la balustrade et regarda en bas. Dans le jardin, Mathilda, toujours sous sa forme de louve, luttait
contre une poignée de goules, pendant que d’autres levaient leurs vilaines têtes vers le balcon et criaient
leur haine. Aucune échappatoire de ce côté-là.
Le strige visa les jambes d’Ulrika afin de la faire basculer par-dessus la balustrade. Elle sauta pour
esquiver l’attaque et s’accrocha à une gargouille sculptée d’un côté de la porte et dans les mains de
laquelle se trouvait une lanterne. Son sang battait dans son crâne et elle faillit lâcher prise, mais elle
parvint à se tirer à l’aide de ses bras, puis elle se rattrapa au bord du toit recouvert de neige.
Les griffes du strige lui attrapèrent la jambe droite, mais Holmann le frappa par-derrière et il dut lâcher
prise pour se retourner et faire face à cette nouvelle menace.
Ulrika se hissa sur le bord du toit.
—Pas lui, face de rat ! Moi ! Monte voir un peu !
Elle arracha quelques plaques d’ardoise et les jeta sur la tête de Murnau, qui s’en amusa et leva le bras
pour s’en protéger, mais l’une des plaques parvint pourtant à le frapper en pleine bouche. Il rugit, furieux,
et tendit ses longs bras pour attraper le rebord du toit.
C’était une bonne idée, se dit-elle en reculant vers le pinacle. Une surface glissante et irrégulière ne
manquerait pas de rééquilibrer les chances. Là, la lourdeur du strige et ses blessures amoindriraient sa
force, alors que sa propre agilité lui apporterait un avantage. Murnau déraperait sur la neige alors
qu’elle-même pourrait lui tourner autour.
Elle comprit son erreur dès que la bête posa le pied sur le toit et que ses griffes ne glissèrent pas sur
les plaques d’ardoise, mais les brisèrent, créant des prises bien nettes pour ses énormes pattes. Le strige
se hissa sans aucune difficulté, tel un gorille albinos, plantant ses pieds et ses mains dans les tuiles au fur
et à mesure de son ascension.
—Svoloch ! jura-t-elle dans sa langue natale.
—Ah ! rigola-t-il. Tu t’es piégée toi-même, petite sauterelle ! Et tu as perdu ta griffe d’argent !
Ulrika recula jusqu’au faîte devant Murnau qui tentait de lui porter des coups de griffes. Sans aucune
arme, elle ne pouvait espérer lutter, son allonge était bien plus grande que la sienne. Elle jeta un coup
d’œil derrière elle, elle arrivait bientôt au bout du toit.
Un coup de griffes lui érafla l’épaule droite et elle bascula en arrière au sommet du toit. Elle commença
à glisser vers le bas et se rattrapa de justesse de ses bras grands ouverts. Le strige rugit de triomphe et
leva ses poings pour l’écraser comme une mouche. Elle leva les yeux, la poignée de sa rapière dépassait
toujours de son abdomen, juste à sa portée. Elle lança une main et tira en faisant tourner la lame.
Le strige hurla de douleur et recula. Ulrika tenta à nouveau de l’atteindre aux jambes. Il écarta
violemment l’épée d’une main et la frappa de l’autre, l’envoyant glisser jusqu’au bord du toit. Elle ouvrit
son bras et parvint à s’arrêter juste au bord, sa tête au-dessus du vide. Elle n’avait plus nulle part où
s’échapper.
Le strige descendit la pente du toit vers elle, écrasant des ardoises à chacun de ses pas. Derrière lui,
Ulrika aperçut Holmann se hisser à son tour en s’aidant de son seul bras valide. Elle ne put qu’accorder