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<strong>au</strong> templier crédit pour ne jamais abandonner, mais il arriverait trop tard de toute façon.<br />
Le strige tenta de l’attraper par les jambes. Elle porta un coup d’épée, mais ne fit que glisser un peu<br />
plus et manqua son coup, le monstre lui prit une cheville et la souleva du toit, prêt à lui faire faire un<br />
plongeon de trois étages. Le sol tournait <strong>au</strong>-dessous d’elle, une petite cour de graviers s’étendait entre<br />
l’ancien donjon et la partie plus ré<strong>ce</strong>nte de la bâtisse, en son <strong>ce</strong>ntre se trouvait un puits surmonté d’un<br />
petit toit.<br />
—Alors, petite s<strong>au</strong>terelle ? grogna le strige. Est-<strong>ce</strong> que tu peux voler ?<br />
Ulrika se tordit comme un chat et visa la jambe g<strong>au</strong>che du monstre en rassemblant toutes ses for<strong>ce</strong>s. La<br />
lame trouva sa cible et s’enfonça profondément jusqu’à l’os, la bête rugit et la laissa tomber. Avec un<br />
ultime mouvement désespéré, elle parvint à se rattraper <strong>au</strong> bord du toit, laissant la rapière tourbillonner<br />
en bas. Ses griffes tracèrent de profondes balafres dans les plaques d’ardoise, mais son propre poids<br />
l’entraînait et elle glissait inexorablement vers le vide.<br />
Le strige approcha pour lui écraser les doigts, du sang coulait abondamment le long de sa jambe. Elle<br />
parvint à lui attraper le pied g<strong>au</strong>che et commença à se hisser vers le h<strong>au</strong>t. Les mains de la bête entourèrent<br />
sa poitrine et menacèrent de lui écraser les côtes, il tira pour tenter de lui faire lâcher prise, mais elle tint<br />
bon et planta ses griffes à l’arrière du mollet. Le monstre hurla et tira plus fort, elle s’accrocha de plus<br />
belle et parvint même à planter ses crocs comme un chien dans les flancs du gibier. Puis, tirant une<br />
dernière fois de toutes ses for<strong>ce</strong>s, la bête parvint à l’arracher, mais les dents d’Ulrika tranchèrent <strong>au</strong><br />
passage le jarret.<br />
Le sang gicla en un grand arc écarlate, le strige s’effondra de côté, sa jambe se trouvant soudain<br />
incapable de supporter son poids. Ulrika tenta de se raccrocher à nouve<strong>au</strong> <strong>au</strong> bord du toit, le monstre<br />
s’abattit sur les plaques d’ardoise, mais il ne lâcha pas pour <strong>au</strong>tant sa proie. Il rebondit une première fois,<br />
puis bascula dans le vide, serrant Ulrika contre lui comme si elle avait été sa poupée préférée.<br />
Elle éprouva un instant de vertige, assez long <strong>ce</strong>pendant pour comprendre qu’elle allait mourir, puis<br />
elle ressentit un choc violent, entendit un énorme craquement, un second impact, encore plus douloureux<br />
que le premier, puis…<br />
—Fräulein Magdova !<br />
La voix était forte, mais lointaine, étrangère tout en étant familière. Elle regretta qu’il fasse <strong>au</strong>ssi<br />
sombre, car elle <strong>au</strong>rait pu voir qui l’appelait. Elle <strong>au</strong>rait <strong>au</strong>ssi aimé arrêter de tomber pour que le monde<br />
<strong>ce</strong>sse de tourbillonner <strong>au</strong>tour d’elle.<br />
—Fräulein !<br />
La douleur revint. Elle eut l’impression d’être plongée dans un baquet d’e<strong>au</strong> glacée et battue par des<br />
bâtons. Tout son corps la faisait souffrir, de ses orteils à son crâne, dedans comme dehors. Avec de<br />
grandes difficultés, elle parvint à repousser de côté toutes <strong>ce</strong>s sensations pour réaliser qu’elle était<br />
allongée sur une masse dure et froide.<br />
Elle ouvrit les yeux, mais les referma <strong>au</strong>ssitôt. Le monde tournait toujours <strong>au</strong>tant, bien trop vite. Elle<br />
essaya à nouve<strong>au</strong>. Cela tournait encore, mais elle s’y était attendue <strong>ce</strong>tte fois-ci. Elle vit tout d’abord le<br />
ciel nocturne, qui commençait à grisonner <strong>au</strong> loin. Elle vit ensuite un grand mur blanc qui montait droit<br />
<strong>au</strong>-dessus d’elle, puis un homme portant un grand chape<strong>au</strong> penché <strong>au</strong>-dessus du vide et qui la regardait.<br />
—Fräulein ! appela-t-il à nouve<strong>au</strong>. Êtes-vous vivante ?<br />
—Heu… j’ai l’impression, répondit-elle.<br />
Les ép<strong>au</strong>les de l’homme retombèrent, sans qu’elle puisse savoir si c’était de soulagement ou de<br />
dé<strong>ce</strong>ption.<br />
—Ne bougez pas, lui dit-il. Je des<strong>ce</strong>nds vous rejoindre !