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—C’est important, en effet, maîtresse. Je suis venu vous demander de changer de demeure.
Gabriella ouvrit de grands yeux.
—C’est tout ? Vous êtes seulement venu pour me dire ça ? Vous mettez en danger ma couverture
uniquement pour me faire cette même demande que vous m’avez déjà faite à plusieurs reprises ?
Comment osez-vous ?
—Je suis votre champion, madame ! rétorqua Rodrik entre ses dents. J’ai juré de vous protéger !
Comment puis-je le faire si nous sommes séparés ? Si vous ne trouvez pas un moyen de me faire intégrer
cette maison, alors vous devez en trouver une autre où je pourrai rester à vos côtés !
—Je dois ? lui renvoya Gabriella. Vous êtes en train de me dire ce que je dois faire ? Aurais-je promis
d’une manière ou d’une autre de vous obéir, messire, ou bien serait-ce le contraire ? Répondez !
Rodrik comprit qu’il était allé trop loin.
—Pardonnez-moi, maîtresse. C’est juste l’inquiétude qui m’a poussé à énoncer de tels propos.
Gabriella l’observa durant plusieurs secondes, puis elle soupira.
—Vous êtes pardonné, mais vous devez partir, et sans attendre. Je pense maîtriser la situation, mais si
vous vous montrez avant que j’aie pu lui parler de vous, notre hôte risque de se braquer en imaginant que
je complote dans son dos. Patientez encore un peu et tout rentrera dans l’ordre.
—Cette nuit ? tenta Rodrik avec un regard suppliant. La nuit prochaine ?
—Quand je vous le dirai ! s’emporta Gabriella. Quand je le déciderai, et pas une seconde avant ! Par
la reine, je commence à me demander si ce n’est pas la jalousie qui vous fait vous comporter ainsi !
Maintenant, partez ! Laissez-nous !
Le visage de Rodrik était rouge de colère et de frustration, mais il s’inclina finalement.
—Je suis votre serviteur, maîtresse.
Il se dirigea de sa démarche enivrée vers la porte du salon, Gabriella se retourna vers lui.
—Attendez ! le rappela-t-elle.
Le chevalier se retourna, une pathétique lueur d’espoir dans les yeux.
—Oui, maîtresse ?
—Puisque vous êtes là, j’ai des instructions pour vous.
—Je suis à votre service, répondit Rodrik en s’inclinant.
—Ravie de vous l’entendre dire, commenta la comtesse. Allez trouver Hermione et dites-lui que nous
avons trouvé une preuve que Mathilda n’est pas derrière le meurtre de nos sœurs. Nous avons découvert
un message menaçant de dénoncer Alfina si elle ne payait pas une rançon. Je vais envoyer Ulrika à
l’adresse indiquée pour la remise du tribut afin qu’elle voie si elle peut y trouver quelque chose. Dites à
Hermione que j’espère avoir des informations avant le matin.
Rodrik se redressa.
—Vous me demandez de servir de messager et vous envoyez cette… enfant faire un travail d’homme ?
Maîtresse, je suis votre chevalier ! C’est à moi de dénicher ce meurtrier !
Gabriella serra les dents.
—Ne venez-vous pas de rappeler que vous étiez à mon service ?
—Oui, maîtresse, mais…
—Mais quoi ? insista-t-elle. Sois vous êtes à mon service, soit vous n’y êtes pas ! Choisissez !
Rodrik baissa la tête et regarda le plancher sans rien dire. Ulrika le dévisagea avec écœurement. Sous
son apparence de chevalier, il n’y avait en fait qu’un gamin capricieux. Mais était-ce pourtant de sa
faute ? Il était dans cet état parce que Gabriella se nourrissait de lui. Il n’était pas différent d’Imma ou de
Quentin. Leur prendre leur sang faisait des humains de simples enfants.
Gabriella s’approcha de Rodrik et posa une main sur son bras.