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Des poings commencèrent à venir frapper les flancs de leur voiture <strong>au</strong> passage de <strong>ce</strong>lle-ci, Ulrika<br />
entendit les exclamations de colère d’Uwe et les claquements de son fouet. Gabriella écarta deux lattes<br />
juste une fraction de seconde, juste le temps de dévoiler la foule <strong>au</strong>tour d’eux.<br />
—Maîtresse, j’ai peur, murmura Lotte.<br />
—N’aie crainte, mon enfant, lui répondit la comtesse. Nous allons nous en sortir.<br />
Elle éleva ensuite la voix à l’attention du cocher…<br />
—Ne ralentissez pas ! Passez-leur dessus !<br />
Ulrika était très inquiète. Le carrosse ralentissait inexorablement et était fortement secoué par les<br />
cahots. S’il venait à s’arrêter, ils seraient bien vite submergés.<br />
—Utilisez votre magie, maîtresse, implora-t-elle. Repoussez-les !<br />
—Ce serait trop dangereux, répondit Gabriella. Un prêtre de Sigmar est avec eux, il le sentirait.<br />
—N’est-il pas trop tard pour vouloir passer inaperçues ? insista Ulrika. Ils savent déjà qui nous<br />
sommes !<br />
Gabriella secoua la tête.<br />
—Non. Tant que personne ne montre les crocs, il n’est jamais trop tard.<br />
Ulrika jeta un regard coupable à Gabriella, mais elle n’ajouta rien, effrayée de devoir avouer qu’elle<br />
s’était déjà exposée de la sorte <strong>au</strong> templier.<br />
La comtesse tira sa petite dague et se prépara à ouvrir une fenêtre.<br />
—Ainsi, nous devrons combattre comme des dames apeurées et non comme des reines de la nuit, lui<br />
dit-elle. Ajuste ton voile.<br />
Ulrika fixa son voile qui avait été dérangé durant leur fuite, puis elle tira sa propre dague et ouvrit la<br />
fenêtre de son côté lorsque Gabriella fit de même avec l’<strong>au</strong>tre.<br />
Grimaçant sous le regard nocif du soleil, Ulrika regarda à travers le min<strong>ce</strong> tissu les citoyens <strong>au</strong>x<br />
regards haineux tenter d’attraper les chev<strong>au</strong>x ou de grimper sur le marchepied. Uwe distribuait les coups<br />
de fouet, dessinant des traînées rouges sur les visages et les bras, mais ils ne reculèrent pas.<br />
Un homme posa la main sur le rebord de la fenêtre près d’Ulrika et elle lui fit lâcher prise d’un coup de<br />
dague. L’homme bascula à la renverse et une femme toute proche cria et tenta de lan<strong>ce</strong>r une torche par<br />
l’ouverture. Lotte hurla. Ulrika ouvrit la portière d’un coup de botte et elle percuta la femme en pleine<br />
ép<strong>au</strong>le, l’envoyant rouler <strong>au</strong> milieu des <strong>au</strong>tres.<br />
Un jeune homme bondit alors qu’Ulrika tentait de refermer la portière. Elle la claqua juste <strong>au</strong> moment<br />
où ses doigts se posaient sur le chambranle, les lui coinçant sèchement. Il cria de douleur et lâcha prise,<br />
elle put alors refermer la portière.<br />
Le carrosse parvint à se dégager de la foule et put reprendre de la vitesse. Ulrika soupira de<br />
soulagement et regarda par la lucarne arrière. Les larges chape<strong>au</strong>x des chasseurs de sorcières se<br />
retrouvaient pris <strong>au</strong> milieu de la masse qui encombrait la ch<strong>au</strong>ssée et elle entendait même les cris de<br />
Schenk ordonnant qu’on les laissât passer. Elle sourit. La foule était une arme à double tranchant,<br />
semblait-il.<br />
Elle allait se détourner quand, du coin de l’œil, elle aperçut un visage familier. Von Zechlin ! Ses<br />
hommes et lui débouchaient à cheval d’une voie latérale près de La Tête de Loup et s’élançaient à leur<br />
poursuite <strong>au</strong> triple galop. Et Rodrik était avec eux !<br />
—Maîtresse ! dit Ulrika. Les hommes d’Hermione et Rodrik !<br />
Gabriella s’avança sur sa banquette et regarda par-dessus l’ép<strong>au</strong>le d’Ulrika.<br />
—J’<strong>au</strong>rais dû le tuer, grogna-t-elle. J’<strong>au</strong>rais dû tous les tuer. Uwe ! Attention derrière vous !<br />
—Je les ai vus, maîtresse !<br />
Le carrosse ralentit pour négocier un virage serré, ses roues <strong>ce</strong>rclées de fer dérapèrent dans la boue