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—Je crois comprendre, messire. Et il n’y a nulle honte à chercher la solitude quand un tel malheur<br />

s’abat sur vous.<br />

Il la regarda et la honte qu’elle lut dans ses yeux força Ulrika à détourner la tête.<br />

—Ce n’est pas que je l’ai oubliée, bredouilla-t-il. Ce n’est pas ça du tout…<br />

—Bien entendu, le coupa Gabriella avec dou<strong>ce</strong>ur. Qui le pourrait après avoir plongé son regard dans le<br />

sien ? Elle lui prit la main et le raccompagna vers l’intérieur. Venez, laissez-moi vous consoler. Je vais<br />

vous mettre <strong>au</strong> lit et vous border.<br />

Lorsqu’ils atteignirent la porte, Gabriella se retourna et adressa à Ulrika une grima<strong>ce</strong> exaspérée, puis<br />

elle plaça son bras <strong>au</strong>tour des larges ép<strong>au</strong>les d’Aldrich pour l’entraîner à l’intérieur.<br />

Ulrika plissa le nez, submergée par une vague de dégoût, sans savoir si c’était pour Aldrich ou<br />

Gabriella, voire pour elle-même.<br />

Elle entra à son tour.<br />

Une fois dans les appartements de Gabriella, Ulrika enleva sa perruque et commença à déla<strong>ce</strong>r son<br />

corsage. Elle repensa <strong>au</strong>x événements de la nuit et ne put qu’admirer la manière dont la comtesse était<br />

parvenue à empêcher Hermione et Mathilda de s’étriper. Ulrika s’était résignée <strong>au</strong> fait que <strong>ce</strong>tte entrevue<br />

se terminerait par un bain de sang, mais en faisant preuve de sang-froid et de retenue, la comtesse avait<br />

maîtrisé la situation et gagné un peu de temps.<br />

Durant toutes <strong>ce</strong>s années passées <strong>au</strong>x côtés de son père, Ulrika n’avait <strong>ce</strong>ssé d’admirer les prouesses<br />

martiales et les capacités à commander une armée. D’ailleurs, n’avait-elle pas succombé <strong>au</strong> charme de<br />

Félix à c<strong>au</strong>se de ses talents d’escrimeur et de sa vivacité d’esprit ? Elle n’avait <strong>ce</strong>pendant jamais<br />

envisagé l’art du langage et de la discussion comme une discipline martiale. Les érudits et les politiciens<br />

qui ne <strong>ce</strong>ssaient de couper les cheveux en quatre et qui s’écoutaient parler l’avaient toujours dégoûtée,<br />

mais <strong>ce</strong>tte nuit, la démonstration de Gabriella en matière de diplomatie avait été véritablement<br />

impressionnante. Au be<strong>au</strong> milieu d’un panier de crabes, dépassée en nombre, le dos contre le mur et<br />

devant gérer une mutinerie de ses alliées, elle était tout de même parvenue à s’en sortir sans qu’une seule<br />

vie ne soit perdue, et tout <strong>ce</strong>la juste avec des mots et sans la moindre utilisation de la violen<strong>ce</strong>.<br />

Ulrika savait qu’elle n’<strong>au</strong>rait pu accomplir un tel prodige. Elle était une guerrière, pas une diplomate.<br />

D’ailleurs, si elle l’avait été, elle n’<strong>au</strong>rait probablement pas perdu Félix. Elle savait reconnaître une<br />

parfaite maîtrise quand elle en voyait une, et Gabriella possédait <strong>ce</strong>tte maîtrise. Ulrika espérait être un<br />

jour capable de la moitié seulement.<br />

Tout <strong>ce</strong>ci amena ses pensées sur les <strong>au</strong>tres Lahmianes qu’elle avait pu rencontrer jusque-là et elle se<br />

moqua d’elle-même. Elle avait sans <strong>au</strong>cun doute tiré le bon numéro avec sa maîtresse. Mathilda semblait<br />

elle <strong>au</strong>ssi très cordiale, même si c’était d’une manière plus rugueuse et à condition qu’on ne la menaçât<br />

pas, mais son existen<strong>ce</strong> de proxénète, de patronne de voleurs et de coupe-jarrets, ainsi que <strong>ce</strong>tte volonté<br />

de vivre sur la déprédation des <strong>au</strong>tres ne l’attirait pas. Dagmar était un personnage sans ampleur, elle se<br />

contentait de suivre le mouvement, et Hermione était tout simplement une horreur, une mégère incapable<br />

de faire la moindre différen<strong>ce</strong> entre ses amis et ses ennemis et qui était capable de mordre la main qui se<br />

proposait de l’aider.<br />

Oui, Ulrika avait été chan<strong>ce</strong>use. Gabriella était une personne qui valait la peine, une femme d’honneur<br />

et de ressour<strong>ce</strong>s, qui faisait de son mieux pour aider sa reine et ses sœurs avec très peu d’arrière-pensées<br />

quant à sa gloire personnelle. Ulrika n’<strong>au</strong>rait pas pu mieux tomber et elle se sentait fière de la servir. Elle<br />

se sentit soudain malheureuse pour la p<strong>au</strong>vre Famke, liée à une m<strong>au</strong>vaise maîtresse et subissant ses<br />

colères et ses moindres changements d’humeur. Comment pourrait-elle grandir dans la sagesse en<br />

apprenant <strong>au</strong>près de <strong>ce</strong>tte harpie stupide et paranoïaque ?

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