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—J’ai bien mieux, lui dit-elle. Quelque chose qui va calmer vos douleurs, ainsi que les miennes.<br />

Fermez les yeux.<br />

Holmann s’écarta légèrement, soudain alarmé. Il lança un coup d’œil interrogatif derrière Gabriella, en<br />

direction d’Ulrika.<br />

—Que je ferme les yeux ? s’inquiéta-t-il. Qu’allez-vous faire ?<br />

Ulrika baissa les yeux.<br />

—Je vais vous aider à dormir, messire templier, répondit Gabriella en lui prenant le menton pour<br />

l’obliger à la regarder.<br />

Holmann tenta de s’asseoir.<br />

—Madame, <strong>ce</strong>la ne me plait pas. Trouvez-moi plutôt un verre de brandy, je vous prie.<br />

—Fermez les yeux, répéta Gabriella d’une voix ensor<strong>ce</strong>leuse. Fermez les yeux.<br />

—Madame… souffla Holmann alors que ses p<strong>au</strong>pières tombaient. Ulrika, dites-lui… de…<br />

Ulrika sanglota lorsque la tête du templier retomba sur l’oreiller et que Gabriella aposa ses lèvres sur<br />

son cou. Elle fut incapable de regarder, serra ses bras <strong>au</strong>tour de sa poitrine et appuya son visage contre le<br />

cadre de la porte. Elle ferma les yeux et <strong>au</strong>rait voulu pouvoir pleurer.<br />

Elle sentit un objet dur contre son ép<strong>au</strong>le g<strong>au</strong>che, un objet glissé sous son gilet. La dague d’argent. Elle<br />

resta figée lorsqu’une terrible pensée s’imposa à elle, puis elle se tourna vers Gabriella, penchée <strong>au</strong>dessus<br />

d’Holmann sans défense.<br />

Ulrika glissa une main sous son gilet et la referma sur la poignée de la dague. La comtesse ne verrait<br />

même pas venir le coup. Elle serait morte avant d’avoir pu se retourner. Ulrika pourrait s<strong>au</strong>ver Holmann<br />

et s’enfuir avec lui, quitter l’Empire et partir à l’aventure dans une quelconque contrée étrangère, et y<br />

vivre à l’écart de toute société.<br />

Mais <strong>au</strong>ssi rapidement que <strong>ce</strong> rêve se forma, la réalité le démolit comme une charge de cavalerie. Elle<br />

s’imagina Holmann vieillir, finissant par la haïr pour <strong>ce</strong> qu’elle était et même voulant la tuer comme il<br />

l’avait fait avec ses parents. Pouvait-elle tuer Gabriella pour <strong>ce</strong>la ? Pourrait-elle assassiner <strong>ce</strong>tte femme<br />

qui l’avait recueillie, qui l’avait protégée et réconfortée après chacune de ses erreurs de jeunesse ? Sans<br />

Gabriella, elle serait morte depuis longtemps.<br />

Elle leva la tête. Le ride<strong>au</strong> de la chambre n’était pas totalement fermé et un min<strong>ce</strong> trait de lumière<br />

pénétrait dans la piè<strong>ce</strong>. Si elle-même ne pouvait faire le moindre mal à Gabriella, peut-être pourrait-elle<br />

se suicider. Elle avait une dague d’argent dans la main et le soleil n’était qu’à quelques pas d’elle. Mais<br />

l’éventualité de s’ouvrir elle-même la gorge ou de se jeter par la fenêtre et s’exposer à la lumière du jour<br />

ne dépassa pas le domaine de l’idée. Elle ne put ni bouger son bras, si ses jambes.<br />

Gabriella se redressa avec un soupir de soulagement, puis se retourna vers Ulrika.<br />

—Vas-tu prendre son sang ?<br />

Ulrika ferma les yeux et secoua la tête, puis sa main quitta la poignée de la dague. Elle se sentit lâche à<br />

nouve<strong>au</strong>.<br />

—Pas sur lui, répondit-elle. Je ne pourrais pas.<br />

—Bien sûr, souffla la comtesse. Je comprends.<br />

Elle se retourna vers Holmann, plongé dans un profond sommeil, pris sa tête dans ses mains délicates et<br />

lui brisa le cou comme si <strong>ce</strong> n’était qu’une brindille.<br />

Ulrika se détourna, les yeux fermés <strong>au</strong>ssi fort qu’elle le put, pleurant sans verser la moindre larme.<br />

Derrière elle, elle sentit Gabriella s’approcher, puis passer ses bras <strong>au</strong>tour de ses ép<strong>au</strong>les et l’attirer<br />

contre elle.<br />

—Je suis désolée, mon cœur, lui murmura-t-elle. Il fallait le faire.<br />

Ulrika tenta de se dégager, mais la comtesse l’en empêcha en la tenant contre elle.

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