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passer ici ?<br />

Ulrika comprit immédiatement <strong>ce</strong> qui s’était produit, mais elle n’en dit rien. En regardant <strong>au</strong>tour d’elle,<br />

il était évident que c’était ici que Maîtresse Alfina avait été tuée. La piè<strong>ce</strong> avait fait offi<strong>ce</strong> de mouroir<br />

comme toutes les <strong>au</strong>tres, mais la douzaine de squelettes qui avaient été entreposés là avaient été<br />

éparpillés un peu partout comme sous l’effet d’une tornade. Ulrika aperçut un membre recouvert d’une<br />

pe<strong>au</strong> parcheminée sortant de sous une paillasse totalement renversée et près d’elle, deux squelettes<br />

s’étaient retrouvés posés l’un sur l’<strong>au</strong>tre comme dans une étreinte amoureuse.<br />

Et il y avait d’<strong>au</strong>tres signes de lutte. Une fenêtre avait été brisée, des éclats de bois et de verre gisaient<br />

<strong>au</strong> sol, des tra<strong>ce</strong>s de griffes étaient visibles sur le plancher et même sur les murs. Des taches d’un sang<br />

noir émaillaient l’épaisse couche de poussière.<br />

Et puis il y avait <strong>ce</strong>tte puanteur, tellement forte que même Holmann pouvait la sentir.<br />

—Par le sang de Sigmar ! dit-il en toussant. Ça ne vient pas des cadavres de la peste ! On dirait une<br />

charogne qui <strong>au</strong>rait pourri <strong>au</strong> soleil !<br />

—On dirait, en effet, répondit Ulrika.<br />

Mais surtout la même odeur qu’elle avait dé<strong>ce</strong>lée pour la première fois sur le cadavre d’Alfina et à<br />

nouve<strong>au</strong> devant le Silver Lily. Ici, elle était omniprésente, on se serait cru dans un charnier. Elle en eut<br />

des n<strong>au</strong>sées et eut envie de vomir, mais elle s’en délectait en même temps. C’était l’odeur du tueur, elle<br />

en était désormais <strong>ce</strong>rtaine. Si elle parvenait à suivre <strong>ce</strong>tte piste jusqu’à sa sour<strong>ce</strong>, elle découvrirait qui<br />

s’en prenait ainsi <strong>au</strong>x Lahmianes et pourrait mettre un terme à <strong>ce</strong>tte terreur, et par là même, à <strong>ce</strong><br />

malentendu entre Hermione et Mathilda. Mais où donc <strong>ce</strong>t assassin était-il parti, et comment ?<br />

—Qu’est-<strong>ce</strong> qui a bien pu laisser ça ? demanda Holmann en examinant une tra<strong>ce</strong> de griffe sur l’un des<br />

murs.<br />

Ulrika retourna dans la première salle, ignorant sa remarque et y inspira à fond. L’odeur n’était plus<br />

présente. Elle s’estompait rapidement à peine la porte franchie et elle ne l’avait pas non plus remarquée<br />

dans les étages inférieurs. Qu’est-<strong>ce</strong> que <strong>ce</strong>la pouvait bien signifier ? Cette chose pouvait-elle se<br />

transformer comme le faisait Mathilda et ne dégager <strong>ce</strong>tte odeur que dans l’un de ses états ? Peut-être,<br />

mais…<br />

Elle comprit soudain. Elle passa devant Holmann et se rendit à la fenêtre brisée. Oui. Il y avait des<br />

tra<strong>ce</strong>s de griffes sur les rebords, et <strong>ce</strong>tte même odeur écœurante, tellement forte qu’elle ne put que<br />

grima<strong>ce</strong>r.<br />

—C’est entré par là, dit-elle. Et c’est ressorti par le même chemin.<br />

Holmann la rejoignit et regarda <strong>au</strong>-dehors, dans la nuit.<br />

—Dans <strong>ce</strong> cas, <strong>ce</strong> doit être capable de voler, fit-il remarquer.<br />

Ulrika suivit son regard. La fenêtre dominait le croisement boueux, le bâtiment le plus proche se<br />

trouvait de l’<strong>au</strong>tre côté de la rue, peut-être à dix pas de là.<br />

—Ou de bondir, dit-elle.<br />

Elle se souvenait de ses propres prouesses de la nuit dernière.<br />

—Ça ferait tout de même un sacré bond, lui dit-il.<br />

—Oui, répondit Ulrika déjà perdue dans ses pensées.<br />

Si elle voulait pouvoir suivre <strong>ce</strong>tte piste jusqu’<strong>au</strong> terrier de <strong>ce</strong>tte chose, il lui f<strong>au</strong>drait monter sur le toit<br />

des <strong>au</strong>tres bâtiments et renifler partout, puis tenter de suivre la progression de la bête de toit en toit, en<br />

essayant de deviner à chaque fois quelle direction elle avait pu prendre. L’affaire s’annonçait délicate et<br />

si <strong>ce</strong>tte chose pouvait effectivement voler, <strong>ce</strong> serait même impossible.<br />

Elle se retourna vers la piè<strong>ce</strong>. Il devait exister une <strong>au</strong>tre manière, plus facile. Elle examina le sol. Il y<br />

avait eu d’<strong>au</strong>tres personnes en plus d’Alfina et du meurtrier. Il y avait des empreintes de pas à travers

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