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—Vous n’<strong>au</strong>riez pas dû flancher, lui dit-il. Épargner votre sœur était une f<strong>au</strong>sse pitié. Elle était déjà<br />
morte et son âme déjà perdue. Vous l’<strong>au</strong>riez bien <strong>au</strong> contraire libérée de sa misère.<br />
—Je sais, répondit-elle en dissimulant un nouve<strong>au</strong> sourire. Je sais.<br />
Elle se dit alors qu’elle <strong>au</strong>rait dû choisir une <strong>au</strong>tre histoire, une qui ne lui <strong>au</strong>rait pas rappelé son propre<br />
manque de courage. Cependant, <strong>ce</strong>lle-ci semblait avoir convaincu le chasseur, il s’agissait sans doute<br />
d’une victoire pour la lignée des Lahmianes, même si <strong>ce</strong>lle-ci ne lui semblait pas valoir une victoire<br />
obtenue par la pointe de l’épée.<br />
Elle leva les yeux et chercha un moyen de se débarrasser enfin de lui pour pouvoir se relan<strong>ce</strong>r à la<br />
poursuite du petit bonhomme, mais elle ne trouva <strong>au</strong>cune explication sur le fait qu’elle continuerait alors<br />
sa chasse sans la moindre lanterne.<br />
—Allez-vous m’aider, alors ? Je n’ai plus de lanterne et le monstre est en train de s’échapper pendant<br />
que nous parlons.<br />
Le chasseur plissa le front.<br />
—Je ne suis pas enclin à entraîner une femme dans <strong>ce</strong> genre d’affaire.<br />
—Mais si vous me reconduisez à la surfa<strong>ce</strong>, vous ne le retrouverez plus ensuite.<br />
—Exact, admit-il à contrecœur. Très bien, allons-y, mais restez en arrière.<br />
—Comme vous voudrez, messire, répondit-elle en serrant les dents. Il est parti par <strong>ce</strong> tunnel-ci.<br />
Le chasseur hocha la tête et se dirigea vers le tunnel en question, les éperons de ses h<strong>au</strong>tes bottes de<br />
cavalerie sonnèrent à chacun de ses pas. Ulrika le suivit, m<strong>au</strong>dissant son incroyable lenteur. Jamais ils ne<br />
rattraperaient le gros bonhomme à <strong>ce</strong>tte vitesse, mais peut-être pourraient-ils <strong>au</strong> moins suivre sa piste<br />
jusqu’à son repaire. Les empreintes de ses pas restaient clairement visibles dans la fine couche qui<br />
recouvrait le sol.<br />
—Quel est votre nom, Fräulein ? lui demanda soudain le chasseur qui marchait devant elle.<br />
—Ulrika Straghov de Kislev, répondit-elle sans réfléchir, puis elle se demanda immédiatement si elle<br />
n’<strong>au</strong>rait pas mieux fait de trouver un nom d’emprunt. Mais il était déjà trop tard. Et le vôtre, messire ?<br />
—Je suis le templier Friedrich Holmann, annonça-t-il avec un petit signe de tête. Chasseur de sorcières<br />
du Saint Ordre de Sigmar.<br />
—Je suis honorée, ajouta Ulrika, même si le qualificatif terrifié <strong>au</strong>rait été plus adapté.<br />
Elle semblait avoir gagné sa confian<strong>ce</strong> pour le moment, mais elle savait <strong>au</strong>ssi que la moindre<br />
maladresse en parole ou en comportement ferait ressurgir la nature suspicieuse du jeune homme. Elle eut<br />
l’impression à chacun de ses pas de marcher sur des œufs en progressant à ses côtés.<br />
Ils trottinèrent en silen<strong>ce</strong> durant un moment, puis Holmann se remit à parler.<br />
—Je sais qu’il est difficile de rester fort fa<strong>ce</strong> à la corruption, Fräulein, lui dit-il. Particulièrement<br />
lorsque vous découvrez qu’elle se cache <strong>au</strong> sein de votre propre famille, mais <strong>ce</strong> qui doit être fait ne peut<br />
être laissé en suspens. J’ai tué mes propres parents lorsque j’ai découvert qu’ils étaient des mutants.<br />
Ulrika tourna la tête vers lui, stupéfaite. Par <strong>ce</strong>tte seule révélation, il venait de confirmer toutes <strong>ce</strong>s<br />
histoires qui couraient <strong>au</strong> sujet de <strong>ce</strong>s fanatiques et jusqu’où pouvait les pousser leur foi. Ils étaient<br />
vraiment prêts à tout pour montrer leur dévotion. Et pourtant…<br />
Et pourtant, elle ne voyait pas brûler <strong>ce</strong>tte flamme de démen<strong>ce</strong> dans <strong>ce</strong>s yeux gris, pas plus qu’elle<br />
n’entendait <strong>ce</strong>s habituelles intonations péremptoires, seulement une gravité et une profonde tristesse. Il ne<br />
tirait visiblement nulle fierté de <strong>ce</strong> qu’il avait fait.<br />
—Ça me fait mal <strong>au</strong>jourd’hui encore, reprit-il. Mais je puise ma for<strong>ce</strong> en Sigmar et vous seriez bien<br />
sage de faire de même. Ses enseignements m’ont permis de comprendre que je leur avais en fait donné la<br />
paix et que je les avais libérés de leurs souffran<strong>ce</strong>s.<br />
—Je prie pour que vous ayez raison, messire, dit Ulrika.