Maurice Maignen - Apôtre du monde ouvrier - par Richard Corbon s.v.
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Il cherche à en tirer le meilleur profit: "Nous aurions grand besoin <strong>du</strong> règlement de la<br />
congrégation <strong>du</strong> Sacré-Cœur qui n’est pas dans le règlement imprimé" et d’autres conseils:<br />
"Je serais heureux d’avoir vos idées sur les moyens d’inspirer à de bons enfants extrêmement<br />
joueurs la pensée de renoncer au jeu pour surveiller..comment prévenez-vous les dangers si<br />
grands à Paris des réunions <strong>du</strong> soir...?"<br />
Il vient lui demander son avis, car s'il a bien tenté d’appliquer la méthode de Timon-<br />
David, la saison hivernale bouleverse les plans et les confrères s’inquiètent: "...en voyant la<br />
défection de nos enfants, et ces réunions <strong>du</strong> soir tomber à rien, nos confrères de St-Vincentde-Paul<br />
me poussent beaucoup à organiser des cours de dessin, musique, français, etc. -ils ne<br />
comprennent pas des réunions d’enfants qui n’ont que le jeu pour objet. Pour moi, je comprends<br />
très bien l’utilité d’une réunion de récréation et de jeux se terminant <strong>par</strong> un exercice de<br />
piété. Mais les enfants ne viennent pas...veuillez me dire si vous réunissez vos enfants <strong>du</strong>rant<br />
l’hiver, combien vous en avez et ce que vous faites. Pour organiser ces réunions <strong>du</strong> soir, nous<br />
avons reculé l’heure de notre coucher et modifié très notablement notre règlement de communauté.<br />
C’est beaucoup de temps pour ainsi dire per<strong>du</strong>, <strong>du</strong> moins en ap<strong>par</strong>ence. Faut-il néanmoins<br />
persévérer?..." (lettre 8.10.1856).<br />
On voit les conséquences qu’un tel changement pouvait entraîner et combien <strong>Maignen</strong><br />
devait "harmoniser" les rapports avec ses confrères et les exigences de sa vie de communauté.<br />
Même sentiment chez un Nazaréen aussi engagé dans l’Œuvre que M. de Chauvigné,<br />
qui écrit le 26 novembre au P.Timon-David. Sa lettre met bien en lumière les difficultés rencontrées<br />
pour faire prévaloir l’esprit de piété sur le poids des habitudes antérieures, spécialement<br />
celles des fêtes:<br />
"...J’ai retrouvé Nazareth en bon train. Notre petite association est vraiment bénie de la<br />
Ste Vierge puisqu’elle progresse, et malgré mille embarras de direction. J’ai été affligé de<br />
voir notre bon M. <strong>Maignen</strong> presque en-dehors de l’Œuvre, puisqu’il ne nous vient plus que le<br />
dimanche soir, ne pouvant <strong>par</strong> conséquent donner à sa direction une marche aussi assurée,<br />
aussi exacte, pleine d’autant d’a-propos...il m’a montré une lettre de vous que nous avons<br />
méditée ensemble. Nous sommes tombés d’accord avec vous. Comme vous, nous croyons que<br />
trop de fêtes nuisent à nos œuvres...l’année dernière nous sommes tombés dans cet abus, un<br />
peu <strong>par</strong>ce qu’avec nos fêtes propres, nous étions obligés de célébrer celles que nous imposait<br />
la Société de Saint-Vincent-de-Paul, celles communes à tous les patronages, puis encore celles<br />
<strong>du</strong> Patronage de Nazareth auxquelles nous étions invités. Nous tâcherons cette année de<br />
nous tenir sur la défensive, et de prendre rarement l’offensive..."<br />
En plus des fêtes à maîtriser, il faut encore tenir compte <strong>du</strong> niveau des enfants: "le 1 er<br />
novembre, nous inaugurons à Paris le nouveau local de notre Œuvre des jeunes <strong>ouvrier</strong>s"...ses<br />
efforts pour pro<strong>du</strong>ire la persévérance ne donne pas tous les fruits qu’il voudrait....la masse des<br />
enfants n’est pas pieuse, (souligné), les meilleurs n’ont aucun goût de piété, même ceux qui<br />
font la communion chaque dimanche..." (22.10.57).<br />
Dans une lettre qu’il adresse le 26 août au F.<strong>Maignen</strong>, M. LePrevost ne s’oppose pas à<br />
sa <strong>par</strong>ticipation au Congrès d'Angers. Il n’en attend pas autant de bien que lui, car il "se fait<br />
dans ces Congrès ordinairement plus de discours que de vrai et solide fruit pour les œuvres."<br />
Il connaît aussi l’émotivité <strong>du</strong> Frère, qui pourrait lui être préjudiciable dans les discussions:<br />
qu’il intervienne donc le moins possible. Craignant surtout qu’il y soit votée une sorte de loicadre<br />
pour les Œuvres, ne respectant pas suffisamment la spécificité des différents systèmes<br />
de patronage, il lui donne la ligne à suivre: croire davantage à la diversité des moyens selon<br />
les besoins, qu’à un principe d’uniformité qui imposerait les mêmes formes à toutes les locali-<br />
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