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Maurice Maignen - Apôtre du monde ouvrier - par Richard Corbon s.v.

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tienne à Paris, où ils ne peuvent plus exercer leur ministère, ils se retirent à Chaville, attendant<br />

les événements, et se tenant prêts à retourner à leur poste aussitôt que l’oppression tyrannique<br />

qui pèse sur Paris aura cessé. "Du 21 au 28 mai, l’armée régulière, dite "versaillaise",<br />

repousse peu à peu les forces de la Commune vers l’Est de Paris. Aux fusillades des uns répondent<br />

les massacres des otages et les incendies de monuments (Tuileries, Ministère des<br />

Finances) des autres: lorsque la dernière barricade tombe le 28 mai, rue Ramponneau, on estimera<br />

à près de 20000 communards les victimes de la fameuse"semaine sanglante".<br />

C’est sous une pluie fine, le matin <strong>du</strong> vendredi 26 mai, que M.<strong>Maignen</strong> rentre à Paris. Il<br />

ne sait pas encore qu’en ce jour, l’étau de l’armée versaillaise se resserre définitivement autour<br />

des dernières poches de résistance tenues <strong>par</strong> les Communards et que va être perpétré le<br />

massacre des otages de la rue Haxo. Il se rend immédiatement au Cercle et à Nazareth, où il<br />

constate quelques dégâts, mais, dans l’ensemble, les bâtiments n’ont pas trop souffert. Le dimanche,<br />

fête de la Pentecôte, il apprend qu’à l’Etat-Major de Mac-Mahon, on possède une<br />

liste des otages sur laquelle figure le nom <strong>du</strong> P.Planchat. Il rejoint aussitôt Vaugirard et se<br />

concerte avec M.Myionnet et le P.Lantiez pour récupérer le corps de leur frère. Toute la journée<br />

<strong>du</strong> lundi se passe en tractations entre La Roquette et Belleville, et ce n’est que vers 5 heures<br />

<strong>du</strong> soir, qu’ils arrivent rue Haxo, où une fosse commune a été aménagée: "Quand nous<br />

sommes arrivés, écrit-il au P.LePrevost l’exhumation était déjà commencée, on avait tiré <strong>du</strong><br />

trou une dizaine de gendarmes et les corps de trois ou quatre prêtres". Ramené à Chaville, le<br />

corps <strong>du</strong> P.Planchat sera inhumé le 16 juin, fête <strong>du</strong> Sacré-Cœur, au sanctuaire de Notre-Dame<br />

de la Salette.<br />

Après avoir ainsi contribué à honorer la mémoire de celui que M. LePrevost donnait en<br />

exemple à ses fils: "Nul n’a porté, <strong>par</strong>mi nous, plus loin, le zèle et le dévouement pour les<br />

pauvres et les <strong>ouvrier</strong>s..." 155 , le frère <strong>Maurice</strong> retourne à son Cercle pour le remettre en ordre,<br />

après plusieurs semaines de profonds bouleversements. Mais son zèle se trouva alors comme<br />

freiné dans son élan. L’amour qu’il portait aux <strong>ouvrier</strong>s était comme une seconde nature: il ne<br />

put supporter les manifestations déplacées qui suivirent la "victoire".<br />

Or, de retour au Cercle et à Nazareth, il trouva cet esprit intempestif chez l’un de ses<br />

Frères. Lui qui avait eu le cœur brisé devant tant de haines et de luttes fratricides, vécues<br />

comme un nouveau 1848, il s’employa à ce "que la joie légitime de la délivrance ne pût blesser<br />

les membres des œuvres qui ap<strong>par</strong>tenaient tous à cette classe ouvrière dont tant de représentants<br />

avaient trouvé la mort soit sur les barricades, soit dans les exécutions sommaires de<br />

la "semaine sanglante". 156<br />

Dès le 28 mai, il écrit au P. LePrevost qu’il faudrait envoyer d’urgence quelqu’un capable<br />

de raisonner l’un des Frères qui manque de tact dans les circonstances aussi délicates que<br />

terribles qu’ils vivent en ce moment à Paris. L’Œuvre a besoin d’un esprit de prudence et de<br />

paix qui doit animer les relations avec "ce malheureux peuple". Car ce Frère, dans l’exaltation<br />

<strong>du</strong> triomphe, "frappe à tort et à travers...sur tous les vaincus. Le canon gronde encore, la fusillade<br />

des exécutions; on pré<strong>par</strong>e une fête pour dimanche comme si de rien n’était". Car luimême<br />

se sent fragile, moralement et spirituellement, <strong>par</strong> ce qu’il voit, ce qu’il entend, et <strong>par</strong><br />

tout ce qu’il lui faut faire. "J’ai besoin de grâces bien <strong>par</strong>ticulières pour me soutenir. Je sens,<br />

plus que jamais, que sans Notre-Seigneur, je ne puis rien faire, et dans cette agitation, sa présence<br />

sensible m’échappe totalement..."<br />

155<br />

"..nul n’a pratiqué plus généreusement les vertus religieuses, nul enfin n’a professé un si tendre attachement pour notre<br />

petite famille."(L.1640, 2 juin 1871, à M. Risse)<br />

156<br />

C. <strong>Maignen</strong>, <strong>Maurice</strong> <strong>Maignen</strong>, I, p. 364.<br />

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