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Maurice Maignen - Apôtre du monde ouvrier - par Richard Corbon s.v.

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entre le bien et le mal, a plus d’attrait, si l’on peut s’exprimer ainsi, sur le cœur de Dieu,<br />

quand il lui reste fidèle, quand il demeure vainqueur <strong>du</strong> démon et de ses passions, que l’ange<br />

lui-même, dans l’impeccabilité relative et la <strong>par</strong>faite spiritualité de son être! Et pour le mieux<br />

comprendre, considérez, mon ami, ce qui se passe dans le cœur le plus admirable et le plus<br />

<strong>par</strong>fait après le cœur de Dieu, le cœur d’une mère! Dites, pour qui sont ses affections les plus<br />

constantes, ses dévouements les plus absolus, ses sacrifices les plus entiers, les plus insensés?<br />

N’est-ce pas toujours pour celui de ses enfants le plus faible, le plus infirme, et souvent aussi<br />

le plus ingrat! Ainsi est le cœur de Dieu, autant qu’on peut com<strong>par</strong>er le créateur à la créature.<br />

Ce n’est pas pour l’ange que Dieu s’est incarné et qu’il est mort, qu’il a institué son incompréhensible<br />

sacrifice et qu’il s’est anéanti jusqu’à la Présence réelle dans l’Eucharistie, telle<br />

que la croient les catholiques. C’est pour l’homme, et pour l’homme seulement! c’est pour<br />

vous, mon enfant, et c’est pour moi, misérables que nous sommes!"<br />

"Trente ans se sont écoulés depuis cet entretien, dont pas une ligne n’a été écrite jusqu’à<br />

ce jour, mais dont pas un seul mot, peut-être, ne s’est effacé de mon souvenir. Il me semble<br />

voir M. LePrevost prononcer ces <strong>par</strong>oles. Il me semble entendre l’accent de sa voix dont ceux<br />

qui l’ont connu savent l’onction et la puissance. J’en ai repro<strong>du</strong>it les termes, mais ce que je ne<br />

saurais rendre, c’est le feu qui brillait dans ses yeux, c’est l’émotion de sa voix, toute vibrante<br />

<strong>du</strong> divin amour!" 30<br />

On le voit dans cet événement rapporté <strong>par</strong> M.<strong>Maignen</strong> -grâces à Dieu, il n’était pas encore<br />

sorti de sa mémoire!- : davantage que son discours, ce fut la personne même de M. Le-<br />

Prevost qui réussit à vaincre les dernières résistances de son esprit inquiet.<br />

M. LePrevost avait un confesseur, l’abbé Beaussier, qui n’habitait pas très loin de la rue<br />

<strong>du</strong> Cherche-Midi, dans la rue de Varenne. Tout naturellement, il propose à son jeune ami<br />

d’aller le rencontrer pour lui permettre de renouer avec les sacrements, et ainsi pouvoir<br />

l’admettre à la Conférence. M. <strong>Maignen</strong> l’y accompagne sans difficulté, mais cependant avec<br />

cette prévention anticléricale bien caractéristique de la Monarchie de Juillet, et surtout avec<br />

"ce complexe de Naaman", qu’il avouera toujours avec humilité:<br />

"M. l’abbé Beaussier était un prêtre d’une candeur admirable, menant une vie intérieure<br />

très élevée, mais dépourvu de tout dehors brillant. Mon âme misérablement orgueilleuse,<br />

même dans son retour, se trouva encore choquée qu’on ne l’eût pas adressée à quelque illustration<br />

<strong>du</strong> jour qui l’aurait sans doute accueillie avec moins de patience et de charité. Dieu<br />

avait ses desseins en inspirant à M. LePrevost de me con<strong>du</strong>ire à M. Beaussier, qui devait être<br />

plus tard le père spirituel de notre petite Congrégation et guider ses commencements. M. Le-<br />

Prevost qui estimait avant tout la simplicité, et avait pénétré l’avancement spirituel de ce saint<br />

prêtre, préféra M. Beaussier à tout autre. Ce fut lui qui imprima à l’origine de notre petite<br />

famille son cachet de vie intérieure et d’humilité. Malgré l’extrême douceur de M. l’abbé<br />

Beaussier et l’affabilité <strong>par</strong>faite de son accueil, je me sentis profondément ému quand je me<br />

trouvais en sa présence. Je ne m’étais pas approché d’un prêtre depuis ma première communion.<br />

Cette robe noire me glaça et me fit peur. Je ne le dissimulai pas à M. LePrevost qui sourit<br />

de ma faiblesse, se retira dans l’ap<strong>par</strong>tement voisin et me laissa seul avec mon confesseur.<br />

Pendant ma confession, il priait de toute son âme pour son triste néophyte. M. Beaussier désira<br />

que je fisse une confession générale et ne me donna pas l’absolution m’invitant à revenir la<br />

semaine suivante. A cette seconde confession, je reçus le <strong>par</strong>don de mes fautes. M. l’abbé<br />

Beaussier souhaita que j’allasse à ma <strong>par</strong>oisse pour faire la sainte communion, comme accomplissement<br />

<strong>du</strong> devoir pascal. J’entendis la messe à l’église Sainte-Valère, rue de Bourgo-<br />

30 Histoire de la vocation <strong>du</strong> 3 e Frère, op.cit. passim.<br />

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