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Maurice Maignen - Apôtre du monde ouvrier - par Richard Corbon s.v.

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uns de ses tableaux: "Ceux que vous avez envoyés aux expositions précédentes, disait le maire,<br />

ont excité le plus vif intérêt, et l'exposition qui doit s'ouvrir incessamment ne <strong>par</strong>aîtrait pas<br />

complète si l'on n'y remarquait quelques-unes de vos compositions". Bientôt lassé de toutes<br />

ces démarches, il cessa toute sollicitation et se contenta d’une vie des plus modestes.<br />

Comme on le devine, l’argent rentrait difficilement chez les <strong>Maignen</strong>, et même si, un<br />

temps, sous la Monarchie de juillet, leur situation s’améliorera, elle restera toujours problématique.<br />

Le jour viendra où elle sera des plus précaires, dès que la santé <strong>du</strong> chef de famille<br />

commencera à se dégrader. Depuis 1818, date de son retour à la vie civile, Charles-Désiré<br />

subit ainsi un phénomène, que vivra aussi son fils <strong>Maurice</strong>, de "déclassement social": s'il ap<strong>par</strong>tient<br />

toujours à la bourgeoisie, ses tribulations professionnelles l’assimilent chaque jour<br />

davantage aux "classes laborieuses".<br />

1831-1837 : une bonne première communion, mais des études suspen<strong>du</strong>es<br />

En janvier 1822, au lendemain <strong>du</strong> décès de son père, Charles-Désiré avait dû quitter,<br />

avec sa femme et sa mère, l'ap<strong>par</strong>tement de famille qu’ils occupaient rue St-Honoré, depuis<br />

1807, pour aller s’installer rue de la Ferronnerie. Au début <strong>du</strong> mois de mars, comme l’on a vu,<br />

va naître son premier garçon, <strong>Maurice</strong>. Un second fils, Louis-Eugène, naîtra deux ans plus<br />

tard, le 4 février 1824, rue de Grenelle-St-Germain.<br />

Jusqu’en 1840, en l'espace de dix-huit ans, la famille va déménager à dix reprises! Mais<br />

toujours de <strong>par</strong>t et d’autre de la Seine, et dans le même périmètre qui comprend le faubourg<br />

St-Germain, le boulevard de la Madeleine, les rues Royale, St-Florentin, St-Honoré, <strong>du</strong> Bac,<br />

et enfin rue de Sèvres. Ils habiteront aussi à l’ombre de la Sainte-Chapelle et <strong>du</strong> Palais de Justice.<br />

Ces déplacements successifs sont comme les baromètres de la situation familiale. On<br />

déménage <strong>par</strong>ce que le terme est trop cher ou la rue trop peu commerçante. Quand la bonne<br />

fortune revient, on va s’installer ailleurs et plus à l’aise. Mais pour <strong>Maurice</strong>, ce ne sera pas<br />

tout bénéfice, loin de là. Malgré les sacrifices consentis, son instruction va en pâtir. Son instruction<br />

religieuse et son bagage scolaire seront des plus légers. Comme il ne poussera pas ses<br />

études secondaires très loin, sa formation d’artiste, malgré des dons innés, tournera vite court.<br />

Le 6 mars 1822, le surlendemain de sa naissance, <strong>Maurice</strong> est baptisé à St-Germain-<br />

l'Auxerrois. Sans doute sous l’influence de sa mère, qui n’a pas les mêmes préventions que<br />

son époux à l’endroit de la religion. Quand, en mai 1834, <strong>Maurice</strong>, âgé de douze ans, fait sa<br />

première communion et sa confirmation sur la <strong>par</strong>oisse de la Madeleine, son père ne voit pas<br />

cela d’un bon œil. Louis-Eugène <strong>Maignen</strong> rapporte qu’un vicaire de la <strong>par</strong>oisse, l’abbé Legrand,<br />

"entretenait chez <strong>Maurice</strong> une très ardente ferveur que la première é<strong>du</strong>cation de mon<br />

père lui faisait considérer comme un danger; mais mon frère était naturellement porté à la<br />

piété". 7<br />

Ce que <strong>Maurice</strong> confirmera lui-même: "J'avais trouvé chez mes <strong>par</strong>ents l'exemple des<br />

vertus humaines et le respect de la religion, plutôt que la pratique. Où voulez-vous puiser la<br />

foi catholique au milieu d'une famille seulement honnête?" Ce qu’il entend <strong>par</strong> "vertus humaines<br />

et famille honnête", dont il se sait débiteur vis-à-vis de ses <strong>par</strong>ents, c’est tout un en-<br />

7 Portraits de famille, I, op.cit. p.116.<br />

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