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Maurice Maignen - Apôtre du monde ouvrier - par Richard Corbon s.v.

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On le voit: le F. <strong>Maignen</strong> ne se contente pas de "moraliser" <strong>par</strong> le rappel des vertus naturelles<br />

et de la piété, -c’est alors le fonds commun à tous ceux qui s’occupent des <strong>ouvrier</strong>s,-<br />

mais il fait œuvre d’é<strong>du</strong>cation humaine <strong>par</strong> le travail et l’amour <strong>du</strong> métier.<br />

En ces années 1846-1848, les œuvres ne l’ayant pas encore acca<strong>par</strong>é totalement, il a pu<br />

faire aussi de nombreuses lectures et réfléchir sur ce <strong>monde</strong> <strong>du</strong> travail, qu’il découvre chaque<br />

jour davantage.<br />

Notes de jeunesse sur la condition ouvrière<br />

Le jour, docile aux conseils de ses Frères LePrevost et Myionnet, c’est le soir, et jusque<br />

tard dans la nuit que M.<strong>Maignen</strong> confie à sa plume le trop-plein de son cœur, ce qu’il a vécu<br />

avec ses enfants, bref, tout le fruit de ses observations. Mais aussi le fruit de ses réflexions sur<br />

ce peuple d’apprentis et d’<strong>ouvrier</strong>s, au sein <strong>du</strong>quel il commence à pénétrer.<br />

Il a mis d’abord en chantier un livre sur les <strong>ouvrier</strong>s comme il l’écrit à son frère Louis-<br />

Eugène: "J’ai beau avoir mes scènes bien dessinées dans la tête, l’exécution laisse beaucoup à<br />

désirer. Souvent le croyant prend la place <strong>du</strong> conteur, la scène dis<strong>par</strong>aît sous un sermon vague<br />

et emphatique. D’une bonne idée, je ne tire pas tout le <strong>par</strong>ti possible...et surtout ce qui me<br />

manque, ce qui ferait la fortune de ce livre, c’est la vie <strong>du</strong> peuple, son langage, son âme, ses<br />

instincts souvent généreux, toujours curieux et touchants. Cette gaieté si gracieuse dans le<br />

peuple souriant au milieu de sa misère, tous les instincts joyeux <strong>du</strong> cœur de l’homme, comme<br />

l’amour, la paternité, la famille épanouie et radieuse au milieu des haillons, de la misère et des<br />

sueurs <strong>du</strong> labeur, il faudrait la plume de mon frère pour achever cela et donner un corps jeune<br />

et vigoureux à l’âme de mon livre..." Et il faudrait aussi la direction de Monsieur LePrevost,<br />

qui saura bientôt lui donner de précieux conseils de rédaction et de composition.<br />

Dans une lettre postérieure, il avouera, non sans quelque exagération, "n’avoir écrit<br />

quelque chose de passable qu’une fois quittées les sphères poétiques romantiques et rêveuses<br />

pour repro<strong>du</strong>ire tout bonnement avec simplicité le langage de ses patrons et de ses enfants et<br />

les situations assez curieuses de leur vie. Pour être <strong>par</strong>venu à se débarrasser <strong>du</strong> fatras de ses<br />

idées pauvres et fausses d’autrefois et revêtir tant bien que mal mes pensées de la forme populaire,<br />

il lui aura fallu vivre longtemps au milieu de ce <strong>monde</strong>-là , vivre en quelque sorte de sa<br />

vie, vivre dans l’âme de ses enfants <strong>par</strong> la méditation habituelle de leurs dangers et des accidents<br />

de leur existence".<br />

Sur <strong>du</strong> papier à en-tête <strong>du</strong> Ministère de la guerre, qu’il a noircis en 1846, il dialogue<br />

avec les penseurs, les savants, les responsables politiques...Ces notes de jeunesse révèlent un<br />

<strong>Maignen</strong> déjà sensibilisé à l’aspect social de la condition de l’<strong>ouvrier</strong>. Donnons-en un court<br />

florilège.<br />

On y trouve un manuscrit qu’il a intitulé "Les Economistes". C’est une tirade cinglante<br />

contre les propos <strong>du</strong> ministre de l’Intérieur affirmant que la charité privée faisait plus de mal<br />

que de bien: "ô saint Vincent de Paul, ironise <strong>Maignen</strong>, vous avez donc provoqué<br />

l’imprévoyance, encouragé la fainéantise; au lieu d’ouvrir de nouveaux hospices, vous eussiez<br />

dû fermer les anciens; au lieu de nourrir nos provinces ruinées, il fallait les laisser mourir...Sœurs<br />

de la charité, vous les mères des enfants abandonnés de leur mère, vous les providences<br />

de l’orphelin,...il s’est trouvé dans le <strong>monde</strong>, un homme, un savant, un ministre qui a<br />

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