Maurice Maignen - Apôtre du monde ouvrier - par Richard Corbon s.v.
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1845 : fondation des Frères de Saint-Vincent-de-Paul<br />
Très tôt, Jean-Léon LePrevost s’était occupé de jeunes en détresse.<br />
D’abord de jeunes détenus, puis, en 1836, de quelques apprentis-orphelins, pris en charge<br />
<strong>par</strong> la Société de Saint-Vincent-de-Paul. L’œuvre, des plus modestes, installée rue Copeau,<br />
(aujourd’hui rue Lacépède), d’abord dirigée <strong>par</strong> un laïc, M. de Kerguelen, le fut ensuite, provisoirement,<br />
<strong>par</strong> LePrevost qui se dévoua tout entier à ces enfants abandonnés. Ce furent là<br />
ses premiers enfants, et il aima comme un père.<br />
"Le premier souvenir que nous ayons conservé de M. LePrevost nous reporte vers 1838;<br />
il était au milieu d’un petit peuple d’apprentis, les premiers qui aient formé une œuvre à Paris,<br />
place de l’Estrapade. Dans quel abandon était l’enfance ouvrière alors!" 37<br />
M. LePrevost allait les visiter régulièrement et les fit travailler à la réimpression de la<br />
Vie de Saint Vincent de Paul, <strong>par</strong> Abelly, qui sera publiée en 1839 à 6000 exemplaires. Mais<br />
en 1841, la Société de Saint-Vincent-de-Paul se voit obligée de confier l’œuvre aux Frères des<br />
Ecoles Chrétiennes. Elle ne put s’occuper que <strong>du</strong> patronage dit externe: placement des enfants,<br />
habillement et réunion <strong>du</strong> dimanche pour une instruction religieuse et morale.<br />
Trois années de provisoire pour les Frères des Ecoles, comme pour le Confrère LePrevost<br />
vont précipiter les événements: les premiers cessent leur collaboration, à cause des difficultés<br />
que leur occasionnait le port de l'habit religieux; le second, sollicité à nouveau <strong>par</strong> la<br />
Société, y voyant un signe de la Providence, accepte de reprendre le flambeau. Or, rue <strong>du</strong> Regard,<br />
près de l’église Saint-Sulpice, un ancien hôtel <strong>du</strong> XVIII e est à louer sans délai: il ne saurait<br />
rêver meilleure terre promise, à portée de rues, pour son œuvre des apprentis.<br />
Car il peut compter dès maintenant sur son "patriarche", Clément Myionnet, qui, tel<br />
Abraham, est prêt à quitter son pays et sa famille d’Anjou pour trouver à Paris "une patrie<br />
nouvelle et des frères", pour y "devenir l’auteur d’une postérité nombreuse". (L. <strong>du</strong><br />
10.01.1845). C’est ainsi que le 1 er mars 1845, Jean-Léon LePrevost trace, sur le journal de<br />
l’Œuvre des apprentis, quelques lignes, sobres comme un procès-verbal: l’acte de naissance<br />
de sa famille religieuse.<br />
"J(ésus), M(arie), J(oseph) sancte Vicenti a Paulo, 1 er mars 1845".<br />
"Les frères Myionnet et Gardès prennent possession d’une maison de la rue <strong>du</strong> Regard,<br />
n°16, louée <strong>par</strong> la Société de Saint-Vincent-de-Paul pour la réunion des apprentis qu’elle patronne.<br />
Les deux frères donneront leurs soins à ces enfants et assisteront aussi à l’œuvre de la<br />
Sainte-Famille fondée <strong>par</strong> la Conférence Saint-Sulpice".<br />
Le lendemain, dimanche 2 mars, ce fut la première journée de "patronage", que M.<br />
Myionnet résumera en une phrase restée célèbre dans l’Institut: "La journée se passa péniblement;<br />
mais enfin elle se passa. Quelle journée! Quel désordre! Quels gamins que ces petits<br />
Parisiens!"<br />
M. <strong>Maignen</strong>, lui aussi, ne tardera pas à affronter ces diables de titis <strong>par</strong>isiens, avec autant<br />
de répugnance...<br />
En attendant, il est présent le lundi 3 mars, à 7 heures <strong>du</strong> matin, à la chapelle des Lazaristes,<br />
aux côtés <strong>du</strong> fondateur et de M. Myionnet, "pierre de fondation". Mgr Angebault célè-<br />
37 Vincent-de-Paul Bailly, Pieux souvenir, 1874. Cet éloge oublie l'œuvre de Saint-Nicolas, école professionnelle pour jeunes<br />
apprentis, lancée à Paris, dès 1827, <strong>par</strong> l'abbé de Bervanger, aidé <strong>du</strong> comte de Noailles.<br />
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