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Maurice Maignen - Apôtre du monde ouvrier - par Richard Corbon s.v.

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Quant à la seconde, M. <strong>Maignen</strong> entendait rester fidèle à l’avertissement qu’il avait toujours<br />

donné aux <strong>ouvrier</strong>s: "Ne venez pas à Paris!", et à l’importance qu’il attachait à la famille<br />

protectrice "naturelle" des apprentis et <strong>ouvrier</strong>s. Accepter de publier ces demandes et ces offres<br />

de places des <strong>ouvrier</strong>s et des patrons chrétiens aurait eu pour effet immédiat de "faciliter<br />

l’émigration des <strong>ouvrier</strong>s des campagnes sur les grands centres, et de favoriser la tentation si<br />

funeste aux jeunes gens de fuir les surveillances gênantes de la famille, sous prétexte de voyager".<br />

Mais il doit bientôt faire marche arrière: dans le numéro <strong>du</strong> 28 septembre, ap<strong>par</strong>aît la<br />

rubrique "offres de places", provenant d’œuvres de province, avec le chapeau explicatif suivant:"un<br />

certain nombre de directeurs, très graves et très expérimentés, nous ont priés avec<br />

insistance de donner place dans nos colonnes aux offres de travail faites <strong>par</strong> des patrons chrétiens.<br />

Il n’y a pas seulement utilité mais nécessité urgente de mettre les bons patrons et les<br />

bons <strong>ouvrier</strong>s à même de se connaître. C’est le Moniteur qui doit remplir cette mission..."<br />

Toute la charge reposait sur ses épaules de directeur-gérant et de journaliste, et malgré<br />

tous ses efforts, la diffusion restait toujours médiocre, 2500 abonnés étant insuffisants à faire<br />

vivre le journal. Et les critiques continuaient. On trouvait le journal "trop <strong>par</strong>isien" au détriment<br />

des œuvres de province, et on pensait avoir remarqué qu’il s’adressait davantage aux<br />

<strong>ouvrier</strong>s qu’aux apprentis. M.<strong>Maignen</strong> tenait bon, mais souffrait de cette incompréhension et<br />

<strong>du</strong> manque de solidarité.<br />

Le 15 décembre 1873, dans la même lettre citée plus haut où il disait apprécier ses qualités<br />

littéraires, M. LePrevost s’efforçait d’apaiser ses craintes: "Il ne me semble pas qu’il y<br />

ait aucun reproche à faire au Moniteur de l’Ouvrier; il est convenablement composé et aussi<br />

bien rédigé. Vous avez raison de vouloir lui donner son utilité et sa couleur propres, raison<br />

aussi de tenir au genre qui est à vous et aux moyens que Dieu a mis en vous; c’est <strong>par</strong> là que<br />

vous vaudrez et pro<strong>du</strong>irez le bien; abondez en ce sens franchement et résolument, bien sûr<br />

que vous serez dans le vrai, dans la seule voie qu’il vous convient de prendre. Je ne sais pas si<br />

vous avez à vous plaindre de n’avoir pas assez de lecteurs, de ne pas trouver assez de sympathie;<br />

s’il en était ainsi, il faudrait pour votre travail comme pour tant d’autres écrits de valeur<br />

réelle, s’en prendre à la multitude de plus en plus exubérante des publications dont on est<br />

inondé, envahi de toutes <strong>par</strong>ts..." Ailleurs, il s'en prenait au dévergondage de la pensée, de la<br />

<strong>par</strong>ole et de la presse, comme autant d'obstacles à la diffusion <strong>du</strong> journal.<br />

Cependant, M. LePrevost n’entendait pas laisser en friche le talent de M.<strong>Maignen</strong>. Il alla<br />

jusqu’à lui conseiller de former une société d’écrivains catholiques, apôtres <strong>par</strong> la plume,<br />

décidés à répandre cette philosophie de l’<strong>ouvrier</strong> qui, au terme de sa vie de fondateur, ap<strong>par</strong>aît<br />

comme l’une des dernières missions qu’il confie à tous ses fils, et pas seulement à l’un d’entre<br />

eux: "Je voudrais que vous saisissiez l’<strong>ouvrier</strong> comme votre tâche, votre étude, votre œuvre<br />

unique; sa vie, sa carrière, ses devoirs, ses peines, ses joies...comme une grande épopée dont<br />

vous vous em<strong>par</strong>iez pour la relever, l’éclairer, la vivifier, l’ennoblir...l’œuvre, dans son ensemble,<br />

devrait être: la philosophie de l’<strong>ouvrier</strong>. Elle tendrait à populariser, à répandre dans<br />

les esprits, <strong>par</strong>mi les classes ouvrières, à l’aide de fictions attachantes et bien touchées, les<br />

grandes vues des Lacordaire, des Mermillod, Félix, Matignon, etc.Pourquoi ne tenteriez-vous<br />

pas d’associer à cette pensée quelques écrivains de bon esprit et de talent, comme on le fait<br />

pour toute publication qui demande suite et forces réunies? Si vous vous présentiez avec un<br />

plan, un programme bien conçu, vous trouveriez, je crois, réponse à votre appel..." Mais les<br />

esprits n’étaient pas disposés et il aurait fallu s'entourer de tout un staff, trouver <strong>du</strong> temps pour<br />

en être l'animateur etc.<br />

"La grande œuvre de sa vie".<br />

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